pas toujours chose facile, surtout pour moi. Je suis d'un caractère trop doux, j'aime trop le calme, ce qui est en moi souvent une faute. Mais si je réussis à faire mon devoir, oh! alors la satisfaction est grande. A la Haye, il y avait une familie qui se désolait à cause du dévouement que leur fille portait à Dekker; on me croyait malheureuse et délaissée. Je me suis montrée, j'ai parlé et plaidé la cause, on m'a accueillie d'une manière touchante et toute la familie m'a témoigné les plus grandes amitiés. On est fini de me chérir, de comprendre le noble caractère de Dekker, et que la haute enthousiasme de leur fille était bien placée. Voilà que j'ai réussi de donner un peu de bonheur, et moi j'en ai été récompensée, que Dekker fut très content de moi. Donner le bonheur, c'est recevoir soi même plus qu'on donne. Je ne comprend pas les personnes méchantes. Il faut les plaindre.
J'ai beaucoup de soucis. Je crains que Dekker ne saurait travailler ici. Il n'est pas inspiré. Je m'inquiète un peu sur sa santé; il tousse beaucoup. S'il avait les moyens il aimerait de se fixer en France, à Paris; je crois qu'il réussirait d'être auteur là bas. Ce serait toujours pour commencer, car il a des plans plus grandioses que d'être auteur. Mais l'argent avant tout.
Il y a longtemps que je n'ai pas visité ton père, mais je ne suis pas libre quand mon mari est à la maison. Il aime que je suis auprès de lui, surtout le soir, et je dois le ménager. Il a tant de soucis et de contrariétés, que moi je dois tout faire pour ne pas l'irriter.
Négligé pas ta santé, car si je te savais malade, oh, j'en souffrirais trop. Ne me gronde pas, mon enfant, si tu me crois trop exagérée en t'aimant trop. Non, laisse moi, laisse moi te dire tout ce que mon coeur sent à ton égard, et pense un peu que c'est un bonheur pour moi de bien comprendre l'amour, d'aimer quelqu'un autre que mon mari. Car à présent je comprends aussi les écarts de mon mari, je sais qu'il m'adore et qu'il sait aimer une autre. Et moi qui aime mon mari avec enthousiasme et adoration, j'ai une enfant que j'aime à la folie, qui est toujours présent dans mon esprit, qui me donne le courage de faire mon devoir. Oui, le véritable devoir de l'amour est d'inspirer de l'ardeur, du zèle, du courage; animé par un mobile si puissant on se surpasse soi-même, et voilà pourquoi je te suis si reconnaissante. C'est toi qui m'animes et m'inspires.
Dis moi, mon enfant, si tu me comprends, je veux dire si je m'exprime assez clairement en français. Je sais que je fais mille fautes; je