Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6712. Aan Lord ArlingtonGa naar voetnoot2).*Je ne me suis point hasté de respondre à la lettre qu'il vous a pleu m'escrire par M. le chevalier SylviusGa naar voetnoot3), qui a passé par ceste cour, pour n'y avoir trouvé de quoy vous importuner dans la presse de vos plus grandes occupations. Nous avons beaucoup raisonné ensemble sur le sujet des interests de S.A. Monseigneur, et il n'a pas manqué de nous bien asseurer des bonnes intentions du Roy pour elle. Mais enfin, Monsieur, tout n'aboutist qu'en discours, et vous sçavez comme les effects nous sont necessaires, et qu'à moins de cela nous souffrons plus que je n'ose dire. Encor n'est ce pas tout que S.A. demeure si longtemps en poursuitte inutile de son argent. C'est la reflexion, Monsieur, qui nous faict le plus de mal. Le Roy d'Espagne se prevault de ce qu'il void nous arriver en Angleterre, et a trouvé l'adresse de nous payer qu'en paroles plusieurs millions qu'il nous doibtGa naar voetnoot4), et qui, sans compter les interests, s'accumulent tousjours d'une rente de 80000 ℔ par an. La France, apres nous avoir faict le desordre à Orange, dont la reparation a tant cousté de peine et d'argent, vient de nous ruiner jusqu'à six beaux et bons chasteaux en Bourgogne, sans vouloir entendre à aucun dedommagement. N'en est-ce pas trop, Monsieur, de trois grands Roix contre un jeune Prince d'Orange? Je vous supplie tres-humblement d'avoir la bonté d'en porter la consideration aux oreilles de S.M.té, qui est si pleine de douceur, et a, je m'asseure, le coeur si tendre pour ce sien nepveu, qu'elle ne le voudra plus [faire] souffrir dans ceste incommodité. Il est vray, Monsieur, que la somme dont vous gardez les ordonnances, n'est pas petite, mais enfin elle est toute nostre, et pourroit au moins estre fournie par termes de payement supportables. C'est à quoy, je fay estat, que S.M. nous fera aisément la grace de vouloir entendre, pourveu qu'il vous plaise, Monsieur, d'y seconder S.A. par les bons offices auxquels je ne cesse de tesmoigner que je vous ay veu entierement porté lors de ma negociation en vostre cour. J'ay tousjours à me louër et à vous rendre graces tres-humbles | |
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de la bienvueillance dont il vous a pleu m'honorer. Je vous supplie de croire, que je m'en tiens estroittement obligé de vous faire connoistre toute ma vie, que je suis avec verité ..... A la Haye, 13/23 May 1669. |
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