Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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7175. Aan H. de BeringhenGa naar voetnoot1). (K.A.)Apres vous avoir espargné tant que j'ay pù la peine inutile de lire de mes lettres, j'ay creu que, pour user tousjours de la mesme retenue, sans manquer au devoir de vous rememorer ma tres-humble et tres-constante affection à vostre service, je devois attrapper ceste occasion et ce moyen de vous faire complimenter de bouche par une forme d'ambassade meslée de deux sexes de mes sujets plus naturels. Peut estre vous souviendrez vous d'avoir veu ceste petite femme dans le berceauGa naar voetnoot2), peut estre aussi que non; car comme ce fut en l'année de nostre prise de Breda 1637, que la mere mourut en couche, je pense que vous n'aurez pas vescu ensemble en ce païs icy. Tant y a que m'ayant veu mari de ceste pauvre mere, dont les vertus ne vous ont pas esté inconnues, j'espere que vous n'aurez pas à deplaisir que je vous en represente la production, accompagnée de toute sa jeunesse, relique du plus grand nombre de creatures dont elie a eu soin de me faire si souvent le grandpapa. Que la trouppe pour estre si nombreuse, ne vous effraye pas; elle ne vous sera aucunement à charge ou importunité. Le mariGa naar voetnoot3) qui a l'honneur de ne vous estre pas inconnu, marche à la teste, connoist le païs et la langue, et aura bien l'adresse de regaler sa bande de ce qu'il y a de bon et de beau à veoir dans Paris et ses environs. C'est, Monsieur, une curiosité qu'il me semble qu'on ne doibt blasmer en des jeunes gens de leur calibre, et qui, par la grace de Dieu, possedent de quoy contenter leurs envies. Autre sujet de leur pelerinage - qui ne durera qu'un mois en France - est l'indisposition du bon frere Archimede, qui languit depuis quelque temps en sorte qu'il me faict la derniere pitié. On m'asseure que la veuë de ses proches, et nommément de ceste soeur unique qu'il ayme uniquement aussi, pourra le recreer, et le remettre en estat de s'en venir me veoir avec elle au païs natal, qui en pareille occasion luy a faict grand bien. J'ay tousjours jugé que ceste complexion si foiblette succumberoit à la fin à ce trop fort esprit, et que, de la maniere que je m'y prens, à peine me pourroit il survivre. Ce sera comme il plaira à Dieu de disposer du beau prest qu'il m'en a tant faict, et laissé jouïr, et en telle occurrence, Monsieur, je me prevaudray de vostre exemple, et tascheray de tout supporter avec la moderation que nous vous avons veuë, quand vous vous estes veu ravir plus d'une fois ce que vous possediez de plus cher au monde. C'est là estre Mons.r de Beringhen. Je prie Dieu que vous puissiez continuer de l'estre autant que vous le desirerez et tousjours le souhaitte du fonds de son coeur ..... 9 May 1681. |
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