Padoue le 26 Nov- 73
Monsieur,
Votre aimable lettre ainsi que l'article intéressant de votre ami m'ont causé une bien agréable surprise; comme vous vous serez aperçu, nos lettres se sont croisées, ce qui doit me faire paraître plus excusable dans vos yeux. Nous avons lu avec beaucoup d'interêt la biographie d'Haacke van Mijnden, celà est écrit avec tant de coeur et d'enthousiasme - on sent que chaque page est inspirée par l'affection et par les grands mérites de l'homme éminant qui en est le sujet. Faut il l'attribuer à la litérature italienne qui y joue un si grand rôle, mais je trouve que le style a une chaleur et une verve tout italiennes. Cela fait plaisir de savoir que notre pays, notre littérature, notre grand poëte ont été si admirablement appréciés et interpretés par un de vos grands écrivains.
Et vous même donc?; une note dans cet opuscule m'apprend que vous êtes l'auteur d'un poème intitulé ‘Firenze’; (excusez si mes connaissances restreintes de la littérature hollandaise me laissaient dans l'ignorance à cet égard) que je comprends le sujet auquel vous vous êtes inspiré! j'aime Florence par dessus toutes les villes italiennes, je préfère son doux charme même aux beautés plus éclatantes de Naples; son histoire, son art, la grâce suave et intime de son paysage, tout est fait pour inspirer la veine poëtique.
Votre demande au sujet de l'anniversaire de Petrarque nous fait presque espérer que vous avez l'intention de vous y rendre; cette fête aura lieu le 18 juillet. Plusieurs de nos amis, hommes de lettres distingués, se préparent à honorer la mémoire de Petraque par des discours et mieux encore par l'interpretation comparée et approfondie de ses sonnetti. On visitera naturellement sa tombe qui est tout près d'ici, à Arquà où il a passé les dernières années de sa vie. N'apporterez-vous pas votre tribut à cette guirlande d'immortelles offertes à la mémoire du tendre poète? Mon goût profane m'oblige à dire, que tout en rendant hommage profond à ses grands merites littéraires, j'éprouve le regret qu'il ne se soit pas inspiré à un thême un peu plus varié. C'est ce que je me garderais bien de dire l'été prochain lorsque toutes le lyres seront accordées à l'unisson de louange et de l'apothéose.
Enfin, cher Monsieur, si vous vous décidez à venir vous nous ferez un bien grand plaisir en acceptant notre humble hospitalité et en vous considérant ici comme chez vous, tout à fait sans compliment et sans