Oeuvres complètes. Tome XV. Observations astronomiques
(1925)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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Altesse,Il y a peu de temps le livre de Christiaan Huygens sur le système de Saturne, qui Vous a été dédiéGa naar voetnoot2) est tombé entre mes mains: j'y ai trouvé tant sur moi-même que sur le sujet traité quelques affirmations peu conformes à la vérité. Je ne voudrais pas que les personnes lettrées qui ne disposent pas d'un télescope assez grand fussent induites en erreur: sans cela elles ne sont déjà que trop enclines à prêter des oreilles ou des yeux crédules à ces nouveautés dans le domaine des choses célestes qui jusqu'à présent étaient inconnues au monde. Par surcroît l'auteur du traité affirme avoir appliqué une diligence telle que personne sans doute n'en désirerait davantage de lui; ce qui est vraiment de grand poids pour captiver la crédulité des hommes et introduire furtivement l'erreur dans leurs âmes. J'ai donc cru devoir réfuter dans ce bref écrit public d'une part ce dont il me charge à tort et de l'autre ce qui pourrait facilement donner à tous les autres l'occasion de tomber dans l'erreur; je suis bref pour que rien de superflu n'ennuie les lecteurs; je parle en public pour que les erreurs privées de Huygens ne deviennent pas des erreurs publiques, ou, si elles le sont déjà devenues, pour qu'elles soient exposées publiquement afin que la république des lettres n'en souffre aucun détriment. Mais comme Huygens Vous a dédié sa publication, j'ai voulu moi aussi publier cette brève discussion sous les mêmes auspices; je le fais avec plus de droit étant de tant de façons lié à Votre Altesse et à toute la famille plus que royale des Médicis. Dans cet écrit j'accomplirai donc trois choses; d'abord je réfuterai l'accusation de fraude qui m'est faite; j'indiquerai ensuite quelques erreurs de l'Auteur, en me servant toutefois d'un style modéré tel qu'il aurait convenu à un homme ChrétienGa naar voetnoot3) et ingénu, pour ne pas dire ‘EUGENIUS’Ga naar voetnoot3) [ce qui signifie bien né]; enfin, comme l'Auteur écrit à la première pageGa naar voetnoot4) que la raison ou cause de l'apparence de Saturne n'a été comprise ni par Galilée ni par aucun autre astronome, mais qu'elle peut s'expliquer en attribuant au globe de Saturne une couronne formée d'un anneau resplendissant, j'exposerai brièvement (afin que l'on ne pense pas que la couronne soit enlevée à Jupiter, que les astres des Médicis couronnent légitimement, pour être restituée à Saturne depuis longtemps | |
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Serenissime PrincepsNon ita pridem Christiani Hugenii liber de Saturnio systemate Celsitudini tuae Serenissimae inscriptusGa naar voetnoot2) in meas manus incidit, in quo, & de me unum quidpiam, & de reipsa nonnulla esse comperi, quae cum veritate minùs consentiant. Nollem literatos homines, quibus telescopii majoris copia non est, in errorem induci; cum jam alioquin satis proclives sint ad excipiendam credulis auribus, vel oculis eam rerum coelestium novitatem, quae hactenus incompertae orbi fuerunt: Accedit, quod libelli auctor eam diligentiam à se adhibitam esse attestatur, qua certè quispiam majorem in illo non desideret; quod revera non parvi ponderis est, ad captandam hominum credulitatem, erroremque in eorum animos insinuandum. Itaque meum esse duxi, tum ea, quae mihi afficta sunt, tum ea, quae coeteris omnibus errandi occasionem facilè praebere possent, brevi hoc & publico scripto refellere; brevi quidem, ne plus aequo legentibus molestum sit; publico verò, ne privati Hugenii errores publici fiant; aut si jam publici facti sunt, ne quid inde respublica literaria detrimenti capiat, ut publicè à me configantur. Quia vero Hugenius tuis auspiciis libellum suum vulgavit, iisdem ego potiori jure brevem hanc discussionem in publicam lucem prodire volui, qui tot nominibus Celsitudini tuae Serenissimae, totique plusquam regiae Mediceorum familiae obstrictus sum. | Ga naar margenoot+ Tria igitur in hac scriptione praestabo; primò enim affictam mihi fraudem amoliar; aliquot deinde Auctoris errores indicabo, ea tamen styli moderatione, quae & ChristianumGa naar voetnoot3), & ingenuum, ne dicam, EUGENIUMGa naar voetnoot3), hominem deceat: cum demum Auctor scripserit pag. 1.Ga naar voetnoot4) phaenomeni Saturni rationem & causam nec Galileo, nec Astronomorum cuiquam compertam fuisse, eamque dumtaxat explicari posse, inserta Saturnio globo splendentis annuli corona, ne Jovi, quem astra | |
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détrônéGa naar voetnoot1)) certains principes du système de FabriGa naar voetnoot2) par lequel les phénomènes considérés de Saturne s'expliquent avec une facilité qui à mon avis ne peut guère être surpassée, et cela dans l'hypothèse d'une terre immobile que les astronomes catholiques ont pour devoir d'adopter et de défendre contre les AristarquesGa naar voetnoot3) hétérodoxes. J'ajoute que je soumets volontiers tout ce que j'écrirai à Votre très juste censure, à Votre jugement éclairé; et de bon droit, à ce que j'estime, attendu que tous les gens de lettres Vous révèrent comme un Mécène et ceux qui cultivent ler arts ou les sciences comme leur patron par excellence. Mais j'aborde le sujet de mon traité. Huygens donc, en premier lieu, avant de parler du système de Saturne, donne une description de son télescope; comme, dit-il lui-même, il n'existait pas de lunettes de longueur supérieure à cinq ou six piedsGa naar voetnoot4), il appliqua sérieusement et avec beaucoup de zèle son esprit et sa main à en fabriquer de plus longues; mais il aurait pu et dû remarquer que dans mon observation de Saturne qu'il cite lui-mêmeGa naar voetnoot5), j'avais fait mention de télescopes de différentes longueurs dont je m'étais servi pour les dites observations, savoir de télescopes de 15, 24 et 36 palmesGa naar voetnoot6). J'en ai construit beaucoup de ce genre. L'illustre chevalier DigbyGa naar voetnoot7), homme éminent tant par sa haute naissance que par son esprit pénétrant, versé dans toutes les sciences, en a pris six avec lui en quittant Rome; Thomas PaggiGa naar voetnoot8), un noble Anglais, en a emporté un; un autre a été envoyé à Turin; Fabrizio GuastaferriGa naar voetnoot9) de Rome, une de mes meilleures connaissances et mon ami intime, fort porté à l'étude des meilleures choses, en a un; j'en ai envoyé un à Bologne à l'illustre Comte Carlo Antonio ManziniGa naar voetnoot10), homme très versé dans ces matières, docteur éminent, dont nous attendons un de ces jours le traité sur la DioptriqueGa naar voetnoot11) dans lequel nous lirons sans doute ce que beaucoup de personnes ont trouvé faire défaut jusqu'à présent; j'en ai encore construit un pour l'illustre seigneur CaramuelGa naar voetnoot12), évêque de Campania; j'en omets d'autres; de fait c'est mon occupation unique depuis bien des années. Ensuite il décritGa naar voetnoot13) un télescope fabriqué par lui-même, long de 23 pieds de Rhynlande, ce qui, réduit aux palmes romains dont se servent les architectes, fait 31 palmes et 4 oncesGa naar voetnoot14). L'ouverture du verre objectif (on l'appelle couramment ainsi) a un diamètre de 2 pouces et un tiers, ou de 3 ‘onces’ et un ‘scrupule’Ga naar voetnoot15) du palme romain. Le verre oculaire composé de deux lentilles réunies, équivaut à une lentille unique; il rassemble les rayons parallèles et les projette sur un foyer distant de 3 pouces du pied nommé, c'est-à-dire de 4 onces et 2 scrupules du palme romain. Huygens déduit ensuite de cette circonstance que son verre objectif est excellent, | |
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Medicea jure coronant, detrahi corona & jam olim exauctorato Saturno restitui videaturGa naar voetnoot1), FabrianiGa naar voetnoot2) systematis rudimentum quoddam breviter exponam, in quo, adducta Saturni phenomena ea facilitate explicantur, qua, nescio, an major excogitari possit; in ea scilicet terrae quiescentis hypothesi; quam catholici Astronomi amplecti dumtaxat & contra Heterodoxos AristarchosGa naar voetnoot3) tueri debent. Caeterùm illa omnia, quae à me scribentur, aequissimae tuae censurae, ac recto judicio subjecta esse velim; nec abs re, opinor, cùm te literati omnes, ut Mecoenatem; & politiorum operum artifices, ut singularem patronum colant; sed ad rem venio. Primo igitur loco Hugenius, antequam systema Saturnium aggrediatur, praemittit sui telescopii descriptionem; cum enim, ut ipse ait, alia perspicilla non essentGa naar voetnoot4), nisi quinque aut sex pedes longa, seriò & maximo studio ad longiora fabricanda animum & manum applicuit; sed advertere potuit ac debuit, in illa observatione mea Saturni, quam ipse refertGa naar voetnoot5), mentionem à me factam fuisse telescopiorum variae longitudinis, quae ad praedictas observationes adhibueram, scilicit 15. 24. & 36. palmorumGa naar voetnoot6); multa autem hujusmodi fabricavi; Illustrissimus Eques DighbyGa naar voetnoot7), vir ut nobili genere, ita ingenio perspicacissimo & omni doctrinaeGa naar margenoot+ genere conspicuus sex cum Roma discessit, secum | detulit; unum Thomas PaggiGa naar voetnoot8) nobilis, Anglus; Taurinum alterum missum est; Fabritius GuastaferrusGa naar voetnoot9) Romanus, vir consuetudine & amicitia mihi conjunctissimus, rerumqùe optimarum studiosissimus, unum habuit; Bononiam unum misi ad Illustrissimum Comitem Carolum Antonium ManzinumGa naar voetnoot10), virum sanè rerum istarum peritissimum, doctorem eximium, cujus Dioptricam in dies expectamusGa naar voetnoot11), in qua haud dubiè ea legemus, quae multi hactenus desiderarunt: Unum etiam fabricavi Illustrissimo D. CaramuelGa naar voetnoot12) Campaniae Episcopo; omitto alia; nihil enim aliud jam à multis annis ago. Tum describitGa naar voetnoot13) telescopium à se fabricatum, longum pedes Rhenolandicos 23. qui si reducantur ad palmos Romanos, quos adhibent architecti, faciunt palmos 31. unciasGa naar voetnoot14) 4. Vitri objectivi (sic vulgò vocant) orbis apertus diametrum habet pollicum 2. cum triente: seu palmi Romani unc. 3. scrupul.Ga naar voetnoot15) 1. Vitrum oculare | |
