[3 november 1871
Brief van Tine aan Stéphanie]
*3 november 1871
Brief van Tine aan Stéphanie. (Pée: Tine, blz. 91-93)
Padoue, le 3 Novembre 71.
Ma Stéphanie chère!
Ne me crois ni ingrate ni froide de coeur. Je pense à toi aussi affectueusement que possible, mais écrire n'est plus mon fort. Je me sens trop abattue. Mon coeur saigne. Je souffre trop cruellement et je n'ai plus d'illusions, hélas! Voilà pourquoi que je suis comme morte. Le passé me torture et l'avenir me fait peur. Quand je regarde ma Nonni, qui devient de plus en plus gentille, mon coeur se serre, car alors je me souviens qu'il y avait un temps que j'étais jeune comme elle, et le monde me paraissait si beau. J'avais comme elle des dispositions pour être heureuse, et pourtant j'ai beaucoup souffert. Et à présent je suis très malheureuse et qui sait? - Mais c'est assez. Je ne veux pas t'attrister. Vois-tu, je ne puis plus écrire, ne m'en veux pas.
Chère amie, non, jamais je n'oublierai. ‘A friend in need is a friend indeed.’ Tu as été toujours pour moi une amie fidèle. Comme tu as été gentille de dire à Carlo de me fournir des choses nécessaires pour la cuisine. Merci, chère, merci, ma Loutjou de Bruxelles! Oh, je sais très bien que je n'ai pas le droit de me plaindre. Mais, vois-tu, moimême je suis changée; je suis comme une malade, qui a conscience de ce qu'elle a été et qui se sent à présent paralysée. Tout me fait mal. Le pauvre Edou, qui travaille si assiduement, mène la vie d'un vieillard, mais pas d'un jeune homme. J'aimerais tant de pouvoir donner du bonheur et je suis incapable de faire la moindre chose. Aujourd'hui Nonni est allée à l'école pour la première fois depuis les vacances; plus que jamais elle est disposée à bien étudier.
Je suis engagée à l'école de Mad. Prosper 2 fois par semaine pour l'anglais. Voilà une chose sûre. J'ai encore des promesses pour d'autres, mais je ne compte pas là dessus. Pour le moment c'est misère, car je n'ai que Benatti pour toute leçon. Edou ne reçoit que 105 fr., puisqu'il