Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6655. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot6). (K.A.)aant.Je n'ay pas accoustumé de laisser V.A. si longtemps en attente de mes nouvelles, mais quand j'ay esté seul, je n'ay agi que de mon chef. Il est vray cependant que nous n'avons guere eu à dire jusqu'à present, sinon que nous avons poussé le temps, pour veoir comment beaucoup d'honestes gens pourroyent reuscir à tirer quelque bonne resolution des deux villes de dehors et de celle cy. Car en vain s'amuseroit on à Tertolen. Là dedans on s'est flatté de je ne sçay quelles apparences, sur lesquelles je n'ay jamais osé faire fondement, ne se trouvant plus en Zelande la rondeur ni la candeur dont ceste province se souloit picquer. En effect, quand le grand jour est venu où on avoit faict estat que les mauvais trouveroyent telle rencontre, que cela les adouciroit et ensuitte les rendroit susceptibles de nos moyens d'accommodement, à quoy on ne leur voyoit aucune disposition, la chance est tombée tout au rebours, et ces beaux membres, desquels pour le moins on avoit esperé quelque indifference ou neutralité, se sont oubliez jusqu'à dire qu'ils estoyent prests à travailler | |
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aux affaires de l'Estat, non pas avec les deputez du magistrat de Ter Vere, mais avec leurs parties, un nombre de gens intrus par eux mesmes, sans aucun charactere, et sous la direction de cest infame boutefeu, que V.A. connoist, qui travaille les premiers ministres de l'Estat d'une maniere prodigieuse, en foulant impudemment aux pieds toute la majesté et tout le respect de ceste assemblée, que nous avons veu plus grave et plus venerable que celle d'aucune autre province. Il est vray que Flissinghe en corrigeant sa faute passée, et tenant assez ferme le lendemain contre la pretendue resolution du 9e, Middelbourg aussi s'est laissé instruire et a parlé plus sensément, d'où est suivie la resolution de faire tenter l'accommodement par des membres de l'assemblée jusqu'à apresdemaiu. Mais je voy les fiers si fortifiez et animez par ceste premiere demarche à leur avantage, que je ne puis me promettre aucun succès de ce costé là. Le poison de dehors opere si fort icy dans la pluspart des coeurs, qu'enfin V.A. void par nostre lettre commune à quelle insolence l'abondance de ces coeurs a reduit des bouches, et peut conclurre de là ce qui reste à esperer. A mon advis, c'est chose certaine, que si trois ou quatre personnages d'honneur et tout pleins du souvenir de ce qui est deu à la Maison d'Orange, ne tenoyent bon à vive force contre le torrent d'iniquité qui se dispose à nous courrir sus, en moins de rien l'on seroit icy moins que rien, que Dieu ne veuille. Car V.A. aura veu par le contenu de ceste belle et vigoureuse deductionGa naar voetnoot1), à quoy les bons d'icy tendent, et comme leur intention est, de ne guere delayer l'execution de ce qu'ils ont sur le coeur etGa naar voetnoot2) jugent si salutaire. Nous attendons ce que nous dira M. de ReigersberghGa naar voetnoot3) sur l'ouverture que V.A. void que nous l'avons prié de faire à ses collegues, sans oublier de l'amadouer de la faveur certaine de V.A. aux occasions de son interest. Il en faut esperer quelque chose, mais toutes les apparences me font tout craindre. Il en sera ce que Dieu a determiné, pourveu que V.A. me fasse la grace de se tenir satisfaicte de ma fidelité. A Middelb., 18 Mars 1668. |
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