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vu qu'il supporte une lentille si forte (comme on dit), et veut qu'on se serve pour les observations exactes de Saturne de lunettes et de verres de ce genre. Huygens eût facilement pu omettre cela, et il n'était pas besoin de ces règles, puisque depuis longtemps des télescopes avaient été fabriqués qui ne le cèdent à ceux de Huygens ni par rapport à la longueur, ni par rapport à la forme des verres ou à la perfection de la construction: je me suis servi jadis d'une lunette longue de 36 palmes et surpassant par conséquent celle de Huygens de 4 palmes et 8 onces. Le diamètre de l'ouverture était de 4 onces et 2 scrupules, mais en ne tenant pas compte des 2 scrupules à cause de la différence en longueur de 4 palmes et 8 onces, le diamètre de la circonférence de mon verre reste supérieur d'une once au diamètre de celle du verre de Huygens; par conséquent sous ce rapport aussi mon télescope est préférable à celui de Huygens, d'après la règle couramment admise par tout le monde; en effet, mon télescope supporte, si je puis me servir de cette expression, un verre objectif de plus grande ouverture. En outre il a inutilement combiné deux verres pour remplacer une lentille oculaire biconvexe, puisqu'une lentille unique suffit. Je me suis servi moi dans les observations dont il s'agit d'une lentille réunissant les rayons parallèles et les projetant en un foyer distant de 3 onces et 2 scrupules. Or, cette distance est moindre d'une once de la distance de projection de Huygens. Ma lentille est donc plus forte quoique la longueur de la lunette soit plus grande, et puisque c'est par ces qualités qu'on juge les télescopes, comme il l'observe fort bien lui-même, j'en déduis certainement à bon droit que mon télescope est meilleur et cela pour trois raisons: d'abord, puisqu'il est plus long; en second lieu, puisqu'il possède un verre objectif supportant une plus grande ouverture; en troisième lieu, puisqu'il souffre une plus forte lentille. À la page 37Ga naar voetnoot1) de son traité Huygens écrit de moi en ces termes. C'est aussi sous cette dernière forme qu'Eustachio Divini les (il s'agit des anses de Saturne) a dessinées en 1646, 1647 et 1648; nous avons reproduit ici sous le numéro dix la figure publiée par lui. Vu qu'il est considéré comme un très excellent fabricateur de télescopes, il est croyable que c'est lui qui nous a montré la forme de Saturne la plus rigoureusement vraie, à cela près qu'il y a ajouté de son cru, me semble-t-il, les ombres qui apparaissent dans la figure. Il me sied sans doute de lui rendre grâce des louanges dont il accable un homme inconnu de lui et qui ne s'y attendait guère; mais qu'est ce qu' avoir ajouté de son cru, si ce n'est avoir trompé le public? En effet, si c'est de mon cru, c'est une fiction; je n'ai donc pas représenté Saturne tel que je l'ai observé, ayant ajouté de mon cru ces ombres que je n'ai point vues en Saturne et que je n'ai pu voir puisqu'elles ne s'y trouvent pas; c'est donc une fable, une fiction; dans une affaire aussi importante une telle fiction doit même être considérée comme une fraude évidente attendu que le public est par là facilement induit en erreur. Mais si j'ai ajouté des ombres de mon cru, Huygens est coupable du même crime, lui qui pour donner plus de relief à son anneau imposé à Saturne, a ajouté ça et làdes ombres bien plus considérablesGa naar voetnoot2). En vérité, ni l'un ni l'autre de | |
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ex duobus invicem unitis constans, lenti aequivalet, & radios, parallelos colligit, ac projicit in focum, distantem pollic. 3. praedicti pedis, id est, uncias 4. scrup. 2. palmi Romani: inde porrò deducit Hugenius, vitrum suum objectivum exquisitum esse, cum sit patiens lentis adeò acutae, ut vocant, & ad veras Saturni observationes, ejusmodi tubos, & vitra adhiberi vult. Haec facilè omittere Hugenius potuisset; nec enim his regulis opus erat, cum longè ante fabricata fuerint telescopia, quae tum longitudine, tum vitrorum figura, tum operis perfectione Hugenianis minimè cedunt; adhibui aliquando tubum 36. palmos longum, ac proinde longiorem Hugeniano palmis 4. unc. 8. orbis autem aperti diameter fuit unc. 4. scrup. 2. sed sublatis 2. illis scrup. propter longitudinisGa naar margenoot+ differentiam 4. scilicet palm. unc. 8. restat diameter orbis mei | vitri, major diametro orbis vitri Hugeniani unc. 1. ac proinde vel hoc nomine, meum telescopium Hugeniano praeferendum, ex vulgari & ab omnibus accepta regula; cum scilicet majoris aperturae, ut sic loquar, vitrum objectivum patiens sit. Praeterea frustra omnino duo vitra in vitrum oculare utrinque convexum conjunxit; cùm unica lens sufficiat: Ego lentem in praedictis observationibus adhibui, radios parallelos colligentem, & projicientem in focum distantem unc. 3. scrup. 2. sed haec distantia minor est distantia projectionis Hugenianae unc. 1. igitur lens mea acutior: licet tubi mei longitudo major sit; & cum ex hoc telescopia censeantur, ut optimè ipse observat; inde certè pari jure deduco, meum telescopium praestantius esse, idque triplici nomine. Primò, quia longius est. Secundò, quia vitrum objectivum habet majoris aperturae patiens. Tertiò quia lentem acutiorem sustinet. Hugenius pagina libelli 37.Ga naar voetnoot1) de me ita scribit. Tales autem (Saturni scilicet ansas) Eustachius de Divinis notavit annis 1646. 1647. 1648. à quo editum Schema ad numerum 10. hic exhibuimus; isque cum praestantissimus perspicillorum artifex habeatur, credibile est, omnium emendatissimè Saturni faciem descripsisse, nisi quod umbras illas, quae in schemate apparent, de suo, ut opinor, adjecit. Est sanè, quod multas illi gratias habeam, pro iis laudibus, quas mihi ignoto homini ac minimè cogitanti aspersit; sed quid hoc est, de meo adjecisse, nisi hominibus imposuisse? Si enim de meo est, fictum est, nec reipsa talem Saturnum exhibui, qualem observavi; quia de meo umbras illas adjeci, quas in Saturno non vidi, nec videre potui, cùm revera in Saturno non sint; fabula igitur est, fictio est;Ga naar margenoot+ immo in re tanta pro luculenta fraude haberi debet, cum inde homines in | errorem facilè inducantur. At si umbras de meo adjeci, Hugenius ejusdem criminis reus est, qui passim, ut suum annulum Saturno injectum meliùs exprimeret, longe majores umbras adjecitGa naar voetnoot2): sed profectò neuter adjecit de suo; ut enim globus, cor- | |
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nous n'a rien ajouté de son cru; pour représenter une sphère, c'est-à-dire un corps solide, dans un plan, il faut y mettre un peu d'ombre afin que ce corps appa raisse solide et se montre en relief, si non on n'aura rien qu'une circonférence de cercle; quel débutant même dans l'art de dessiner l'ignore? Ignore, veux-je dire, qu'il faut se servir d'ombres pour représenter des corps solides? Je n'ai donc point ajouté d'ombre de mon cru, mais j'ai dessiné une sphère dans un plan, laquelle ne pouvait être dessinée sans le secours d'ombre. L'ombre en effet fait que le reste de la figure semble, pour ainsi dire, sortir du plan et gagner du relief; c'est en cela précisément que la stéréométrie diffère de l'ichnographie. Ou a-t-il peut-être voulu dire que la cavité de l'appendice de Saturne a été faussement indiquée par moi par une ombre plus noire qu'il ne fallait, tandis que cette cavité devait apparaître en même teinte que le reste du cielGa naar voetnoot1)? Que je le dise sans l'offenser: toutes les fois que nous avons vu des cavités dans les anses, nous les avons vues plus foncées, plus noires que le reste du ciel; et que personne n'attribue ceci à un défaut du télescope. Sans doute, si ces anses sont vraiment trouées et que les rayons visuels qui les traversent se terminent au ciel lui-même, les cavités auront la même teinte que le ciel quel que soit le télescope avec lequel on les observe. Par conséquent, comme je l'ai déjà dit, je rends grâce à Huygens des éloges qu'il me prodigue si poliment en m'appelant un éminent artisan, éloges qui en vérité ne me sont point dus attendu que je ne me considère pas comme un homme éminent, mais puisque, plus il m'élève, plus aussi il me rabaisse en méconnaissant la fidélité du télescope construit par moi disant que celui-ci ne montre pas les satellites de Saturne sous cette forme et sous cet aspect sous lesquels il fallait les faire voir, je passe à un autre chapître dans lequel je montrerai clairement que Huygens s'est trompé sous quelques rapports; un autre pourrait se demander si ces erreurs sont dues aux lunettes fabriquées par lui ou bien à des fictions de l'auteur; quant à moi je ne veux nullement mettre en question la sincérité d'un homme si savant; je suis donc d'avis que sans aucun doute il faut imputer à un défaut du télescope toutes les erreurs qu'il a admises; quant aux règles suivant lesquelles d'après les p. 3 et 4Ga naar voetnoot2) il a construit ses lentilles, qu'il suffise de les avoir indiquées plus hautGa naar voetnoot3). Or, il est établi que l'auteur s'est servi de deux télescopesGa naar voetnoot2) dans les observations mentionnées; le premier était de 12 pieds, ou d'un peu plus de 16 palmes romains, et pourvu de deux lentilles convexes; le second de 23 pieds; c'est celui dont nous avons parlé plus haut. En ceci, je crois devoir m'en tenir à son compte rendu. Quant à moi je me suis servi, comme je l'ai dit, d'un télescope plus long, savoir de 36 palmes; je ne doute donc pas que celui-ci ne me représente Saturne aussi bien, d'autant plus que j'ai l'habitude de travailler les verres, de les tourner, de les former, de les polir avec beaucoup de soin et de diligence. Si le télescope de Huygens m'était accessible, je pourrais aisément faire la comparaison; rien n'empêche d'ailleurs que cette comparaison ne soit faite par Huygens lui-même; en effet, comme les lunettes fabriquées par moi ont été importées et pour ainsi dire | |
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pus scilicet solidum, in plano describatur, aliquid umbrae accersendum est, quo figura solida exprimatur & appareat, alioquin merus circulus evadet: Quis vel tyro in arte graphica hoc nescit? Umbras scilicet accersendas esse ad figuras solidas designandas. Umbram igitur de meo non adjeci, sed globum in plano descripsi, qui tamen sine umbrae beneficio describi non potuit; Umbra enim facit, ut reliquum figurae quasi extare, ac prominere videatur; in quo uno stereometria ab ichnographia discrepat: aut fortè dicere voluit, cavitatem ansulae Saturniae nigriore, quàm par sit, umbra, à me fuisse foedatam: cum tamen ejusdem cum reliquo caelo coloris esse videatur; sed pace illius dixerim; quotquot ansarum cavitates vidimus, nigriores reliquo caelo, & magis atras aspeximusGa naar voetnoot1), neque hoc telescopii vitio quisquam tribuat; nempe si revera ansae illae vacuae sunt, & ad ipsum caelum radii visorii per illas trajecti terminantur, ejusdem cum caelo coloris erunt, quocumque tandem telescopio aspiciantur. Itaque, quod mihi Hugenius pro sua humanitate, praestantissimi artificis elogium attribuit, ut me praestantissimum esse non admitto, ita pro iis laudibus, quae in me non quadrant, gratias, ut jam dixi, habeo; quia tamen unde altiùs extollit, inde profundiùs deprimit, dum fabricati à me telescopii fidelem usum desiderat, utpote quod Saturnios satellites ea forma, eoquè vultu non exhibeat, quo reverà exhibendi essent, ad alterum caput venio, in quo luculenter ostendam, Hugenium in nonnullis hallucinatum esse, quod anGa naar margenoot+ perspicillis ab eo fabrefactis tribuendum | sit, an verò auctoris fictioni, alius fortè dubitaret; ego sanè doctissimi hominis candori nihil detractum velim, quare haud dubiè telescopii vitio, quidquid erroris admisit, tribuendum esse judico: leges porro, quas vitris suis pag. 3. & 4. praescripsitGa naar voetnoot2), sufficiat supra indicasseGa naar voetnoot3). Constat verò auctorem duobus telescopiis usum fuisseGa naar voetnoot2), in traditis observationibus; primum fuit 12. pedum, vel palmorum 16. more Romano paulò plus, duobus convexis instructum; alterum 23. pedum, de quo supra; In hoc, ejus dictis standum esse puto: Ego tamen, ut dixi, longius telescopium adhibui, scilicet triginta sex palmorum; quare non dubitarim, quin Saturnum mihi aequè perspicuè exhibeat; praesertim cum vitra satis accuratè, & diligenter elaborari, tornari, formari, laevigari à me soleant: si Hugeniani telescopii mihi copia fieret, facilis comparatio institui posset, quam certè ab ipso Hugenio institui posse, nihil vetat; cum enim per totam Europam perspicilla à me fabrefacta, distracta jam & quasi | |
