Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690

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N^o 2390^a.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
11 août 1685.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens¹⁾.
La Lettre fait suite au No. 2389.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2392.

Dieren cet 11^me d'Aoust 1685.

Depuis mon depart j'ay esté en impatience d'apprendre comment vous avez reussy avec nostre forme, et vous prie, de me le faire scavoir a la premiere occasion.

Si la pierre ronde ne fait pas l'effet qu'il faut on pourroit faire l'essay des morceaux de limes; vous n'avez qu'a en choisir ma femme aura soin de les faire payer, il vaudroit la peine me semble de faire cette experience, par ce que selon les apparences cela abregeroit le travail de beaucoup, car je ne croy pas que la taille des limes se gasteroit facilement.

Je suis apres a transcrire les memoires de l'Art²⁾ et ay fait plus de la moitjé. Je laisseray ouvert l'endroit ou il faut parler du changement de l'emeril jusques a ce que nous nous soyons encore mieux determinés sur ce point par quelques experiences lesquelles je m'imagine que vous ferez bien tost, du moins je l'espere, les chaleurs ne pouvant desormais vous empescher. Je suis bien trompé si je n'ay achevé mon verre de 85 pieds en changeant de matiere a chasque demy heure sans qu'il parust de ces inegalités en cercle, comme a ce dernier grand verre que vous scavez.

Le rond de papier qui va cy joint est la juste mesure du verre de mon microscope que j'ay icy et qui est plein de petits points, comme vous scavez. Je vous prie de choisir un bon morceau de verre parmy celuy que j'ay, et d'en faire faire par nostre homme un semblable verre, en luy commandant severement de l'achever avec la derniere exactitude. Peut estre il ne seroit pas mal de prendre pour cecy de ce verre de Rotterdam dont les fautes ne pourront pas nuire pour cet usage icy. Mais je le laisse a vostre disposition. A mon retour a la Haye je feray habiller ce microscope d'une autre façon, je le regarde comme un homme de condition habillé en gueux.

J'ay songé qu'il vaudrait peut estre la peine d'adjuster nostre machine a polir en sorte que l'on pust s'en servir comme si, de la maniere qu'elle est posée maintenant, on pouvoit tourner estant assis le dos contre la muraille; ce qui feroit qu'en

1) L'ambiguité du millésime écrit par Constantyn Huygens, ayant, ici encore, induit en erreur le copiste des Apographa, la lettre avait été classée parmi la correspondance de 1687.

2) Voir la Lettre N^o. 2382^a.

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ayant tousjours l'oeil sur le verre, on pourroit se servir de deux mains, dans une posture qui ne donneroit point d'incommodité. Je vous prie de songer comme l'on pourroit faire cela le mieux, et je feray le mesme chose. Il faut tascher d'adoucir la fatigue de la polissure au prix de la quelle tout le reste du travail n'est rien.

Je vous prie de commander a van der Burgh un instrument de cuivre avec la petite boule, comme nous en avons deux, pour servir a mon grand verre nouveau, quand il sera fait. Car pouvant l'achever en un jour, je voudrois trouver cela prest a mon retour. Je voudrois pouvoir faire faire aussi la chose de fer blanc ou il doibt entrer, mais ayant enfermé le verre, je ne puis en donner la mesure. Je voudrois que cette chose de cuivre fust un peu plus forte que les autres devant porter ce verre si pesant avec ce qui en depend.

Je croy qu'aujourdhuy j'auray achevé de copier vos papiers, mais je vous prie de m'envoyer le papier, ou sont les mesures des ouvertures, pour en mettre le contenu avec le reste.

Voor Broer Huygens.