ligne droite!’ aurait-il dit. Moi ici. Vénise la bas... allons-y! Et de vaincre ou de mourir! Même en succombant il aurait servi la cause de l'Italie. Le sang d'un héros comme lui est fécond! La jeune Italie se serait senti aiguillonnée, et le cri: ‘un tombeau pour lui à Vénise, à Rome pour lui un mausolée’ aurait été le ‘Dieu le veut!’ d'une terrible croisade!
Et maintenant? Hélas! Le grand homme bronchera à chaque instant sur le chemin inaccoutumé qu'on lui a ouvert. Les misérables entraves d'une très scientifique, très académique (et très ridicule) stratégie le feront trébucher, et à l'heure qu'il est, Dieu sait combien de caporaux se seront apperçu déja que le tant vanté héros ne connait pas le premier mot de l'école de peloton (l'a b c des soldats de parade.) La simplicité du génie ne se fera jamais aux rigides exigences d'une science pleine d'artifices, inventée pour remplacer le génie. Victor Emanuel, obéissant à une fatale pression extérieure, je le sais bien, s'est vu obligé de mettre la tonnerre en bouteilles et d'en verser petit à petit une goutte à l'ennemi... tandis que Garibaldi libre aurait écrasé les adversaires soit en triomfant directement, soit en sacrifiant sa vie pour vivifier l'audace des siens.
Pallavicini sous ses ordres? Je n'en crois rien. Je crois plûtot que Pallavicini qui a fait ses tristes preuves de loyauté à Aspromonte lui a été donné comme étouffoir... voire même comme espion. Ne se pourrait-il pas que le héros se sentit pris d'un de ces coups de tête qui prennent des royaumes? Et ne faut-il pas que ces choses soient faites selon les règies de l'art? Ne faut-il pas qu'il y ait un peu de Lamarmora, et un peu du prince... un tel, ou un peu du ministre un tel, dans les affaires d'éclat? Quelle honte pour les budgets de la guerre passés, présents et à venir, si un héros fit les choses mieux que les généraux qui depuis tant d'années ont été payés pour les faire.
Rien n'y fait que les héros ne reculent pas, et que les généraux reculent (voir le Hanovre, le Saxe, la Hesse et toutes les campagnes. Partout il y a 20 ou 50 généraux qui reculent ou qui se rendent contre un qui se fait tuer.) Cela n'y fait rien, pourvu que les dignités officielles se portent bien! Périsse plûtot la grande cause de l'Italie, que de voir encore les grandeurs incomprises de l'état major devancées par eet intru! On lui fera payer cher la prise de Naples, et sa gloire et son génie, et sa simplicité, et son ignorance... Je maintiens qu'on le sacrifie. J'espère que bientôt une balie autrichienne compatissante