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disséminées par toute l'Europe, elles ont aisément pu venir entre ses mains. Je vais raconter une histoire qui m'est passée il y a quelques jours. Une ou deux années auparavant le R.P. Anton Maria de ReithaGa naar voetnoot1) en venant à Bologne louait hautement le télescope de 24 palmes qu'il avait avec lui: il affirmait qu'il n'existait en Italie aucune lunette de cette longueur qui ne fût inférieure à la sienne. Étant informé de ceci par l'illustre comte Carlo Antonio Manzini, un homme, je le répèteGa naar voetnoot2), fort au courant de ces choses et plein d'intérêt pour elles, je lui envoyai, comme il l'avait demandé lui-même, un télescope de la même longueur: on constata que les deux télescopes étaient de forces égales et de la même qualité. J'avais déjà presqu'oublié cette affaire lorsque tout-à-coup l'illustre sieur de MonconysGa naar voetnoot3), un noble de Lyon, homme universellement connu tant pour son intelligence que pour sa haute naissance, me rendit inopinément visite le lendemain du jour des cendres. Après les compliments d'usage, lorsqu'au cours de l'entretien le discours était tombé sur les lunettes: ‘Je n'ai plus’, dit-il, ‘votre télescope, si bien construit, de 24 palmes que vous m'aviez envoyé il y a quelques années à Lyon quoique je vous fusse inconnu: le bon P. Reitha me l'a extorqué par ses prières’. ‘J'ai donc’, dis-je, ‘lutté contre moi-même et opposé les fils du même père l'un à l'autre comme des ennemis’. Nous éclations de rire l'un et l'autre. Il n'y a là cependant aucune cause de faire des reproches au père Reitha qui en homme honnête avouait franchement que ledit télescope n'avait pas été construit par lui mais par un autre. J'ai écrit ceci pour que de cette façon aussi il apparût que l'un ou l'autre de mes télescopes pourrait fort bien tomber entre les mains de Huygens ce qui lui permettrait de faire la comparaison. Aussi longtemps qu'elle n'a pas été faite, je resterai bien persuadé qu'il n'y a aucune raison de croire que les miens soient inférieurs à ceux de Huygens et qu'ils ne puissent donc, la longueur étant supposée égale, faire voir les satellites de Saturne aussi distinctement et aussi exactement que les siens. Ceci étant dit préliminairement, je passe à un autre point: Huygens affirme à plusieurs reprises, pag. 25Ga naar voetnoot4) et 36Ga naar voetnoot5), que les satellites de Saturne ne lui apparaissent jamais séparés de la planète et sous la forme sphérique, comme les montre la première figure publiée par luiGa naar voetnoot6) et reproduite par moi. Cela est faux, je puis l'affirmer catégoriquement: en 1657 (mes observations ayant commencé le 30 juin et ayant été répétées sept ou huit fois, jusqu'au 20 juillet) j'ai vu avec mon télescope de 36 palmes construit avec tous les soins possibles les satellites en question sous une forme sphérique parfaite et absolument séparés du globe de Saturne, tels que les représente la première figure de HuygensGa naar voetnoot6) et tels que Galilée les avait déjà vus auparavantGa naar voetnoot7). J'ai observé la même chose l'année suivante en me servant d'un télescope de 24 palmes. Des personnes dont le témoi- | |
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disseminata fuerint, in ejus manus facilè venire potuerunt: rem narro, quae mihi ante aliquot dies, accidit; Jam unus, vel alter annus elapsus est, ex quo R.P. Antonius Maria de ReithaGa naar voetnoot1) Bononiam veniens, telescopium, quod secum habebat, 24. palmorum, mirificè praedicabat, asserebatque, nullum ejusdem longitudinis in Italia esse, quod suo non cederet; hujus rei certior factus ab Illustrissimo Comite Car. Ant. Manzino viro, ut dicam iterumGa naar voetnoot2) rerum istarum peritissimo, & curiosissimo ad eum misi, ut ipse petierat, telescopium ejusdem longitudinis, utrumque aequalium virium, & ejusdem bonitatis repertum est; haec jam penè mihi exciderant, cùm ecce Illustrissimus Dominus de MonconisGa naar voetnoot3), nobilis Lugdunensis, vir, tum ingenio,Ga naar margenoot+ tum genere plerisque notus, incogitanti mihi, postridie cinerum adfuit; post solita urbanitatis officia, cùm | inter colloquendum, de perspicillis mentio facta esset, non habeo amplius, inquit, tuum illud telescopium 24. palmorum, illudque sanè optimum, quod ante aliquot annos Lugdunum ad me ignotum licèt hominem miseras; illud enim bonus P. Reitha suis precibus à me extorsit; mecum igitur, inquam, pugnavi, ejusdemque parentis liberos quasi hostes inter se commisi; in risum prorupimus ambo; non tamen est, quod aliquis hoc vitio vertat Patri Reithae, qui pro suo candore ultro fatebatur, praefatum telescopium non à se, sed ab alio elaboratum fuisse: Scripsi haec, ut vel inde constet, fieri potuisse, ut aliquod ex meis telescopiis in manus Hugenii veniret, ad comparationem instituendam; dum id fiat, facilè mihi persuadebo, nihil esse, cur mea Hugenianis primas deferant; ac proinde supposita eadem longitudine, aequè clare, & fideliter Saturnios satellites exhiberi à meis, ac ab Hugenianis. His praemissis; constanter asserit Hugenius, pag. 25Ga naar voetnoot4). & 36Ga naar voetnoot5). Saturni satellites nunquam ab eo sejunctos figura sphaerica videri, quales prima figura ab eo excusaGa naar voetnoot6), & à me recusa exhibet; quod tamen falsum esse, omni asseveratione affirmo, cùm anno 1657. coeptis observationibus die 30 Junii, & septies, vel octies, ad vigesimum usque Julii repetitis, adhibito ad hunc finem telescopio triginta sex palmorum, accuratissimè fabrefacto, praedictos satellites figura sphaerica tornatos à Saturni globo omnino sejunctos observarim, quales prima figura Hugenii illos repraesentatGa naar voetnoot6)), & quales jam antè Galilaeus videratGa naar voetnoot7), idem observavi anno proximè sequenti, telescopio 24. palmorum usus; adfuerunt testes omni exceptione majores; | |
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gnage est irrécusable furent présentes: je nomme en premier lieu l'illustre sieur Alfonso BorelliGa naar voetnoot1), le célèbre mathématicien et géomètre du grand-duc d'Étrurie, universellement connu par la renommée de sa calligraphieGa naar voetnoot2). Et que personne ne s'imagine que j'affirme ceci par esprit de contradiction: au temps où je vis ces satellites sphériques séparés du globe de Saturne par un intervalle, petit sans doute, mais qui cependant était bien perceptible pour des yeux armés d'un télescope, je n'aurais aucunement pu croire que quelqu'un viendrait à nier qu'ils puissent jamais être vus séparés. Je dis donc moi que je les ai vus séparés; Huygens nie la possibilité de les voir séparésGa naar voetnoot3); je produis des témoins absolument irrécusables qui les ont vus avec moi; lequel, je Vous en prie, mérite confiance? Je prétends qu'on peut les voir séparés, puisqu'en effet je les ai vus tels moi-même en compagnie de témoins absolument irrécusables; Huygens en nie la possibilité pour la raison qu'il ne les a jamais vus séparés lui-même; mais d'autres les ont vus tels; il nie néanmoins qu'on puisse les voir séparés; des témoins sont présents et jurent qu'il en est ainsi; il les récuse, les déclare indignes de foi et n'a nulle confiance dans les télescopes d'autrui. Mais bien à tort, à mon avis; en effet, avec un télescope plus court leur séparation ne pourrait être discernée quoiqu'elle existât en réalité; par conséquent, comme je les ai vus séparés avec mon télescope, j'en déduis logiquement que ce dernier est plus parfait et préférable à l'autre; en effet, la longueur égale (et même supérieure) ne faisait pas défaut; ni l'habileté de celui qui s'en servait ni encore la diligence du constructeur. Le télescope de Huygens quoiqu'assez long avait donc le défaut des télescopes plus courts, attendu qu'avec lui il n'a pu voir distinctement la séparation des satellites, défaut qui, je l'ai déjà dit, est inhérent aux télescopes plus courts. Car ce qu'il dit à la page 35Ga naar voetnoot3), savoir qu'avec un télescope plus court de 8 palmes environ on peut les voir séparés, mais qu'avec un télescope plus long de 16 palmes on les voit réunis, est faux: comme je l'ai dit, on les verrait bien plutôt séparés avec un télescope plus long et réunis avec un télescope plus court; mais comme il les a vus séparés avec son télescope plus petit, et au contraire avec son télescope plus grand étendus sous forme de bras surgissant de part et d'autre, il s'agit manifestement d'un défaut du plus grand télescope, par lequel les rayons visuels sont moins nettement dirigés, de sorte que, comme nous disons couramment, les contours deviennent vagues. Il convient donc que le télescope de Huygens soit reconnu inférieur au mien, à l'aide duquel j'ai vu distinctement ce qu'il ne pouvait voir distinctement à l'aide du sien. Mais la cause de l'obstination que met Huygens à nier la possibilité de voir les satellites séparés ne m'échappe pas; il a inventé lui-même l'hypothèse d'un anneau entourant le globe de Saturne, à l'aide de laquelle il tâche d'expliquer les phases observées chez cette planète, et c'est pour étayer cette opinion ou plutôt cette invention qu'il est dans l'obligation de nier ce qui, étant une fois admis, ferait irrémédiablement crouler cette hypothèse fantastique; en effet, si un anneau entoure | |
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prae caeteris, vir clarissimus Alphonsus BorrelliGa naar voetnoot1), Magni Etruriae Ducis insignisGa naar margenoot+ Mathematicus, & Geometra, typorum gloria orbi satis | notusGa naar voetnoot2): neque haec contradicendi studio à me adstrui, quisquam sibi persuadeat; quo enim tempore, hos satellites sphaericos à Saturni globo, modico quidem, sed quod sensu, adhibita telescopii opera, percipi poterat, intervallo disjunctos vidi, numquam mihi persuadere potuissem, aliquem fore, qui sejunctos unquam videri posse negaret; Dico igitur, disjunctos à me visos fuisse; negat Hugenius disjunctos videri posseGa naar voetnoot3); produco testes omni exceptione majores, qui una mecum viderunt; Utri quaeso habenda fides? Sejunctos videri posse contendo, cùm reipsa sejunctos viderim, adductis testibus omni exceptione majoribus; negat Hugenius, videri posse; quia scilicet nunquam ipse vidit; sed alii viderunt; negat tamen videri posse; adsunt & jurant testes; illos ejurat, & fidem alienis telescopiis detrahit; perperàm quidem, meo judicio; nempe breviore telescopio discerni non poterant, licèt reverà disjuncti essent: igitur cùm eos sejunctos viderim meo telescopio, ideo necessaria consecutionis vi deduco, hoc perfectius, & melius esse; nec enim longitudo aequalis, immò, nec major defuit; nec accurata operantis manus vel artificis diligentia desiderata est. Telescopium igitur Hugenii, longiùs licet, breviorum vitio laboravit, cum illius opera, sejunctos distinctè videre non potuerit, quo vitio, ut dixi, breviora perspicilla laborant; falsum enim est, quod habet pag. 35Ga naar voetnoot3). breviore telescopio 8. circiter palmorum sejunctos, longiore verò 16. palmorum conjunctos videri, nempe, ut dixi, potiore jure, sejuncti, majore telescopio, conjuncti verò, minore viderentur; cùm verò suo minore sejunctos viderit, majore verò ad instar brachiorum, hinc inde adnatorum extantes, perspicuum majoris telescopii vitium est, cujus operâ radii minùs accuratè projiciuntur, & ut vulgòGa naar margenoot+ dicimus, inepta | fit terminatio. Telescopium igitur Hugenianum meo primas deferat, oportet; quo scilicet ea distinctè vidi, quae ille suo distinctè videre non potuit. At non me latet causa qua fiat, ut Hugenius obstinatè neget, sejunctos videri posse; commentus est ipse hypothesim annuli Saturni globum cingentis, cujus operâ, illas phases explicare conatur, quae in hoc planeta observatae fuere: ut autem suae opinioni, vel suo commento consulat, illud profectò ipsi negandum fuit, quo semel admisso commentitia illa hypothesis penitùs corruebat; si enim annulus Saturnum ambit, nunquam sejuncti satellites videri queunt: pari modo fingit, praefatasGa naar voetnoot4)) ansarum vacuitates ejusdem cum reliquo caelo coloris | |
