Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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nostre bon evesqueGa naar voetnoot1) le Seign.r son reverend vicaire, personnage que je voudrois vous pouvoir depeindre au vif, je vous supplie d'aggreer aussi que, non pas comme serviteur du Prince d'Orange, mais comme tout à faict le vostre, antiquum obtineam, et quasi expugnato Tartareo custode Cerbero, comme je soulois, je me rue dans vostre cabinet, pour vous dire sur ceste illustre matiere qu'il me semble qu'il y a de quoy s'estonner de veoir l'alarme que l'on prend de ce qu'une assemblée d'honestes et devots catholiques romains introduit je ne sçay quelle petite nouveauté dans l'eglize, pendant que personne ne s'interesse d'une si enorme abondance de nouveautez dont le mesme catholicisme a rempli les lieux saints depuis le pavé jusq'aux voutes. Car, pour ne toucher qu'à ce qui est de la matiere en question, quoyque j'ayme et frequente assez la lecture de l'histoire de l'eglize primitive, dont la moins suspecte me semble finir avec les Actes des apotres, j'avouë n'y avoir jamais trouvé la moindre mention d'aucun daix, ni toict dont ces premiers evesques fussent couverts, ni de mitre non plus dont le bonhomme Mons.r S.t Pierre eust la teste ornée; ne me souvenant pas mesme que les plus fameux peintres romains l'ayent jamais osé couvrir d'un pauvre chapeau. Voyez, s'il vous plaist, Monsieur, si ceux qui ont porté la magnificence apostolique à un degré de nouveauté, où ils en sont aujourdhuy, debvroyent se scandalizer d'un petit couvert dont trois ou quatre venerables senateurs catholicissimes se sont avisez de defendre leurs calottes de la poussiere d'un vieux bastiment et des araignées qui en sont en possession. Encor, ce[s]Ga naar voetnoot2) Messieurs ont l'esprit de se munir de tres-forts exemples, allegans que dans Avignon, la saincte cité, il n'y a college de mestiers qui ne possede son banc couvert aux eglises. Il est vray que le texte du patriarche Rabelais porte en termes formels qu'en ce païs là on jouë à serre croupiere, car, dit il - notez car - c'est terre papale, mais je n'attens pas qu'on fasse valoir la medisance contre nos Orangeois, car au moins doibt on les reconnoistre tanquam ejusdem fidei domesticos; et où est ce que la regle des choses sainctes se peut mieux verifier qu'au S.r Chieze? En un mot, Monsieur, seroit ce pas icy une affaire à demesler entre un vicelegat d'AvignonGa naar voetnoot3) et un evesque d'Orange? J'en serois d'advis pour ma part, mais vous n'advouerez pas là dessus la competence d'un heretique, comme ce n'est pas d'aujourdhuy que vous m'honerez de ce charactere. Passe pour encor ceste fois. En tout cas, quelle pensez vous que doibt estre ma joye de ce que ce banc sacrilege et assassin de la dignité episcopale n'est pas une fabrique huguenotte, et qu'il n'y a pas noise que de pair à pair, de fidele à fidele, comme vous pourriez dire latro ad latronem. S'il en estoit autrement, quel vacarme par toute la Chrestienté tramontane. Je suis bien trompé si le pauvre Messire Calvin n'en seroit fouëtté de nouveau en effigie. Et haec quidem hactenus. Pour changer de ton, Monsieur, de peur qu'une autrefois vostre .....Ga naar voetnoot4) Cerbere ne retourne à me faire visage de bois, j'ay à vous dire serieusement, en premier lieu, que je ne tien point la chose decidée, sçavoir, si vous estes plus ami du bon Sig.or Fabri que je ne luy suis serviteur, croyant l'estre autant que personne, secondement que leurs Altesses ayants eu la bonté de m'ouïr sur ceste matiere ont tesmoigné de n'approuver aucunes nouveautez qui puissent | |
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nuire ou deplaire à qui ce soit, et par consequent, si dans peu nos couvreurs de bancs d'eglise ne produisent des argumens plus valables pour leur .....Ga naar voetnoot1) que ce qu'on en a veu jusqu'à present par main tierce, la descouverture qu'on demande .....Ga naar voetnoot1) disincomeratione (?) di castro. C'est de quoy je donneray advis à son temps au cher evesque et de quoy par avance vous pouvez faire estat sur ma parolette che non si troveran mai infide à l'endroit de meus Leaena, de qui je suis avec tout ce qui se peut de pouvoir et de verité ..... 22 Dec. 1667. |
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