Poèmes(1895)–Emile Verhaeren– Auteursrecht onbekendLes bords de la route. Les Flamandes. Les moines Vorige Volgende [pagina 84] [p. 84] Vers Rayures d'eau, longues feuilles couleur de brique, Par mes plaines d'éternité comme il en tombe! Et de la pluie et de la pluie - et la réplique D'un gros vent boursouflé qui gonfle et qui se bombe Et qui tombe, rayé de pluie en de la pluie. - Il fait novembre en mon âme - Feuilles couleur de ma douleur, comme il en tombe! Par mes plaines d'éternité, la pluie Goutte à goutte, depuis quel temps, s'ennuie, [pagina 85] [p. 85] - Il fait novembre en mon âme - Et c'est le vent du Nord qui clame Comme une bête dans mon âme. Feuilles couleur de lie et de douleur, Par mes plaines et mes plaines comme il en tombe; Feuilles couleur de mes douleurs et de mes pleurs, Comme il en tombe sur mon coeur! Avec des loques de nuages, Sur son pauvre oeil d'aveugle S'est enfoncé, dans l'ouragan qui meugle, Le vieux soleil aveugle. - Il fait novembre en mon âme - Quelques osiers en des mares de limon veule Et des cormorans d'encre en du brouillard, Et puis leur cri qui s'entête, leur morne cri Monotone, vers l'infini! - Il fait novembre en mon âme - [pagina 86] [p. 86] Une barque pourrit dans l'eau, Et l'eau, elle est d'acier, comme un couteau, Et des saules vidés flottent, à la dérive, Lamentables, comme des trous sans dents en des gencives. - Il fait novembre en mon âme - Il fait novembre et le vent brame Et c'est la pluie, à l'infini, Et des nuages en voyages Par les tournants au loin de mes parages - Il fait novembre en mon âme - Et c'est ma bête à moi qui clame, Immortelle, dans mon âme! (1891) Vorige Volgende