Oeuvres complètes. Tome XIX. Mécanique théorique et physique 1666-1695
(1937)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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L'électricité. | |
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Avertissement.En 1692 Huygens fit, soit à Hofwijck, soit à la Haye, la série d'expériences qui constitue notre Pièce II. Il ne s'y servit plus de la boule de soufre de Guericke mais de l'ambre (ἤλεϰτρον) frottée - le globe doit être poli (§ 9) - dont la vertu attractive, déjà connue aux anciens, avait amené Gilbert à parler généralement dans son ‘Tractatus’ de 1600 de ‘corpora electrica’Ga naar voetnoot1). La force étant toujours faible, Huygens se vit amené en 1692 à choisir les objets les plus légers: outre des flocons de coton ou de lin, il prend de menus organismes empruntés directement au monde végétal. Il avait d'ailleurs fait des expériences sur ‘les effets de l'Ambre’ déjà en 1690Ga naar voetnoot2) et croit pouvoir parler en cette année de ‘quelques nouveaux phenomenes que j'ay trouuez’; mais les expériences de 1690 nous sont inconnues. Malgré les exhortations de LeibnizGa naar voetnoot3) il n'a rien publié non plus sur celles de 1692. C'est à propos de ces effets - et de ceux des aimants - que Huygens avait écrit | |
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en 1687 à von TschirnhausGa naar voetnoot1) que la théorie des phénomènes est difficile et qu'on ne peut vaincre les difficultés autrement ‘quam ab experimentis incipiendo, deinde hypotheses quasdam comminiscendo ad quae experimenta expendantur’, d'après les préceptes de Baco Verulamius. Mais d'où tirer ces hypothèses? DescartesGa naar voetnoot2) hésite. Il dit qu'il faudrait d'abord ‘examinare .. istam vim .. variis experimentis’ et qu'il n'est pas ‘mei .. instituti, particularia ulla explicare, nisi quatenus requiruntur ad generaliora’. Toutefois il enseigne que dans les pores ou interstices de certains corps il peut se former des ‘fasciolae’ de ‘materia primi elementi’ lesquelles ‘figuras acquirunt determinatas’ et sont ‘foras excussae’ par le frottement; ne pouvant facilement entrer dans les ‘meatus’ des corps voisins, ces filaments se retirent de nouveau vers le corps frotté de sorte que ‘minutiora corpora, quorum meatibus sunt implicitae, secum adducant’. Huygens croit mieux faire en adoptant, ici aussi, la théorie des tourbillons (§ 17). Il est donc guidé par le principe de l'analogie ou du parallélisme. L'attraction étant commune aux aimants et aux ‘electrica’, le plus simple c'est de tenter une même explication des deux effets. Les tourbillons n'ont-ils pas la propriété d'attirer les objets vers leurs centres? Et quant à la répulsion observée, ne peut-on pas admettre, ici aussi, que deux tourbillons se repoussent (§ 19)? Déjà au § 5 il est question de la ‘pressio vorticis electrici’ dont dans l'expérience de ce § on peut s'imaginer voir un effet marquant. Huygens n'émet pas d'opinion sur la question de savoir si les matières qui constituent les tourbillons magnétiques et électriques sont également subtiles. Cette théorie de Huygens n'a d'ailleurs pu avoir, nous semble-t-il, aucune influence sur le développement de la doctrine de l'électricité. de Volder et Fullenius n'ont pas songé à publier ses expériences. Le sujet leur semblait peut-être assez futile. Il est vrai qu'ils n'ont aussi rien publié des Pièces sur le magnétisme.
Au § 6 Huygens fait des expériences avec une plume ou autre objet attaché à un très mince fil vertical qui se trouve au-dessous de lui. Il sait que l'approche d'une flamme fait cesser les phénomènes (§ 1, 9 et 17). C'est un exemple de la ‘connexio’ entre diverses branches de la science physique dont il est question dans la Pièce I sur le magnétismeGa naar voetnoot3). |
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