Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6980. Aan H. de Beringhen. (K.A.)‘Puisque vous prenez la peine, Monsieur, de vous interesser en ce qui est de ma santé, et d'observer jusques où va la vigueur de mon aage, je suis tenté de vous en faire passer l'envie, en vous informant, que me voyci heureusement le retour d'un voyage de trois sepmainesGa naar voetnoot6) dans lesquelles j'ay esté regler les affaires de S.A. dans plusieurs isles de Zelande, où son domaine est grand; de là en Flandre, territoire de Hulst, où il y en a plus qu'en tout le reste, et cela faict ay esté recevoir et ajuster ses comptes de la vicomté d'Anvers, jurisdiction de plus d'honneur que de revenu. Vous sçavez d'ancienneté que j'ay pû faire tout ce tour, bien couché dans un jacht de S.A., mais vous ne sçavez pas que, pour visiter terres et digues, il a fallu rouler souvent, et parfois faire le bon basque à pied; encor moins sçavez vous que revenant coucher à bord je n'y ay pas abusé de mon loisir sans livres, ny sans le meilleur luth de la terre, qui m'accompange partout, my mesme sans produire quelque gigue ou sarabande de mon creu, pour comble d'une quantité si immense de ceste sorte de bagatelles que j'ay honte de les reveoir, et cependant ne quitte pas cest entretien harmonique, pour le bien que je m'imagine et | |
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trouve qu'il me faict à l'aage où je suis. De sorte qu'apres moy on trouvera des gros livres pleins de mes compositions pour le luth, le theorbe, la viole de gambe, le clavecin, et s'il plaist à Dieu pour la guitarreGa naar voetnoot1). Bien heureux donc ceux qui ne font qu'une folie en leur vie, mais de continuer, direz vous, d'en faire une tout du long des jours de ceste vie, comment cela se peut il excuser. Que si j'y adjouste douze livres de poemes latins que j'ay mis au jour, et autres vingt sept en ma langue maternelle, vous en fremirez; mais remettez vous en memoire, s'il vous plaist, si à la cour ou à l'armée vous m'avez jamais veu oisif ou negliger les affaires publiques, et vous pourrez bien conclurre, comme il est tres-veritable, que jamais je n'ay esté assis la plume à la main au sujet de ces divertissemens, que pour marquer à la haste ce qui m'en estoit tombé dans l'esprit, ou à cheval ou en carosse, ou en me promenant, ou en m'habillant etc., et en suitte, Monsieur, vous ne voudrez pas m'accuser d'avoir perdu trop de bonnes heures inutilement. Car c'est icy comme une confession et recapitulation auriculaire de mes foiblesses, que j'ayme à vous faire familierement, en esperant que comme telle, vous la voudrez mieux menager que ma derniere lettre qui m'a faict rougir, quand j'ay veu que vous avez pu oublier son auteur jusqu'à la faire veoir à des personnes de merite.’ Ik schaam mij daar bepaald voor, omdat ik weet, welk cen afstand er bestaat tusschen de bekwaamheden van uwe natie en van de mijne, en hoop dus, dat gij niet weer mijne brieven aan anderen zult laten lezen. 15 Aoust 1675. |
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