Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend7145. Aan N.N.Ga naar voetnoot8). (K.A.)Ne connoissant autre personne de condition que vous mesme interessée dans les digues de Zuylichem, au sujet desquelles je vois tant d'iniquité bandée contre moy en ce grand aage de 83 ans, qui a beaucoup plus besoin de repos que d'insulte de gens malitieux, je ne puis m'empecher de vous tesmoigner combien il me pese d'apprendre que de guet à pens on travaille à me faire | |
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declarer proprietaire de ce qui n'a jamais esté à moy. Il est certain, Monsieur, et tout mon monde de pardelà le sçait, que jamais je n'ay possedé ni voulu posseder un poulce de terre dans Zuylichem qui eust charge de digue. Ce nonobstant, la derniere impudence s'employe à me soustenir en barbe, que pour avoir eu soin, en qualité de seigneur du lieu, de faire administrer en bon ordre et par receveur expres des biens ecclesiastiques au prouffit de ceux qui en ont du jouïr à raison de leur ministere et ce qui en depend, ce seroit à moy d'essuyer les charges auxquelles ces biens là peuvent estre affectez, sans jamais en avoir perceu le moindre sol. Position fondée dans une iniquité si enorme, si barbare et si insupportable en païs de justice, que sachant, Monsieur, qu'on est allé mesme assumer en ceste judicature un homme intendant de quelques unes de vos terres audit quartier, j'ay pensé vous devoir prier, de vouloir luy conseiller de ne s'en point mesler, en luy faisant comprendre, et par luy à ses collegues, que je suis nullement d'avis d'acquiescer à quelque decision impertinente, dont je ne sçay, quel illustre tribunal de GeversGa naar voetnoot1) pourroit entreprendre de m'outrager pour leur propre interest, resolu au contraire d'employer jusqu'au dernier denier de mon vaillant, pour me faire rendre justice, où je suis bien asseuré qu'elle me sera rendue claire et nette; par ou, peut estre, ceux qui aujourdhuy pretendent se mocquer de moy n'en riront pas pour tousjours. - Il y a bien plus, Monsieur, c'est que, là où mon dessein est de pousser mon nouvel ouvrage dans la riviere a telle estendue, que toutes les mauvaises digues en resteront couvertes, pourveu qu'on me laisse jouïr de mon bien en paix; si au contraire on persevere à me rompre la teste par de si vilains procedez, tous et un chacun des interessez doibvent faire estat, que je ne mettray plus la valeur d'un liard à ces ouvrages, ains plustost laisseray perir ce que j'en ay entamé à grands fraix; en suitte de quoy ils auront bientost à se promettre une nouvelle inlaghe, qui avec leurs digues achevera de ruiner le village et ce qui en depend; dont je n'ay aucun sujet de me mettre en peine, ne m'en revenant au lieu d'avantage que fraix et depenses inutiles. Ne trouvez pas mauvais, s'il vous plaist, Monsieur, que je vous en donne cest entretien; je vous y considere doublement interessé, d'un costé pour quelque partie de vostre bien, de l'autre pour l'egard que vostre naissance vous oblige d'avoir à ce qui est de la defense et du maintien de justice et d'equité, et à ne point vouloir concourrir avec ceux qui par d'autres voies, ne font point scrupule de s'escarter du chemin de la verité, au detriment de leur prochain. Je vous baise humblement les mains et reste de pere en fils ..... A la Haye, ce 14e Janvier 1680. Je ne sçauroy, Monsieur, vous cacher à ceste occasion, qu'il y a desja quelque temps, que des personnes sensées m'ont voulu informer, comme vos ouvrages dans la riviere à Rossum se trouveroyent fort prejudiciables au service de l'Estat et particulierement au fort S.t André et qui en depend, temoignans desirer, que je procure aupres de S.A. qu'elle envoye en prendre connoissance sur les lieux. Mais je me suis abstenu jusqu'à present de vous causer ceste inquietude, osant me promettre que vous ne me refuserez pas d'en user de mesme en mon endroit aux occurrences, soyent celles d'à present, ou d'autres qui pourroyent arriver. |
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