Momenta desultoria
(1655)–Constantijn Huygens– Auteursrechtvrij
[Folio ***2v]
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Ordine quo perlata fuerunt.SUmme vir Hugeni, quem nil nescire negari
Non licet ingenuum quę didicisse decet,
Tam bene si scirem quę me nescire negasti,
Quam scio te summis vatibus esse parem,
Tum te veridicum possem quoque dicere vatem,
Ut credo reliquis vatibus esse parem.
Fingere nimirum docto dat Musa Poetę
Quod lubet, & verum non videt ullus amor.
Sic ego judicio nil nescio vatis amici:
Non ita, si vates deerit, amicus ero.
Scire negas unum, quod spondes velle docere,
Nempe malum vestri muneris esse librum.
Hoc unum est quod te nolim didicsse magistro,
Nec possum. contra stat tuus ille liber.
Quę tam fruge bona est, quę tam jucunda legenti
Pagina, tot promens seria totque joca,
Melle madens, & felle rigens, & utroque diserta,
Sic docet ut placeat, sic placet ut doceat.
SALMASIVS tuus, numine Musarum tuarum afflatus repentè fvsis his malis versiculis pro bono libro summas grates agit; Leidae Kal. Iulius cIɔ Iɔc xliv. | |
[Folio ***3r]
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Monsieur,VOstre riche present, qui vient de m'estre rendu, m'a ravi. Toutes les expressions, que je peux trouver, sont au dessoubs des pensées de recognoissance que j'ay pour vous. Vos exquises productions publiques suffisoyent à me faire naistre de l'admiration pour vostre excellent esprit. Mais vous avez voulu, que j'eusse une obligation particuliere à me recognoistre vostre redevable par le Poëme tout vostre, dont il vous a pleu m'honorer. Ie le diray parfaict, si je n'en estoy le subject. Ie voy, que vous avez voulu monstrer qu'il n'y a point de matiere si rude, qui ne soit capable de la polissure de vostre main. Ie suis tenté à valoir quelq́; chose puis que vous me faictes l'honneur d'avoir des pensées avantageuses pour moy. Que pourra produire vostre solitude, puis que les Tambours & Trompettes ne peuvent faire assez de bruict, pour vous empescher de vous recueillir en vous mesmes? I'ose vous renvoyer une legende pour vostre don. Vous aurez subject Monsieur, de dire que je vous paye de mauvaise monnoye, & que le commerce que vous avez voulu commencer, vous est trop desavantageux pour le continuer. Ie l'advouë, en attendant le bonheur d'y suppleer d'ailleurs. Cependant je vous baise treshumblement les mains, & m'en vay m'entretenir avecque vous, & donner des heures à vos agreables Momens, demeurant avec mes voeux & mes devoirs, Monsieur, Vostre tres-humble & tres-obligé servit. SPANHEIM. De Leiden ce 2. Juillet 1641. |
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