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Saturne, les satellites ne peuvent jamais êtres vus séparés. Pareillement, pour faire tenir son hypothèse debout, il adopte la fiction que les cavités des anses, dont nous avons parléGa naar voetnoot1), ont la même teinte que le cielGa naar voetnoot2); en effet, si l'on suppose l'existence de cet anneau, l'on ne voit dans ces ouvertures rien d'autre que le ciel. Mais en réalité, comme je l'ai déjà dit plus hautGa naar voetnoot1), elles apparaissent plus foncées, ce qui fait crouler l'hypothèse de Huygens. C'est donc pour maintenir indemne son opinion qu'il a cru devoir écarter tout ce dont la présence ferait ressortir manifestement la fausseté de sa manière de voir et il s'est persuadé lui-même d'avoir raison; mais il ne réussira nullement à nous persuader nous aussi qui avons péremptoirement fait voir par une démonstration ad oculos qu'il en est autrement. Autre hypothèse: Huygens l'a inventée ou s'en est persuadé à la légère mais elle est néanmoins de la même farine: il dit qu'on voit une certaine bande noirâtre sur le globe de Saturne, laquelle coupe le disque central diamétralement lorsque le globe de Saturne apparaît seul sans ses appendices, mais se montre tantôt au-dessus tantôt en dessous de la ligne des bras lorsque les satellites sont présentsGa naar voetnoot3). Ceci toutefois est aussi une pure fiction de l'auteur faite pour étayer son anneau; en effet, comme on lui faisait cette objection que, si l'on admet une fois cet anneau, Saturne ne peut jamais être vu sans anses ni bras (ce qui cependant est contraire à toutes les observations); car lorsque le plan de l'anneau passe par les yeux, l'anneau devrait apparaître sous forme d'une bande droite égale au diamètre de l'anneau et par conséquent plus grande que le diamètre de Saturne; par suite deux appendices pareils à des bras devraient être attachés de part et d'autre au globe de Saturne; comme l'hypothèse de l'anneau comportait donc cette difficulté, ce noeud insoluble, son auteur a adopté la fiction que la surface extérieure de l'anneau est incapable de réfléchir la lumière et que cette bande noirâtre dont nous avons parlé tire de là son origine, tandis que les appendices nommés se dérobent à notre vue à cause du peu de lumière réfléchi. C'est ce qu'il dit aux pages 11, 17, 61Ga naar voetnoot4). Il y joint une nouvelle cause à la p. 70Ga naar voetnoot5): il la trouve dans l'obliquité des rayons incidents, d'où il résulte que la partie de l'anneau tournée vers nous et illuminée obliquement n'est pas visible; il ajoute encore autre chose, savoir que la surface de l'anneau tournée vers nous n'est nullement éclairée par le Soleil et qu'il n'est donc pas surprenant que nous ne la voyions pointGa naar voetnoot6). Je n'ai rien dit de ce qu'il raconte à la pag. 30Ga naar voetnoot7) sur les habitants de Saturne. Tous ces propos se dissipent aisément; en effet je n'ai jamais pu voir cette bande noirâtre quoique je me sois servi d'un excellent télescope; personne hors lui ne l'a jamais observée; et je crois bien pourtant que mes télescopes ne sont pas inférieurs à ceux de Huygens; cette bande doit donc être réputée fictive ou tout au moins due à un défaut des verres; quant à son allégation que le bord extérieur de l'anneau est incapable de réfléchir la lumière, la fausseté en apparaît déjà par cette considération que du disque de Saturne toutes les parties paraissent également éclairées; aucune partie tournée vers nous n'est donc impropre à réfléchir | |
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esseGa naar voetnoot2), ut suae hypothesi consulat; supposito enim illo annulo in iis vacuitatibus, nihil nisi caelum videtur, at reverà, ut jam suprà dixiGa naar voetnoot1), nigriores illae apparent, ex quo Hugeniana hypothesis corruit. Ut igitur suam illam opinionem indemnem servaret, ea removenda esse putavit, quae si adessent, illius opinionis falsitas manifesta evaderet: & haec sibi persuasit, nobis tamen minimè persuasurus, qui rem secus esse, oculari demonstratione prorsus evicimus. Alterum est quod Hugenius vel finxit, vel leviter sibi persuasit, quod tamen ejusdem furfuris est; dicit enim, fasciam quandam nigricantem in Saturni globo videri, quae quidem ex aequo medium discum secat, quando solus Saturni globus suo satellitio destitutus apparet; ubi verò satellites adsunt, modò suprà, modô infrà brachiorum lineam fascia videturGa naar voetnoot3); sed hoc etiam merum figmentum est ab auctore excogitatum, ut annulo suo consuleret; nam cum ipsi opponeretur, admisso semel hoc annulo nunquam Saturnum videri posse, vel ansulis, vel brachiisGa naar margenoot+ destitutum, quod tamen omnibus observationibus repugnat; nempe | ubi planum annuli directè in oculos incidit, annulus appareret ad instar zonae rectae, aequalis diametro annuli, ac proinde majoris diametro Saturni; igitur ad instar brachiorum duae appendices hinc inde Saturnio globo adhaererent: cum igitur hac difficultate, & hoc nodo insolubili annularis illa hypothesis laboraret; finxit illius auctor, extimam annuli superficiem ineptam esse ad luminis repercussionem, ac proinde fasciam illam nigricantem inde ortum ducere, & ob penuriam luminis repercussi, extantes illas appendices sub aspectum nostrum non cadere: Haec habet pag. 11. 17.61Ga naar voetnoot4). Aliam causam subnectit p. 70.Ga naar voetnoot5) ab obliquitate radiorum illapsorum petitam, qua fiat ut pars annuli ad nos obversa obliquè dumtaxat illuminata non videatur; immò hoc alterum addit, superficiem annuli ad nos obversam minimè à Sole illuminariGa naar voetnoot6); ac proinde mirum non esse, quod minimè videri possit; omiseram, quae habet pag. 30.Ga naar voetnoot7) de Saturnicolis. Cuncta haec facilè difflantur; nunquam enim fasciam illam nigricantem, quamvis exquisito telescopio usus videre potui; nemo unquam praeter illum observavit; nec tamen telescopia nostra Hugenianis deteriora esse crediderim; fictitia igitur censenda est illa fascia, aut certè vitrorum vitio tribuenda: quod autem dicit, extimam illam annuli superficiem ad lumen reflectendum ineptam esse, vel ex eo falsum esse constat, quòd in Saturni disco partes omnes aequali lumine perfusae videantur: Nulla igitur pars ad nos obversa ad luminis reflexionem inepta est. | |
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la lumière. D'ailleurs si nous accordons qu'il en est ainsi et que cette bande un peu plus obscure se voit sur le disque de Saturne, rien cependant n'empêcherait les bras d'être perceptibles en même teinte; c'est-à-dire: les segments extrêmes de la zone apparente, en laquelle se projette l'anneau observé dans cette position, seraient vus proéminents et étendus de part et d'autre du globe de Saturne, quoique dans la même teinte plus foncée. C'est à tort qu'il a recours à l'obliquité des rayons incidents; sinon, la même raison tiendrait pour les autres planètes; en effet, il est impossible que la majeure partie d'une surface convexe ne soit pas éclairée obliquement par les rayons du soleil. Enfin, quant à ce qu'il ajoute que la surface de l'anneau tournée vers nous n'est quelquefois pas illuminée par le soleilGa naar voetnoot1), cela se réfute absolument d'après les règles optiques, savoir en partant de la distance notoirement très grande de Saturne et aussi du diamètre beaucoup plus grand du SoleilGa naar voetnoot2), d'où il résulte que la surface de Saturne tournée vers nous est toujours éclairée; par suite le disque entier de Saturne est toujours visible. Inutile de rien dire sur les habitants de SaturneGa naar voetnoot3), cette invention est mieux réfutée par le rire que par des arguments; de plus il est ici en opposition aux dogmes catholiques qui ne reconnaissent que les hommes issus d'Adam. Il y a mêlé encore quelques allégations erronées, par exemple à la page 7Ga naar voetnoot4) où il dit que les bandes de Jupiter sont plus lumineuses que le reste du disque, tandis qu'il est certain qu'on les voit plus obscures. De même à propos du globe de Mars sur lequel il dit qu'une bande assez large et un peu obscure s'étendGa naar voetnoot4); rien de tel n'a jamais été observé; enfin nous n'avons jamais vu Saturne sous cette forme qu'il lui attribue aux pages 10, 11 et 18Ga naar voetnoot5). Quant à la région du ciel auprès d'Orion, nous l'avons vue plus lumineuse avec ces étoiles resplendissantes qu'il a dessinées lui-mêmeGa naar voetnoot6). Il a de plus statué beaucoup de choses sur les phases de Saturne, d'après des observations faites en peu d'années, que je ne puis considérer comme certaines avant qu'elles n'aient été confirmées par les observations des années suivantes: il a commencé ses observations le 25 mars de l'an 1655 et les a continuées jusqu'au 19 février de l'an 1656Ga naar voetnoot7), en se servant toutefois du plus petit télescope de 12 pieds; lesquelles observations doivent par conséquent être estimées moins bonnes comme il l'avoue d'ailleurs lui-mêmeGa naar voetnoot8). Il faut donc s'en tenir aux observations qu'il a faites ensuite, et qu'il a répétées souvent, en employant une lunette plus longue, de 23 pieds environ, jusqu'au 26 mars 1659Ga naar voetnoot9). S'il en avait consigné quelques unes du 30 juin au 20 juillet de l'année 1657, je pourrais voir si elles sont d'accord avec les miennes; mais pendant tout cet espace de temps je ne trouve pas qu'il en ait fait une seule; ces rares observations suffiront-elles donc pour en tirer des conclusions certaines? d'autant plus que durant tout cet intervalle de temps où elles ont été faites, Saturne s'est transporté à peine de 38 degrés, s'étant transféré du 20ième degré de la Vierge au 28ième de la Balance; la description de cet arc si court suffira-t-elle, dis-je, pour établir une hypothèse certaine et indubitable? Il a annoncé que les anses seront | |
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Praetereà demus ita esse, & fasciam illam paulò obscuriorem in Saturni disco videri; nihil tamen obstaret, quin brachia eodem lumine perspicua essent; id est extrema segmenta apparentis zonae, in quam annulus hoc situ aspectus projicitur,Ga naar margenoot+ extantia, & excurrentia hinc inde extra Saturnium glo|bum, viderentur, eodem licèt nigricante colore diluta. Ad obliquitatem illapsorum radiorum perperàm confugit; alioquin in caeteris planetis eadem ratio militaret; nempe fieri non potest, quin major pars superficiei convexae, obliquum radiorum solarium illapsum excipiat. Id demum, quod subnectit, superficiem annuli ad nos obversam à sole aliquando non illuminariGa naar voetnoot1), ex regulis opticis omnino refellitur; supposita scilicet maxima illa Saturni distantia, nec non solis diametro longè majoreGa naar voetnoot2), quo fiat, ut superficies Saturni ad nos obversa semper illuminetur; hinc totus Saturni discus semper apparet. De SaturnicolisGa naar voetnoot3) nihil est, quod dicam, risu potiùs, quàm argumentis hoc commentum refellitur; accedit, quòd catholicis dogmatis adversatur, quae homines tantùm illos agnoscunt, qui ab Adamo duxerunt ortum. Nonnulla etiam falsa admiscuit, ut pag. 7.Ga naar voetnoot4) ubi dicit fascias Jovis lucidiores esse reliquo disco; cùm tamen obscuriores certò videantur: Item globo Martis latiorem fasciam sub obscuram obduciGa naar voetnoot4); nihil tale unquam observatum est; deinde nunquam Saturnum vidimus ea forma, quam illi tribuit pag. 10.11.18.Ga naar voetnoot5) tractum illum caeli circa Oriona, illustriorem esse vidimus, cum iis stellis splendentibus, quas ipse recensetGa naar voetnoot6). Multa etiam de Saturni phasibus statuit, ex paucorum annorum observationibus, quae pro certis habere non possum, donec subsequentium annorum observationibus congruant; nempe ipse observationes suas primum coepit 25. Martii anno 1655. easque ad 19. Februarii anni 1656.Ga naar voetnoot7) breviore tamen telescopio usus, 12. pedes longo perduxit; ac proinde minùs fideles censendas, ut ipse ultrò fateturGa naar voetnoot8). Standum igitur observationibus deinceps ab eo factis, ac repetitis identidem, adhibito longiore tubo, 23. circiter pedum,Ga naar margenoot+ perductisque ad 26. Martii | anno 1659Ga naar voetnoot9). Si aliquae essent ab eo notatae à 30. Junii ad 20. Julii anno 1657. viderem utrùm meis consentirent; sed nullas | |
