Prose et vers
(1838)–Johannes Kneppelhout–
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Sur la côte orageuse, au milieu des frimats,
Quand rugit la tempête,
Le phare, espoir de ceux dont se perdent les mats,
Dresse sa rouge crête.
La flamme au front, mélancolique et sérieux,
Il s'élève, autre étoile
Pour d'autres pélerins, rois-mages curieux,
Dont s'égare la voile.
L'ouragan est debout. Il fouette à triples coups
La vague échevelée;
L'écueil trahit; le gouffre attire, en son courroux
La carène ébranlée.
Accroupis sur le pont, pilote et matelots,
Dans l'horrible fanfare
Que hurlent dans la nuit les vents avec les flots,
Tous, les yeux sur le phare,
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- Car pour celui qui pense à tout moment sous lui
Voir s'ouvrir les abîmes,
C'est la patrie et c'est la vie alors qu'a lui
Un phare sur les cimes! -
Prient avec ferveur et le bras étendu
Vers le fanal qui veille....
Bientôt le vent s'endort. L'équipage abattu
Entre au port qui s'éveille.
Mais le granit altier qui tient tête aux frimats,
Qu'on le prie et l'implore;
Mais que le nautonnier dont il sauve les mâts
Le salue et l'adore;
Qu'à l'aube on montre au loin d'un doigt reconnaissant
Le colosse de pierre,
Et que la mer léche les pieds en s'abaissant
Du géant tutélaire;
Qu'importe à ce front embrasé! Voisin des flots,
Il brûle et brûle encore,
Puisque c'est son destin, son besoin. Matelots,
Vos chants il les ignore!
Il se croit délaissé. Tirant le fils des mers
Du bras des noirs abîmes
Il brûle, et jetterait aux océans déserts
Ses lucurs si sublimes.
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Il se croit délaissé. - ‘Tous m'ont abandonné.’ -
Il se plaint. - O notre hôte,
Pour nous trop près des cieux s'élève ton front né
Sur l'orageuse côte.
O mon phare, o Poète!.. O nobles amitiés!..
Daigne incliner ta tête.
Du plus humble de tous à tes augustes pieds
La nacelle s'arrête.
Et si tu ne devais, comme un feu de Vesta,
Nourrir les feux de ton génie, o mon Poète,
Tu sentirais monter à ton superbe faîte
Ma chanson imparfaite
Et les vers imparfaits que ma Muse chanta.
Aoùt 1837.
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