Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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7000. Aan prins Willem III. (K.A.)J'ay esté fort marry d'apprendre que la multiplicité des occupations de V.A. n'a pû souffrir que j'obtinsse la grace d'un moment d'audience pour mon fils. Je continue à me flatter de ce qu'il n'y a autre raison que celle là qui nous ayt destourné ceste faveur. Car si je pouvois imaginer que ce fust que V.A. eust resolu de laisser destruire ce drossart, en l'exposant à la malice de ses enemis, je sçay bien qu'il conviendroit que je prinsse d'autres mesures, et que nous armans de patience, nous nous soubmissions humblement à ses bonnes volontez. Mais ne voyant pas, en me tournant de tous costez, sur quoy fonder ceste apprehension, je m'avance encore ceste fois à supplier treshumblement V.A. de considerer, maintenant que ce vroedschap maladeGa naar voetnoot1) est trespassé et que les partis formez dans la ville se trouvent reduits à l'equilibre, [qu']il n'est rien de si aysé, que d'y remettre la concorde, au moyen de quoy, toutes animositez cessant, il ne seroit plus aucunement besoin des commissaires de la Cour, l'envoy desquels n'a esté procuré que par des petites gens envenimées contre l'officier, sur des sujets qui au fonds seront trouvez n'en valoir pas la peine, et cependant ne lairront pas d'estre soustenu par impudence à force de parjures et faux sermens; tesmoignages en somme, sortant de bouches enemies, qui selon les loix ne meritent aucune foy. Il ne resteroit donc qu'une surcheance provisionnelle du voyage desdits commissaires jusques à ce qu'on eust tenté de pacifier le magistrat divisé, à quoy les apparences se monstrent si favorables aujourdhuy, pourveu que V.A. vueille faire paroistre qu'elle le souhaitte pour le bien de la ville, et en suitte pour le service de l'Estat. Je la supplie tres-humblement, comme le jour de ce voyage est prochain, d'avoir la bonté de s'y resoudre et pour nostre esgard de considerer de combien nous importe de veoir arrester un cours de procedures dont la consequence enfin ne pourroit aboutir qu'à des citations personelles, et autres inconveniens portans infamie, dont par la grace de Dieu, ma famille est demeurée exempte durant tant d'années de services, dans lesquels jamais ne m'est arrivé d'avoir receu - ni merité que je sache - aucun blasme ou reprimende, ains tousjours au contraire toute sorte de douceur, de bienvueillance et de remercimens, mesme de la pretieuse main de V.A. que je garde pour la meilleure relique de ma maison. 24e Dec. 75. |
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