Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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7085. Aan H. de BeringhenGa naar voetnoot1). (K.A.)Je respons, Monsieur, à celle qu'il vous a pleu m'escrire du 6e de ce mois, qu'il n'est traicté, ni de Munster ni des Pyrenées oû nous ayons eu soin de nous faire comprendre, que je sache, et ne le ferons pas encor, s'il plaist à Dieu, en celuy qu'on va conclurre. Il faudroit que quelque dissension eust passé devant, et en avons nous jamais eu aucune qu'à qui aymeroit mieux son ami? C'est là en effet une noise, mais dont je ne souffriray que de ma vie personne se mesle de nous tirer, et vous me permettrez bien de vous croire dans la mesme intention. Pour le publiq, comme j'ay assez vescu, pour avoir appris à ne m'ingerer en chose oû mon debvoir ne m'appelle point, j'ay veu faire et laissé faire, et me suis possedé en silence et patience, croyant qu'une fois la fin arriveroit. C'est ce que m'a appris un de vos plus sages Papes à mon avis, et qui a vescu de nostre temps. Il voyoit deux hommes se gourmer devant sa fenestre, et sur ce qu'on demanda, s'il ne vouloit pas les envoyer separer, Point, point, dit-il, laissez les faire; quand ils seront las, ils se separeront eux mesmes. Dans la version heretique de nos Pseaumes il y a une conclusion importante de cest article, que je veux vous alleguer: Mais quoy, je veux escoutter que dira
Le Seigneur Dieu; car à ceux-la qui sont
Doux et benins, de Paix il parlera,
Et eux aussi plus sages deviendront.
C'est ce que je souhaitte de grand coeur à tout ce monde acharné, et voudrois le pouvoir faire sans regarder en arriere, avec ce terrible regret qui me travaille de tant de sang Chrestien espandu au gré de ceux qui en voudroyent veoir le nom esteint à jamais. Il faut qu'à force je m'empesche d'entrer en ceste matiere, mais dans peu je vous envoyeray un ambassadeur qui aura l'honneur de vous en dire d'avantage, s'il ne vous ennuye d'en plus ouïr parler, comme à moy. C'est mon Archimede, qui va rapporter en France une santé que pour sa complexion tousjours foiblette l'air natal a assez bien restablie. Des à cest' heure, Monsieur, je commence à vous le recommander, comme le fort cher et peut estre assez digne enfant de ..... 17 Juin 1678. |
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