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vues plus ouvertes et plus larges lorsque Saturne se trouvera à 20o 30′ des Gémeaux et, du côté opposé, à 20o 30′ du Sagittaire, mais qu'il sera sphérique et sans anses ni satellites à 20o 30′ des Poissons ainsi qu'à 20o 30′ de la ViergeGa naar voetnoot1); les années suivantes feront voir s'il en est ainsi. Lui-même a observé ce phénomène jusqu'ici à 20o de la ViergeGa naar voetnoot2); il ne l'a point vu en d'autres points, et ce n'est pas raisonnable qu'il invoque les observations d'autruiGa naar voetnoot3) auxquelles il n'ajoute aucune foi et qui par conséquent ne doivent pas lui servir d'appui. Il y a une affirmation de lui que j'avais voulu passer sous silence; mais comme elle me vient précisément à l'esprit, je la mentionnerai brièvement: il dit que le globe de Saturne est animé d'un certain mouvement tournantGa naar voetnoot4); mais c'est ce qu'il devine seulement, il ne le prouve pas; en effet, quoique le Soleil possède ce mouvement de rotation, ce qu'on démontre généralement à l'aide des taches, personne cependant n'en pourrait logiquement déduire que ce mouvement appartient aux autres planètes. C'est ce que ne cessent d'insinuer et d'indiquer surtout ceux qui attribuent du mouvement au globe terrestre; mais en vain, puisqu'il est très certain que la Lune n'est pas entraînée par un pareil mouvement de rotation; je ne dis pas cela, bien entendu, comme si ce mouvement tournant de Saturne serait d'aucune importance pour la question considérée; en effet, j'avoue volontairement qu'il est possible que la planète possède ce mouvement, je dis seulement que cela ne peut se conclure des observations faites jusqu'ici. Mais comme je ne veux pas que personne soit frustrée de l'honneur qui lui est dû, j'ajoute que j'admets et accepte volontiers beaucoup d'autres choses enseignées par Huygens, parce qu'elles s'accordent fort bien avec la réalité. 1. Il estime avec raison que le plan dans lequel sont vus les satellites est parallèle au plan de l'équateurGa naar voetnoot5); Galilée entre autres avait déjà indiqué celaGa naar voetnoot6); et je le crois bien volontiers quoique l'auteur ne nous fournisse aucun argumentGa naar voetnoot7). 2. Il prétend que les anses dont nous avons parlé sont toujours égales de part et d'autreGa naar voetnoot8), il a raison: en effet, quoique l'une d'elles puisse avoir été vue occasionnellement plus longue que l'autre, cet accroissement doit être attribué à quelque autre objet extérieur qui par hasard s'y est joint. 3. Il veut qu'il existe une certaine Lune de Saturne (du moins c'est ainsi qu'il l'appelle quoiqu'à proprement parler ce ne soit pas une Lune, parce qu'elle ne circule pas autour de SaturneGa naar voetnoot9)), qui est donc le satellite le plus éloigné de tous; il l'a souvent vu pareil à une petite étoile, tantôt à l'est, tantôt à l'ouest, tantôt en conjonction avec SaturneGa naar voetnoot10); il en a été le premier observateur; en cette qualité il mérite sans doute beaucoup de louanges; quant à moi, comme j'avais déjà entendu quelque | |
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toto illo tempore factas invenio; an fortè paucae illae observationes sufficient ad certum quid statuendum? praesertim cum toto illo, quo factae sunt, temporis intervallo, vix Saturnus 38. gradus confecerit, traductus scilicet à 20 grad. Virginis ad 28. Librae; an fortè inquam modicus ille arcus decursus sufficiet ad certam & indubitatam hypothesim statuendam? Statuit autem, ansas magis apertas, & patentes videri, Saturno existente in grad. 20. 3ó. Gemin. & in opposito 20. 3ó. Sagitt. Sphaericum verò sine ansis, & satellitio in grad. 20. 3ó. Pisc. Itemque in 20. 3ó. Virg.Ga naar voetnoot1) quod sanè utrùm futurum sit, sequentes anni docebunt. Ipse hactenus in 20. Virg. observavitGa naar voetnoot2), in aliis punctis non vidit, nec est, quod aliorum observationes adducatGa naar voetnoot3), quibus fidem omnem detraxit, ac proinde illi suffragari non debent. Unum, quod habet, omittere statueram; sed quandoquidem in mentem venit, saltem indicabo; dicit enim, Saturni globum circumagi quodam vertiginis motuGa naar voetnoot4); sed hoc tantummodò divinat, non probat; licèt enim Sol hoc vertiginis motu gaudeat, quod probari solet ex maculis: inde tamen nemo rectè deducat, hunc motum reliquis planetis competere. Hoc ii praesertim insinuare & inculcare non cessant, qui globo terraqueo motum adstruunt; sed frustrà, cùm Lunam hoc vertiginis motu non agi, certissimum sit: quod certe non dico, quasi hic vertiginis motus in Saturno alicujus momenti sit, quod ad rem hanc pertineat, ultrò enim fateor fieri posse ut praedicto motu agatur: dico tamen, ex observationibus huc usque factis haberi non posse. Quia verò nemini suam laudem ereptam velim, admitto & osculor alia multaGa naar margenoot+ ab Hugenio tradita, cum veritati apprimè | consentiant. 1. planum illud, in quo videntur esse satellites, aequatoris plano parallelum rectè judicatGa naar voetnoot5): hoc jam indicarat cum aliis GalilaeusGa naar voetnoot6); & facilè crediderim, licèt autor nullam hujus rei rationem adducatGa naar voetnoot7). 2. Ansas illas hinc inde semper aequales esse contenditGa naar voetnoot8); jure quidem: licèt enim fortè aliquando altera longior visa sit, alterius tamen cujuspiam per accidens adjuncti extrinsecus, accessio illa facta est. 3. vult, Lunam quandam esse Saturniam, (sic enim vocat, licèt propriè loquendo Luna non sit, cùm circa Saturnum suum orbem non agatGa naar voetnoot9) supremum scilicet omnium satellitem, ad instar stellulae saepè à se observatum, modò ad ortum, modò ad occasum, modò conjunctum SaturnoGa naar voetnoot10), cujus primus ille inspector fuit, in quo sanè maximam | |
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chose de cette découverte en 1657 de la part de l'illustre sieur Michel Angiolo RicciGa naar voetnoot1), le plus éminent géomètre du temps présent, j'ai souvent observé ce satellite depuis le 30 juin jusqu'au 20 juillet: le 30 juin je l'ai observé à deux heures de la nuit selon l'heure italienne, savoir à 2 heures et demie après le coucher du soleil, à l'est de Saturne; de même le 2 juillet, le 4, le 9, le 12 à la même heure; le 14 il n'apparut pas; le 20 il fut aperçu à l'ouest. Pour les observations mentionnées je me suis servi du télescope de 36 palmes. Le fait que cette Lune de Saturne n'a pas été observée par d'autres avant Huygens, doit s'expliquer non pas par quelque défaut des télescopes, mais ou bien par inadvertance, ou par sa trop grande distance de Saturne, ou par sa petitesse, ou par une conjonction. 4. Les anses de Saturne ne m'ont jamais paru tantôt plus aiguës tantôt plus obtuses; toutefois je les ai trouvées parfois plus grandes ou plus larges. Mais quand il nous inculque sans cesse que tous les phénomènes nommés ne peuvent être expliqués à moins que l'anneau inventé par lui n'entoure le globe de Saturne, je le dis sans vouloir l'offenser, il s'écarte de la vérité: d'autres systèmes d'après lesquels ces choses s'expliquent aisément, ne font pas défaut; parmi eux celui qui me plaît le mieux c'est le système de Saturne conçu par le P. Honoré FabriGa naar voetnoot2) de la Société de Jésus, avec lequel je suis intimement lié; j'en donne ici un aperçu. Il suppose I. que la terre est immobile au centre du monde et que les sphères célestes tournent autour d'elle; c'est là une opinion qu'il défend avec ténacité, la jugeant conforme à la fois aux décrets catholiques, aux saints livres, aux phénomènes observés et à la saine raison; II. que le mouvement réel de Saturne est régulier, quoique le mouvement apparent soit irrégulier; en effet, comme Copernic lui-même le dit sagement, l'intelligence humaine n'admet pas volontiers un mouvement réellement irrégulier. III. Il suppose que dans ce mouvement régulier, qui est le mouvement vrai, des espaces égaux sont parcourus dans des temps égaux, soit en ligne droite soit en ligne courbe; et que par conséquent une plus grande orbite est parcourue plus lentement, et une plus petite plus rapidement, du même mouvement. IV. Il suppose un mouvement circulaire quotidien de l'orient à l'occident; V. un mouvement en ligne droite de l'apogée au périgée et réciproquement, mouvement accéléré depuis l'une et l'autre extrémité jusqu'à ce que la distance moyenne est atteinte au milieu de la ligne qui joint l'apogée et le perigée, et retardé depuis cet endroit central jusqu'à l'une et l'autre extrémité; il appelle ce mouvement le premier mouvement droit; VI. il suppose un autre mouvement droit, savoir le deuxième, qui est un mouvement de déclinaison du sud au nord et réciproquement; les points extrêmes en sont différents pour les diverses planètes d'après la déclinaison maximum différente pour chacune d'elles; ce mouvement aussi est accéléré ou retardé de la même manière que le premier, et sa ligne centrale est dans l'équateur: ces trois mouvements composent celui de Saturne; ou plutôt, celui-ci consiste en un mouvement simple à peu près circulaire, | |
