Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6790. S. Chieze. (L.B.)aant.J'apprens que vous estes seul à Londres et que S.A.S. en est parti despuis le 25 du mois passé avec beaucoup de JacobinsGa naar voetnoot3) en trousse, qu'il en reste encor un beau nombre à retirer et que c'est ce que vous attendrez. Apres vous avoir felicité, Monsieur, d'un si beau succez, je continueray à vous donner compte de mes travaux, et quoyque je peusse entre peu de lignes vous dire le peu qui s'est fait despuis quinze jours, je ne laisseray pas, graces à mes remarques, de rendre cette lettre d'une raisonnable longueur. Je vous [ay] marqué par ma derniere que j'avois presenté un memoire à S.M. touchant l'affaire de Mad.e d'Isenguien par le Conseil et sous le dictame du marquis de la Fuente mon commissaire, que pour ce mesme Conseil et inspiration j'allois changer quelque chose dans l'ordre du memoire que j'avois dressé des pretensions de S.A. en vertu du traitté de l'an 1651, ce qui m'empescha pour lors de vous en envoyer copie, que vous recevrez presentement. Despuis ce tems la il ne s'est rien passé que des continuelles sollicitations de ma part pour presser la response de la Reyne qui n'est pas encore descendue et peut estre n'at elle [le tems] jusques apres les festes de Pasques, puisqu'on va bientost entrer dans les vacations, et que par les papiers - que je vous dis aussy pour lors, qu'on me devoit communiquer - j'ay veu que la politique et les advis du Conseil d'Estat sont de m'amuser et de m'entretenir dans la confiance, liquidant les sommes claires, ainsy que je l'ay demandé, escoutant les propositions de moyens, | |
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que j'ay tousjours vouloir faire, et que cependant la response de Flandres viendroit; j'ay bien tousjours creu qu'on ne le determineroit à rien icy jusques à cette response, mais il estoit tousjours bon d'estre asseuré de l'intention de cette cour, suivant quoy j'accommoderay ma marche, et donneray un autre tour à ma sollicitation. J'ay eu plaisir de lire et examiner les propres termes dont le Conseil d'Estat trouvoit à propos que mon commissaire me mesnage et m'amadoue, en sorte que je ne voye bien que je leur pese, mais je ne vois pas encor une ferme resolution - encor moins les biais - de m'envoyer satisfait. M.rs de Beverning en de Godolfin s'asseurent pourtant que si, se confians sur les termes avec lesquelz ils ont chascun par devers son ordre de ses maistres de s'expliquer et de pousser cette pretension. - J'ay fait tout mon possible pour avoir copie de ces papiers, c'est à dire en offrant un peu plus que je n'avois donné pour la simple veuë, et la chose m'avoit esté promise pour aujourdhuy, mais ne voyant rien venir, je crains que la confiance ne soit pas encor bien establie, et que la personne n'ose pas risquer sa fortune. Car icy on est d'ailleurs si chiche de copies que M.r le connestable mesme refuse de donner par escrit sans particuliere permission de la Reyne les responses qu'il fait de sa part à M.r de Beverning, et cella joint à tant d'autres lenteurs de cette cour chagrine furieusement cet ambassadeur, dont j'apprehende plus l'impatience que toute autre chose, et qu'un matin il ne s'eschappe, les François s'attendant desja à cella, connoissant l'humeur prompte de ce ministre et le genie de ceux de cette cour, qui dorment à l'abry de la prorogation que D. Luis a accordée. Mais me voila dans les affaires d'estat que je ne considere que par reflexion à ceux du Maistre. M.r de Beverning s'y va attacher tout de bon à ce qu'il m'a promis, et demain je m'en vais l'interpeller ..... Madrit, le 18e Mars 1671. |
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