Oeuvres complètes. Tome XXII. Supplément à la correspondance. Varia. Biographie. Catalogue de vente
(1950)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendChr. Huygens à A. Bruce.Cette lettre est la réponse à celle de Bruce du 12 janvier 1663 (T. IV. Nr. 1090). A la Haye. 19 Janv. 1663.
Monsieur,
J'estois en peine de ce que vous estiez devenu puisque mesme chez monsieur de Somersdyc l'on navoit pas receu de vos nouvelles, mais, a la fin, celle que vous m'avez fait l'honneur de m'escrire m'a rejoui en m'aprenant que vous estiez heureusement arrivè a Londres. Je vous rends grace de la relation qu'il vous a plu me faire touchant ce qui est arrivè aux horologes, qui montre assez que nostre invention n'est pas faite pour des petites barcques commes les pacquetboots, mais pour les grands vaisseaux, tels que sont ceux qui font des longs voyages. Et parce que je scay que le mouvement de ceuxcy est beaucoup plus lent et moins rude que celuy des autres, je ne me mets pas en peine du mauvais succes que vous avez eu, ny ne perds rien pour cela de la bonne opinion que j'ay de celuy de nostre affaire. J'avoue que le desordre ou vous vous estes trouvè a este grand, vous mesme estant malade, l'une des horologes tombee par terre, et l'autre sans mouvement, mais hormis ce dernier poinct le reste a estè casuel, et celuy la mesme ne doibt pas nous estonner, veu l'agitation extraordinaire dans laquelle vous dites avoir estè. Quand mon horologe sera faicte je ne manqueray pas de vous donner advis de ce qu'elle scait faire, mais je n'auray pas beaucoup de temps pour l'essaier, parce que je seray pressè de m'en aller à Paris. Je croy qu'il sera bon pourtant, devant que partir, de presenter Requeste a Messrs. les Estats, laquelle, si vous le trouvez bon, je dresseray au nom de nous deux. Je suis bien aise de ce que ma replique contre M. Hobbes n'a pas depleu a l'Illustre Assemblée, et le seray encore plus fi elle peut guerir ce pauvre homme de sa maladie. Au reste, monsieur, vous n'avez pas suject de regretter ma compagnie, puisque vous | |
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jouissez de celle de tant de personnes plus dignes. Mais moy je puis avec raison desirer celle du moindre d'eux, qui, comme vous scavez, n'ay personne icy a qui parler quand vous n'y estes pas. En attendant que j'aye l'honneur de vous y revoir je vous prie de me continuer celuy de vos bonnes graces et de croire que je suis
Monsieur
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Chr. Hugens de Zulichem.
A Monsieur
Monsieur le Chevalier Moray A Londres. logè dans Whithall du costè du jardin. Pour faire tenir a Monsieur Bruce.
Nous croyons avoir suffisamment résumé l'activité de Huygens durant les 22 mois de son séjour ininterrompu à la Haye ou du moins en HollandeGa naar voetnoot105). Il partit en mars 1663 pour rejoindre son père à Paris, remplaçant Lodewijk qui venait de rentrer à la Haye. Pendant ce temps il eût voulu travailler encore davantage: il se plaint - pour employer une expression un peu forte - d'avoir ‘trop d'amis et de parents pour pouvoir menager le temps comme je desireroisGa naar voetnoot106)’.
Le 15 février 1663 le père Constantyn se montra déjà convaincu de la réussite de la détermination de la longitude par les pendules: il écrivit
Christiano filio definiendoe longitudinis inventum gratulor pater.
Ergo quod errarunt tot saecula, corrigit ista
Machina, quae aeternum spondet tibi Pendula nomen?
Macte, meus sanguis, tanti te laude coronas,
Quanti erit hoc, digito monstrari et dicier, Heic es.
On remarquera que la dernière ligne est presqu'identique avec celle du petit poème de 1635 que nous avons publié à la p. 450 qui précède. L'auteur associe ainsi le nom de son fils à celui de Galilée. |
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