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laudem meretur: ego quidem cùm jam anno 1657. de hoc aliquid inaudiissem à clarissimo viro Michaele Angelo RiccioGa naar voetnoot1), eodemque nobilissimo hujus temporis Geometra: Eundem saepè observavi à 30. Junii ad 20. Julii, scilicet die 30. Junii hora 2. noctis juxta horologium Italicum, id est 2. horis cum dimidia post solis occasum, illum observavi ad ortum Saturni; item 2. Julii, 4. 9. 12. eadem hora, die 14. non apparuit; die 20 ad occasum visus est. Ad praedictas observationes adhibui telescopium 36. palmorum. Cur verò ab aliis Luna illa Saturnia observata non fuerit ante Hugenium, non quidem telescopiorum vitio, sed vel inadvertentiae, vel nimiae ejusdem à Saturno distantiae, vel parvitati, vel conjunctioni tribuendum est. 4. Ansae Saturni nunquam mihi visae sunt una vice acutiores, alia obtusiores; majores tamen seu latiores aliquando esse comperi. Quod autem saepè ac saepiùs inculcat, praedicta omnia explicari non posse, nisi annulus ab eo excogitatus Saturni globum circumdet, pace illius dixerim, à veritate alienum est;Ga naar margenoot+ non desunt alii modi, quibus res ista facili designatione exponatur: prae caeteris,| mihi satis arridet illa systematis Saturnii ratio, quam P. Honoratus FabriGa naar voetnoot1) Societatis Jesu vir mihi maxima familiaritate conjunctus excogitavit, cujus breve schema subjicio. Supponit. I. terram immobilem in centro mundi, circa quam caelestes globi suos gyros agunt; hanc enim sententiam mordicus defendit, ut catholicis decretis, sacris literis, observatis phenomenis, ac rectae rationi probè consentientem. II. Motum realem Saturni aequalem esse, apparentem verò inaequalem; abhorret enim hominis intellectus, ut vel ipse Copernicus prudenter monet, à reali motuum inaequalitate. III. Supponit, motu aequali, aequalibus temporibus, aequalia spatia decurri, reali scilicet, seu recta, seu curva; ac proinde majorem orbem tardiùs, minorem citiùs, eodem motu describi. IV. Supponit, motum circularem diurnum ab ortu ad occasum. V. motum rectum ab apogeo versus perigeum, & vicissim; acceleratum quidem, ab utroque termino ad mediocrem distantiam, quae lineam apogeum & perigeum connectentem bifariam secat; retardatum verò à mediocri distantia ad utrumque terminum; hunc autem primum motum rectum vocat. VI. Supponit alium motum rectum, secundum scilicet, ac declinationis ab Austro ad Boream, & vicissim; fines porrò diversi sunt in diversis planetis, pro diversa declinatione maxima cujuslibet planetae; est etiam hic motus eodem modo acceleratus, & retardatus, quo prior; & mediocris distantia est in aequatore: ex his tribus motibus, Saturni motus componitur; vel potiùs est motus quidam simplex circulari affinis, praedictis duabus determinationibus instructus; vel, ut ajunt scholastici, modificatus; primus motus brevior est; secundus diutur- | |
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mais composé avec, ou, comme disent les scolastiques, modifié par les deux mouvements déterminés dont nous avons parlé; le premier mouvement a une période plus courte, le deuxième une plus longue, différence dont il explique la cause. Mais comme je ne veux donner qu'un aperçu grossier, je néglige le second mouvement droit. Soit donc B [Fig. 1] le centre du monde. C'est là qu'il place la terre immobile. Soit GB la distance de l'apogée de Saturne; BO la distance du périgée; BP la distance moyenne, Saturne parcourt le cercle ou orbite de rayon GB plus lentement que l'Étoile ou point du premier mobile auquel il correspond; mais il parcourt l'orbite de rayon BO plus rapidement, et avec une vitesse égale certaine orbite de rayon BA inférieur à la distance moyenne BP. Ceci étant dit, soit Saturne en son apogée G correspondant au point C du premier mobile, p.e. au commencement du Bélier, et supposons que le point C décrive du mouvement quotidien son orbite circulaire passant par S, et de même Saturne en G la sienne passant par R, savoir vers l'occident; le point C accomplit sa révolution plus tôt que Saturne et laisse donc Saturne derrière lui vers l'orient, en quelque point de la courbe GH; en effet, en conséquence du premier mouvement rectiligne, la planète descend peu à peu du cercle de l'apogée LR au cercle du périgée ZX, jusqu'à ce qu'après bien des révolutions elle parvient en H et correspond alors au point E du premier mobile, p.e. au 20ième degré du Bélier; durant tout ce temps on dit qu'elle se meut ‘in consequentia’ savoir suivant l'ordre de la série des signes et cela au commencement d'un mouvement accéléré et vers la fin d'un mouvement retardé. En H elle semble s'arrêter; en effet en ce point elle parcourt son orbite circulaire avec la même vitesse angulaire que le point E; mais comme elle continue à descendre vers son périgée, elle parcourt ensuite ses orbites circulaires plus rapidement que les points du premier mobile auxquels elle correspond: elle les laisse donc derrière elle du côté oriental depuis H jusqu'au périgée I, et encore depuis I jusqu'en K; elle paraît donc animée d'un mouvement rétrograde de E jusqu'en D qui sont des points du premier mobile, et cela d'un mouvement retardé aux environs de H et de K, c'est-à-dire des points de ses stations, mais d'un mouvement accéléré auprès de I des deux côtés. Il y a donc deux stations, E et D. Par conséquent sa régression ou mouvement rétrograde est plus court que le mouvement direct, parce que le rayon du cercle quotidien équivalent (c'est ainsi que Fabri appelle le cercle que la planète parcourt avec la même vitesse qu'un point du premier mobile le sien) est plus petit que le rayon BP qui représente la distance moyenne. À ceci répond la variation presque quotidienne de la latitude. Mais qu'il suffise d'avoir décrit ces choses sans entrer dans des détails. De cette façon Fabri explique presque sans peine, par des causes physiques, tous les phénomènes de Saturne. Je passe maintenant aux satellites de Saturne. Fabri en reconnaît cinq; le plus petit et le plus distant de tous est celui que Huygens a offert, le premier si je ne me trompe pas, en spectacle aux hommes et que, | |
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nior; cujus sanè discriminis causam affert. Sed ut rude aliquod schema exhibeam,|Ga naar margenoot+ omisso secundo motu recto, sit centrum mundi B. hic terram collocat immobilem.Ga naar margenoot+ Sit GB distantia Saturni apogei; BO distantia perigei; BP distantia mediocris,
Saturnus circulum, vel orbem radio GB tardius percurrit, quàm Stella vel punctum primi mobilis, cui respondet; citius verò percurrit orbem radio BO, & aequè citò radio BA minore mediocri distantia BP. His praemissis, sit Saturnus in apogeo G, respondens puncto C primi mobilis, vel initio arietis v.g. & supponatur punctum C per S describere suum circulum, motu diurno; item Saturnus in G suum, per R, scilicet versùs occasum; punctum C citiùs absolvit suum gyrum, quàm Saturnus; igitur Saturnum à tergo relinquit, versùs ortum, scilicet in aliquo puncto curvae GH; nempe primo motu recto, à circulo apogei LR sensim descendit ad circulum perigei ZX, donec tandem multis orbibus actis, perveniat in H, & respondeat puncto E primi mobilis, v.g. 20. gradui Arietis: toto illo tempore, moveri dicitur in consequentia; id est juxta seriem signorum, initio quidem, motu accelerato; & sub finem, retardato; in H stare videtur: hîc enim aequè citò ac punctum E suum gyrum agit : Quia verò adhuc descendit versùs perigeum, decurrit deinceps suos orbes citiùs, quàm puncta primi mobilis, quibus respondet; ac proinde illa relinquit à tergo, versùs ortum ab H quidem, ad perigeum I: ab I verò, ad K; hinc videtur regredi ab E ad D, quae sunt puncta | |
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comme je l'ai ditGa naar voetnoot1), j'ai observé, après en avoir reçu la nouvelle par l'illustre et très savant Ricci, avec mon télescope de 36 palmes au mois de juillet de l'année 1657 pendant plusieurs joursGa naar voetnoot1), tantôt à l'orient, tantôt à l'occident de Saturne; au jour que j'ai nomméGa naar voetnoot2) il ne se montra pas, étant en conjonction avec Saturne. Ce satellite est donc au-dessus de Saturne et lorsqu'il est en son périgée il parcourt plus vite son orbite que Saturne la sienne, mais lorsqu'il est en son apogée, plus lentement; et il le fait avec la même vitesse lorsqu'il occupe la position intermédiaire également distante des deux positions nommées; par conséquent Saturne le laisse quelquefois derrière lui, d'autres fois lui Saturne; il est donc tantôt à l'orient tantôt à l'occident, d'autres fois encore il est invisible étant en conjonction; après la conjonction de l'apogée, il se trouve toujours à l'orient; après celle du périgée à l'occident. Pourquoi en parler plus longuement? Nous avons dans les astres de MédicisGa naar voetnoot3) un cas tout-à-fait analogue. Les quatre autres satellites sont plus proches quoique situés de même au-dessus de Saturne. Fabri explique leur système de la façon suivante. Soit A [Fig. 2] lecentre de la terre et du monde, GC le diamètre de Saturne, B son centre, supposons la droite ABP tracée; soient les satellites NH et SD à leur plus grande distance, NH vers l'orient, SD vers l'occident, ces distances étant égales; c'est donc là qu'ils sont stationnaires; et soit AI la distance moyenne; dans la présente figure j'indique | |
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primi mobilis; idque motu retardato, circa H & K, id est, circa puncta stationum, accelerato verò, hinc inde circa I. hinc duplex statio, in punctis scilicet E & D. hinc regressio, vel motus retrogradus brevior directo; quia radius circuli aequè diuturni (sic eum vocat, quem planeta aequè citò conficit, ac punctumGa naar margenoot+ primi mobilis, suum) est brevior, radio mediocris distantiae | BP. ex his sequitur latitudinis mutatio singulis ferè diebus: sed haec rudi Minerva descripsisse sufficiat; ex quibus omnia Saturni phaenomena, nullo ferè negotio, per causas physicas explicat. Jam ad satellites Saturni orationem converto. Quinque Fabrius agnoscit; minimus & supremus omnium est quem Hugenius, primus opinor, sub aspectum hominum adduxit quemque, ut dixiGa naar voetnoot1), ab illustrissimo, & doctissimo Riccio certior factus, adhibito 36. palmorum telescopio, an. 1657. per multos dies, mense Julio conspexiGa naar voetnoot1), ortivum modò, mox occiduum; dicta autem dieGa naar voetnoot2) non comparuit, quia conjunctus Saturno erat. Hic ergo supra Saturnum est, & dum in perigeo versatur, citiùs suum orbem absolvit, quàm Saturnus suum, quando est in apogeo, tardiùs; & aequè citò in mediocri distantia, aequè ab utroque termino distante: hinc aliquando Saturnus illum à tergo relinquit, aliquando ille Saturnum; hinc aliquando ortivus, aliquando occiduus, aliquando latet in conjunctione; à conjunctione apogei, semper ortiuus; à conjunctione perigei, semper occiduus; quid plura? in MediceisGa naar voetnoot3) appositam analogiam habemus. Alii quatuor inferiores sunt, Saturno licèt superiores, quorum systema sicGa naar margenoot+ Fabrius explicat: Sit centrum terrae, & mundi A, Saturni diameter GC, centrum B, ducta censeatur recta ABP; sint duo NH, SD, in maxima digressione NH ortiva; SD occidua, hinc inde aequali; in qua sit illorum statio; & mediocris distantia AI; hoc loco, diametros dumtaxat pro globis exhibeo: tendat autem NH versùs perigeum; & SD, versùs apogeum, pari gressu, & paribus intervallis, ita ut hic apogeum, & ille perigeum simul attingant; istud est inter BI, illud verò inter IO. tunc uterque simul erit in cunjunctione, alter perigei, alter apogei, sed paulòGa naar margenoot+ post NH à perigeo ascendit ad maximam | digressionem occiduam SD, & SD ab apogeo descendit ad maximam digressionem ortivam NH; atque ita deinceps, repetitis ac reciprocis recursibus: idem prorsus dictum sit de duobus KL, KEGa naar voetnoot5), quorum mediocris distantia communis est in O; perigeum commune inter OI; apogeum supra O, aequè distans; maxima digressio ortiva KL, occidua RE; est autem | |
