Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6932, S. Chieze. (L.B.)Peust estre, Monsieur, que sur la foy de ma lettre cy jointe vous ne croirez pas ma misere imminente telle que je la vois, et pour vous exciter à compassion je dois vous dire plus serieusement, que je n'ay fait, que cependant qu'il ne reste sur pied en Bourgoigne que deux ou trois villes, que les Francois maistres de toute la campaigne, possedent les terres de S.A., je ne cesse de nourrir icy dixhuit bouches precises, sans compter mes quatre mules, et que auribus tenes lupum, n'osant pas pour l'honneur du Maistre, licentier mes domestiques et ne sachant de quoy nourrir à l'avenir des gens que jusqu'icy je n'ay fait subsister que par un grand mesnage des 7500 livres que S.A. me donne. Les joyaux de ma femme scavent sans repugnance le chemin du lombard, pero son pocos. 3000 ℔ de revenu qu'elle a en Bourgoigne ne me sont pas payez, et ne servent, graces aux conquestes de la France, qu'a former des arrerages insolvables. Mes gages d'Orange et de Bourgoigne estant aguardando | |
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la paix generalle, et mon peu de patrimoine sert a tenir sur pié la maison et famille que j'ay en ce pays la. De sorte, Monsieur, que me voicy a secas, et bientost en cueros. Je pourrois bien demander à compter de la debte de S.A. mes alimens au president de Hazienda, et il me les accorderoit avec joye pour se deslivrer des billetz doux dont je le ressers de tems à autre, mais à Dieu ne plaise que je me serve d'un remede el qual me taparia la boca, et j'aymerois encor mieux empeñar ma femme et enfans, que de m'oster la liberte de parler haut, et que de nuire pour ma convenance particuliere à celles du Maistre. J'avois proposé un expedient pardela pour que ma subsistance me fut assignée sur les costes d'Espaigne, mais la paix d'Angleterre heureusement conclueGa naar voetnoot1) pour tout autre que moy, ataja el passo aux armateurs. Enfin, Monsieur, dites moy ce que je dois faire, vous qui scavez tant de bien; de tous les genres de mort el mas aborrecible est celluy de la faim, et vous n'ignorez pas que l'Espaignol dit Muera Martha
Y muera harta.
Vostre proverbe du village sans maison me fait souvenir que l'an passé j'en avois demandé un tout pareil à S.A., dans lequel le frere de ma femme a des fonds, qu'il offre de me donner faute d'argent comptant. Je vous suppliay, Monsieur, d'estre favorable à cette pretention; vous me le promistes genereusement. Je ne scay si ma requeste qui sera entre les mains de Mons. Buysero fils n'a pas esté venë ou si elle a esté rejettée. Je le prie presentement de vous la communiquer et de prendre voz bons avis pour la supprimer ou la faire revivre dans un tems si calamiteux. Le sejour d'Orange m'est en horreur, et j'ayme mieux estre condamné de passer mes jours dans le mont Jura que d'estre spectateur eternel des ruines de ma patrie. Oxala, que par quelque semy drossardie, o alguna Contaduria fantastica, il me fut permis de vivre et mourir aux pieds de V.S. Ill. como su criado de escalera abaxoGa naar voetnoot2). |
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