XXX.
Christiaan Huygens à son frère Constantijn.
1650.
Lettre acquise par la Bibliothèque de l'Université de Leiden en 1913.
L'ensemble des Pièces 75 du T. I (p. 121) et du T. II (p. 571) constitue la réponse de Constantijn.
Mon frere,
C'est une chose fafcheuse quand on est si loing l'un de l'autre qu'il faut tant de temps pour avoir responce a nos lettres: Il y avoit plus d'un mois que je vous avois escrit depuis mon retour de Danemarc, quand mon Pere me monstra vostre lettre, par la quelle vous tesmoigniez de desirer les nouvelles et particularitez, que j'avois desia escrittes si longtemps auparavant. J'espere que vous serez content de scavoir de mon voyage ce que je vous en ay mandè, car il m'ennuie de copier tant de fois mon journal, que je n'eus jamais escrit au large comme j'ay fait, a moins que d'en estre pressè par Mon Pere. J'ayme mieux vous entretenir de ce qui se passe icy, et maintenant j'en ay belle matiere. Ma cousine Marie Bodaen a la fin s'est fiancée avecq un quidam nommè van Sonne et a eu hier sa premiere annonceGa naar voetnoot1). Il est fol en premier lieu, et avecq cela de fort petite extraction, ayant deux freres a Rotterdam dont l'un est ministre et l'autre orfevre, de plus il n'a ny charge ny biens: je ne scay quels cousins nous aurons encore a la fin. Mon Pere l'en a tencée une fois et bien fort encore, il y a presque deux mois, mais il estoit desia trop tard, ce joly serviteur estoit logè chez elle et commandoit absolument dans la maison comme ont veu ceux qui se donnoient la peinne de l'aller voir quelquefois; il n'y a point de doute qu'ils n'ayent couchè ensemble il y a longtemps. Mon frere TootGa naar voetnoot2) part apresdemain avecq Milord CreveGa naar voetnoot3) pour aller faire un tour en Allemagne; ils seront quelque temps a Cassel et a Heidelberg, et ne reviendront que vers le printemps. Il y a 7 ou 8 jours qu'il y eust un bal