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les diamètres au lieu des globes. Que donc NH tende vers son périgée et SD vers son apogée avec les mêmes vitesses et les mêmes intervalles de sorte que l'un atteigne son apogée, l'autre son périgée, simultanément; le dernier se trouve entre B et I, le premier entre I et O. Alors ils seront simultanément en conjonction, l'un dans la conjonction qui correspond au périgée, l'autre dans celle qui correspond à l'apogée. Mais un peu plus tard NH s'élève en partant du périgée vers sa plus grande digression occidentale SD et SD descend de son apogée vers sa plus grande digression orientale NH; et ainsi de suite par des va-et-vient répétés et réciproques. La même chose s'applique aux deux satellites KL et KEGa naar voetnoot1) dont la distance commune moyenne est en O, le périgée commun entre O et I, l'apogée au-dessus de O à égale distance, tandis que le plus grand écart oriental est KL, occidental RE. Or, l'écart des satellites supérieurs est plus grand que celui des satellites que Fabri suppose inférieurs; il appelle les satellites supérieurs lumineux, les satellites inférieurs obscurs; les lumineux sont composés d'une matière très apte à la répercussion de la lumière, mais les obscurs d'une matière absolument impropre à cet effet; l'auteur de la nature ne doit avoir éprouvé aucune difficulté à trouver une matière de ce genre puisque nous en avons même dans cette région sublunaire. Pour l'un et l'autre la distance moyenne est aussi éloignée de l'apogée que du périgée. Le même Fabri veut encore que les cinq satellites aient la même déclinaison que Saturne et se trouvent par conséquent toujours dans un même plan parallèle à l'équateur, ce qui peut facilement être obtenu: il suffit qu'ils aient eu depuis le commencement la même déclinaison et qu'ils aient commencé simultanément le même mouvement de déclinaison, étant toujours situés dans le même plan parallèle à l'équateur. Et il n'y a aucune raison pour trouver étrange que Saturne ait cinq satellites, puisque Jupiter en a quatre, le Soleil deuxGa naar voetnoot2), la Terre un, Mars peut-être trois (qui sait?) non encore découverts, parce qu'ils s'éloignent du globe de Mars à une plus grande distance que les astres des Médicis de Jupiter, moindre toutefois que celle de Vénus ou de Mercure du Soleil. Fabri veut enfin que les satellites obscurs parcourent leur orbite plus rapidement et les satellites lumineux la leur plus lentement, ce dont nous avons une analogie dans le cas de Vénus et de Mercure. Ceci étant posé, toutes les phases de Saturne, tous les phénomènes s'expliquent fort aisément. Le globe de Saturne paraît parfois seul, dénué de ses satellites, étant alors de forme sphérique (en effet, aucune autre forme n'a été donnée aux corps célestes): ce phénomène s'explique ou par la conjonction des deux satellites lumineux (nous ne parlons pas ici, bien entendu, du premier satellite qui est le | |
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digressio istorum, qui superiores sunt, major digressione illorum, quos inferiores esse supponit; superiores appellat lucidos, inferiores obscuros; lucidi constant ex materia aptissima ad repercussionem luminis; obscuri verò, ex ineptissima, ad
eundem finem; nec difficile fuit auctori naturae, hujusmodi materiam invenire, cùm etiam in hoc sublunari tractu hujusmodi habeamus: mediocris distantia in utrisque ab apogeo, & perigeo aequè distat: vult etiam idem Fabrius, quinque satellites ejusdem esse cum Saturno declinationis, ac proinde semper in eodem plano esse aequatori parallelo: quod facilè obtinetur, modò ab initio eamdem declinationem habuerint, eundemque simul inierint declinationis motum, in eodem semper plano aequatori parallelo siti: nec est, quod quisquam miretur, quinque satellites Saturno adesse, cum Jovi quatuor adsint, Soli duoGa naar voetnoot2), Terrae unus, Marti fortè tres, quis scit, nondum explorati; quia à Martis globo longius digrediuntur, quàm Medicei à Jove; non tamen tam longè, quàm Venus aut Mercurius à Sole; vult demùm, obscuros citiùs suam revolutionem absolvere, & lucidos tardiùs; cujus rei analogiam habemus in Venere, & Mercurio. His positis, omnes Saturni phases, omnia phenomena facilè omninò explicantur. Solus Saturni globus suis satellitibus aliquando destitutus apparet, scilicet figura sphaerica; nec enim alia caelestibus corporibus indita est: hujus phenomeni ratioGa naar margenoot+ ex eo petitur, quòd duo lucidi (de primo enim | omnium supremo hoc loco non | |
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plus éloigné de tous), l'un se trouvant à l'apogée l'autre au périgée, ou bien par leur recouvrement parfait par les satellites obscurs, même en-dehors de la conjonction. II. Les deux satellites lumineux sont aperçus parfois absolument séparés du globe de Saturne en présentant la forme sphérique: ceci arrive chaque fois que les deux satellites obscurs sont en conjonction, savoir l'un à l'apogée, l'autre au périgée, et que les deux satellites lumineux se sont écartés d'un côté et de l'autre. III. Quelquefois les satellites lumineux apparaissent sous forme d'anses lumineuses ou de croissantsGa naar voetnoot1): ceci arrive chaque fois que les satellites obscurs sont interposés, il est vrai, mais ne recouvrent cependant pas totalement le disque des satellites lumineux. IV. Par conséquent tantôt une plus grande tantôt une plus petite partie du disque lumineux est recouverte par les satellites obscurs; d'où résulte une phase différente et une figure différente. Et Huygens n'aurait pas dû attribuer ceci à un défaut du télescope, vu que d'excellents télescopes furent employés par les auteurs qu'il cite, savoir Galilée, Scheiner, Riccioli, Hevelius, Gassendi, dont les figures reproduites par Huygens s'expliquent sans aucune peine à l'aide de l'hypothèse exposée; la onzième toutefois doit être classée parmi les autres fables de FontanaGa naar voetnoot2); la treizième, dont l'auteur n'est pas nomméGa naar voetnoot3), pourrait peut-être, modifiée seulement légèrement, en certaine circonstance, être expliquée telle qu'elle est donnéeGa naar voetnoot4); la septième, de Hevelius, est fictiveGa naar voetnoot5): il a jugé Saturne sphéroïdal, mais cette forme n'appartient pas du tout aux corps célestes; à moins que nous ne disions que Saturne apparaît elliptique, lorsque, les satellites obscurs se trouvant en conjonction, les satellites lumineux s'écartent un peu de la conjonction; alors, en effet, les anses n'apparaissent pas. V. Il est probable que les satellites obscurs sont égaux aux lumineux; en effet, rien ne démontre qu'ils soient plus grands ou plus petits; ils doivent donc être censés égaux jusqu'à ce que quelque chose prouve leur inégalité, même l'égalité semble plutôt ressortir des phases mêmes, savoir de la quatrième, cinquième, sixième, huitième figure, etc. En effet, les arcs du croissant lucide, c'est-à-dire l'arc concave et l'arc convexe paraissent faire partie de circonférences égales. VI. La ligne ou le diamètre qui joint les anses lucides et semble passer par le centre du globe de Saturne, est toujours dans un plan parallèle à l'équateur; en effet, comme les satellites de Saturne ont toujours la même déclinaison que lui et se meuvent d'un mouvement toujours uniforme dans un certain parallèle (car le mouvement diurne de l'orient à l'occident est censé avoir lieu dans un certain parallèle), quoi d'étonnant si la ligne qui joint leurs centres se trouve dans un plan parallèle à celui de l'équateur? J'ai dit ‘qui semble passer par le centre de Saturne’ parce que, quoiqu'en réalité les satellites soient au-dessus de Saturne, l'oeil les juge cependant placés à la même hauteur, et par conséquent dans la même ligne que Saturne. | |
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agitur) vel sint conjuncti, id est, alter in apogeo, alter in perigeo, vel ab obscuris penitùs tecti, etiam extra conjunctionem: II. Duo lucidi aliquando videntur à globo Saturni omninò sejuncti, & figuram sphaericam praeferentes; hoc ipsum toties accidit, quoties duo obscuri in conjunctione versantur, alter scilicet in apogeo, alter in perigeo, & lucidi hinc inde digressi. III. Aliquando lucidi apparent, quasi lucidae ansulae essent, vel Lunae falcataeGa naar voetnoot1); hoc evenit quando obscuri sunt quidem interpositi, non tamen integrum lucidorum discum tegunt. IV. Hinc modò plus, modò minùs disci lucidi ab obscuris tegitur; unde diversa phasis, & diversa figura; neque hoc telescopii vitio Hugenius tribuere debuit, cùm alioqui optima ab authoribus, quos citat, adhibita fuerint; Galileo scilicet, Scheinero, Ricciolo, Hevelio, Gassendo, quorum figurae ab Hugenio excusae, in hac hypothesi, nullo negotio demonstrari possunt; undecima tamen inter alias Fontanae fabulasGa naar voetnoot2) referenda est; decima tertia, quae caret auctoreGa naar voetnoot3), modò tantulùm reformetur, fortè suo modo explicari possetGa naar voetnoot4), in aliquo casu; septima Hevelii fictitia estGa naar voetnoot5); sphaeroidem esse putavit, sed haec figura caelestibus globis minimè competit; nisi fortè dicamus Saturnum ellipticum videri, quando obscuris in conjunctione statutis, lucidi tantulum à conjunctione recedunt, tunc autem ansulae non apparent. V. Verisimile est, obscuros aequales esse lucidis; nihil enim probat, vel majores, vel minores esse, aequales igitur censendi sunt, dum aliquid probet inaequalitatem; immò potiùs aequalitas ex ipsis phasibus persuadetur, quartae scilicet figurae,Ga naar margenoot+ quintae, sextae, octavae &c. Arcus enim | falcis lucidae, cavus scilicet, & convexus aequalium circulorum esse videntur. VI. Linea, vel diameter ansas lucidas connectens, quae per medium globi Saturnii centrum duci videtur, est semper in plano parallelo plano aequatoris; quia cùm satellites Saturni ejusdem semper sint cum eo declinationis & motu semper aequali in aliquo parallelo moveantur, motus enim diurnus ab ortu ad occasum in aliquo parallelo fieri censetur, quid mirum, si linea eorum centra connectens in eo plano sit, quod plano aequatoris parallelum est; dixi, quae per centrum Saturni duci videtur, quia reverà licèt Saturno superiores sint, oculus tamen judicat, ejusdem altitudinis esse; ac proinde in eadem linea cum Saturno. | |
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VII. Quoique le mouvement du satellite suprême ait été décrit par Huygens comme s'accomplissant en 16 jours environGa naar voetnoot1) (il est vrai que mes observations à moi s'y opposent quelque peu), celui des quatre satellites inférieurs n'a cependant été déterminé jusqu'ici ni par lui ni par aucune autre personne; mais on pourrait le déterminer à l'aide d'observations futures. VIII. La rotation de Saturne sur son axe, ou celle de cet anneau fictif, n'est prouvée par aucune observation, comme je l'ai déjà indiquéGa naar voetnoot2); en effet, quoique le soleil possède ce mouvement de rotation autour de son centre, comme cela est prouvé par ses taches, il n'en existe pour les autres planètes aucune preuve ni de ce genre ni d'un autre. IX. Ces bras oblongs que Huygens a vus attachés à Saturne en 1655 et 1656Ga naar voetnoot3) sont absolument fictifs et attribuables à un défaut du télescope. En effet, pourquoi d'autres observateurs ne les auraient-ils pas vus? Surtout parce que le télescope dont Huygens s'est servi dans ce but était plus court et par conséquent pas de meilleure condition que les autres télescopes. X. Les figures reproduites par luiGa naar voetnoot4), et qu'il rejette, s'expliquent aisément dans cette hypothèse de Fabri: savoir, la première lorsque les satellites lumineux sont à leur plus grande distance, et les satellites obscurs en conjonction; la deuxième, lorsque les satellites lumineux sont en contact avec le globe de Saturne et les satellites obscurs en conjonction; la quatrième lorsque les lumineux sont à leur plus grande distance et les obscurs débordent tant soit peu la planète, de sorte qu'ils cachent une partie modique des lumineux; la troisième est la même que la quatrième, mais par un défaut du télescope elle a pris une forme pointue au lieu de la forme convexe qu'elle devait avoir; la cinquième et la sixième s'expliquent lorsque les satellites lumineux ne débordent la planète qu'en partie et sont cachés pour la plus grande partie par les satellites obscurs; en effet, alors il en reste pour ainsi dire un croissant; or, la cinquième et la sixième ont entre elles une différence quantitative. La septième figure, je l'ai ditGa naar voetnoot5), est fictive, attendu que Saturne n'est pas sphéroïdal, si ce n'est peut-être dans le sens dont j'ai parlé plus haut au no. IV. La huitième figure s'explique lorsque les satellites lumineux sont dans une position intermédiaire entre leur plus grand écart et le globe de Saturne et couverts en partie par moins de la moitié des satellites obscurs; en effet, alors les croissants sont plus grands; ils sont d'autant plus larges qu'ils sont plus proches de leur plus grande élongation, d'autant plus étroits qu'ils s'approchent davantage du globe de Saturne; la neuvième et la dixième figure ne diffèrent de la huitième que quantitativement; en effet, beaucoup de combinaisons sont possibles; vous les rencontrez toutes dans le cas de deux circonférences qui se coupent; quant aux trois dernières figures je les considère comme fictives, à moins que la douzième ne se réduise peut-être à un cas particulier de la dixième, et la treizième, dont nous parlerons plus loinGa naar voetnoot6), également. XI. Une des anses ne s'étend pas plus loin que l'autre; les digressions des deux | |
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VII. Licèt supremi satellitis motus ab Hugenio definitus sit, ut pote qui 16. circiter dierum spatio absolvaturGa naar voetnoot1), quanquam observationes à me factae tantulùm refragantur; non tamen huc usque quatuor inferiorum motus, vel ab eo, vel ab alio quopiam definitus est, qui tamen ex futuris observationibus haberi posset. VIII. Turbinatio Saturni, vel illius annuli fictitii nulla observatione probatur, ut jam indicaviGa naar voetnoot2); licèt enim sol hoc virtiginis motu agatur circa suum centrum, ut evincitur ex illius maculis; aliis tamen planetis nulla hujusmodi, vel alia quaepiam probatio suffragatur. IX. Illa brachia oblonga quae Hugenius Saturno annexa observavit annis 1655. & 1656.Ga naar voetnoot3) sunt omninò fictitia, & vitio telescopii tribuenda: cur enim alii non observassent? praesertim cùm telescopium ad hunc finem ab eo adhibitum brevius esset, ac proinde non melioris conditionis quàm alia.| Ga naar margenoot+ X. Figurae ab illo excusaeGa naar voetnoot4), & rejectae facilè explicari possunt in hac Fabriana hypothesi: 1a quidem lucidis in maxima digressione, & obscuris in conjunctione existentibus 2a. verò, lucidis tangentibus Saturni globum, & obscuris in conjunctione positis; 4.a lucidis in maxima digressione positis, & obscuris tantulùm extantibus; ita ut modicam lucidorum portionem tegant. 3a. eadem est cum 4a. sed telescopii vitio, in mucronem ivit, cùm in convexum ire debuisset. 5a., & 6a. lucidis non totis extantibus, & majori ex parte tectis ab obscuris, tunc enim restat quasi falcula, differt autem 5a. à 6a secundùm plùs, & minùs. 7a, ut dixiGa naar voetnoot5), fictitia est; cùm Saturnus sphaerois non sit, nisi fortè eo modo, quem supra num. 4. exposui. 8a lucidis inter maximam digressionem, & Saturni globum existentibus, tectisque ex parte, à minore portione obscurorum; tunc enim falces majores sunt; latiores quidem, quò propiùs ad maximam digressionem accedunt; angustiores verò, quo Saturnio globo propiores fiunt; 9a & 10a ab octava tantummodò differunt, secundùm plus, & minùs; sunt enim multae combinationes; quas habes in duobus circulis sese invicem secantibus; tres ultimas fictitias reputo; nisi fortè 12a ad 10, reducatur itemque 13a de qua infraGa naar voetnoot6). XI. Ansa una non longiùs extenditur, quàm alia; hinc aequalis est utriusque lucidi digressio; quia uterque communi apogeo & perigeo gaudet, & | |
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satellites lumineux sont donc égales, puisqu'ils possèdent le même apogée et le même périgée et qu'ils se meuvent d'un mouvement égal; de même les deux satellites obscurs possèdent le même apogée et le même périgée; on en déduit logiquement l'égalité parfaite des anses et des bras. XII. Les anses apparaissent lorsque une partie des satellites lumineux est recouverte par les satellites obscurs; en effet, ils ont alors l'apparence d'ouvertures noires entourées chacune d'une couronne lucide; ce sont là les anses; mais il y a des bras lorsque les satellites lumineux touchent le globe de Saturne et que les satellites obscurs sont en conjonction. XIII. Les anses s'étendent d'autant plus loin que les satellites lumineux sont plus proches de leur plus grande élongation; dans le cas bien entendu où les satellites obscurs cachent les lumineux partiellement. XIV. Les anses sont d'autant plus largement ouvertes qu'une plus grande portion des satellites obscurs déborde Saturne, les satellites lumineux étant placés en leurs points extrêmes; d'autant plus étroites au contraire qu'une plus petite partie des satellites obscurs déborde la planète. XV. Les anses sont plus larges lorsqu'une plus petite partie des satellites obscurs recouvre les satellites lumineux, ceux-ci ayant leur plus grande élongation. XVI. Les bras des anses s'étendent jusqu'au globe de Saturne lui-même, lorsqu'une plus petite partie des satellites obscurs recouvre les satellites lumineux. XVII. Les anses sont tout-à-fait arrachées et séparées du globe de Saturne lorsque une plus grande partie des obscurs recouvre les lumineux. XVIII. Les anses se contractent peu à peu lorsque les lumineux s'éloignent de leur plus grande digression, tandis que les obscurs s'en rapprochent. XIX. Lorsque les anses sont plus larges et plus grandes, le globe de Saturne lui-même paraît plus brillant, parce qu'alors les objets lumineux frappent l'oeil, si je puis m'exprimer ainsi, avec une énergie et une incidence communes; ainsi plusieurs feux séparés échauffent davantage par une certaine action commune; par conséquent ces objets répandent une plus grande force de lumière. XX. Les anses se dilatent et augmentent peu à peu lorsque les lumineux s'approchent de leur plus grande digression et que les obscurs s'en éloignent. XXI. Le premier satellite de Saturne, dont nous avons parlé, est censé par Huygens se trouver parfois en dessous de Saturne: il veut que ce satellite se meut autour de SaturneGa naar voetnoot1); mais ceci est contraire à la vérité; en effet, s'il était en dessous de Saturne, il troublerait absolument les phases décrites des anses. Je dis la même chose des astres des Médicis ou satellites de Jupiter; les satellites de Jupiter ont donc été placés au-dessus de Jupiter et ceux de Saturne au-dessus de Saturne. XXII. S'il arrive parfois que ce premier satellite de Saturne semble faire corps avec l'extrémité de l'une des deux anses (en effet, rien n'empêche que sa position ne puisse être telle), cette anse paraîtra un peu plus longue que l'autre. | |
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aequali motu movetur; item obscuri eodem apogeo & perigeo gaudent; ex his, perfecta ansarum & brachiorum aequalitas necessariò sequitur. Ga naar margenoot+ XII. Ansulae videntur, quando portio lucidorum ab obscuris | tegitur; nempe sunt quaedam quasi aperturae nigrae, quas lucida corona cingit; hae sunt ansulae; brachia verò, quando lucidi tangunt globum Saturni, obscuris in conjunctione existentibus. XIII. Ansulae eò longiùs porriguntur quo propiùs lucidi ad maximam digressionem accedunt; obscuris scilicet lucidorum partem tegentibus. XIV. Ansulae eò patentiores sunt, quò major obscurorum portio extra Saturnum extat, lucidis in maxima digressione constitutis; angustiores verò, cum minor obscurorum portio extat. XV. Ansulae latiores sunt, quando minor obscurorum portio tegit lucidos, in maxima digressione positos. XVI. Ansularum brachia ad ipsum usque Saturni globum excurrunt, quando minor obscurorum portio lucidos tegit. XVII. Ansulae à Saturni globo sunt prorsus avulsae atque sejunctae, quando major obscurorum portio lucidos tegit. XVIII. Ansulae sensim contrahuntur, quando à digressione lucidi recedunt, & obscuri ad digressionem accedunt. XIX. Quando ansulae latiores & majores sunt, ipse Saturni globus illustrior apparet, quia lumina quasi communi quodam nisu & illapsu oculum feriunt; sic multi ignes seorsim positi, actione quadam communi, plus calefaciunt; ac proinde majoris lucis vim diffundunt. XX. Ansulae sensim dilatantur & augentur, quando lucidi ad maximam digressionem accedunt, & ab illa obscuri recedunt. XXI. Primus ille Saturni comes sub Saturno aliquando ponitur ab Hugenio, qui vult, illum circa Saturnum moveriGa naar voetnoot1); hoc tamen veritati repugnat; si enim subGa naar margenoot+ Saturno | esset, praedictas ansularum phases omninò turbaret: Idem dico de Mediceis, seu Jovialibus; igitur & Jovialia supra Jovem, & Saturnia supra Saturnum collocata fuere. XXII. Si quando accidat, ut primus ille Saturni comes extremitati alterius ansulae adhaerere videatur; nihil enim obstat, talem illius positionem esse posse; haec ansula paulò alterâ longior esse videbitur. XXIII. Immò si casu aliquo stellula quaepiam alterius ansae extremitati adhaereat. Figurae 13.aeGa naar voetnoot2) phasis aliquo modo salvabitur, modò ansarum forma emen- | |
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XXIII. Même la forme de la treizième figureGa naar voetnoot1) sera plus ou moins justifiée si par hasard une petite étoile se serait attachée à l'extrémité de l'autre anse pourvu que la forme des anses soit corrigée: celle-ci n'est pas triangulaire mais arrondie, comme je l'ai déjà dit à-propos de la troisième figureGa naar voetnoot2). J'omets d'autres conséquences qu'on peut facilement tirer de ce qui a été dit. Voilà, Altesse, ce que j'ai cru devoir Vous écrire à propos du ‘Systema’ de Huygens qui Vous est dédié, et pour que les moyens de vérifier mes dires ne Vous manquent pas, j'ai cru devoir Vous envoyer en même temps un télescope de trente-six palmes, afin que Vous puissiez contrôler d'une part nos raisonnements avec Votre prodigieuse intelligence et d'autre part nos observations avec Vos regards scrutateurs aidés par le télescope. Vous pourrez aisément, si je ne me trompe, décider lequel de nous deux est le plus digne de foi, et si mes télescopes sont inférieurs à ceux de Huygens: quoiqu'il en soit, s'il se trouve que cet opuscule de ma main Vous plaît, je m'engage à Vous dédier plus tard quelqu'oeuvre plus importante qui puisse rendre éternellement témoignage du respect que je Vous porte.
FIN. | |
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detur; haec enim trigona non est, sed convexa; ut jam dixi, de 3.a figuraGa naar voetnoot2): omitto alia, quae ex his facilè deducentur. HAEC sunt, Serenissime Princeps, quae de Hugeniano Systemate tibi inscripto ad te scribenda, & ne probandi modum desiderares, telescopium triginta sex palmos longum, unâ mittendum esse putavi; ut & rationes nostras, ingenii, quo ad stuporem polles, & observationes, oculorum acie, accedente telescopii operâ, explorare valeas: facilè, ni fallor, judicabis, utri potiùs habenda fides sit; & an nostra telescopia Hugenianis deteriora sint: quidquid sit, si haec opella mea tibi grata acciderit, faciam aliquando ut aliquid majoris momenti ad perennem observantiae meae testificationem Serenissimo tuo nomini inscribatur.
FINIS. |
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