Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6520. Aan De MonmorGa naar voetnoot4). (K.A.)Je vous rens graces tres-humbles des presens que vous me faictes, et que vous me destinez. Il ne sçauroit rien partir de vostre main, qui ne soit digne de tomber en celles des plus sçavans. Pour moy, je tiens tout cela comme de la drogue passée au crible, et me condamne par avance à louer et approuver ce qui ne vous a pas depleu. Les reliques posthumes de l'excellent SarbieviusGa naar voetnoot5) me sont en estime comme tout ce qui est sorti de ceste noble plume. Par ma derniere je vous ay touché quelque mot de je ne sçay quelles devises ou emblemes de vos Roix, dont je ne me souviens qu'in crepusculo. Si c'est quelque chose de bon, il ne se peut, Mons.r, que vous n'en ayez connoissance, et cela estant, je seray bien ayse d'en pouvoir estre informé, pour tascher de m'acquerir ce volume. Les beaux eloges aussi que vous donnez au p[ere] le MoineGa naar voetnoot6) me font souhaitter de veoir un indice de ce qu'il a produit utroque sermone. S'il vous plaist, Monsieur, d'en donner la charge à quelqu'imprimeur ou libraire, je le recevray à beaucoup de faveur, bien entendu qu'il vous plaise disposer de moy avec la mesme franchise. Il pourra arriver que nos gens produisent icy des choses que vous pourriez avoir envie de veoir. Honorez moy, je vous prie, de ce commerce, et si je vous manque en ce qui est de mon pouvoir, ou de mon industrie, ne daignez plus jamais me regarder, qui est la derniere execration dont je puisse estre puni. Le p[ere] BertetGa naar voetnoot7) m'escrit plaisamment selon son genie, que presentement il se trouve damnatus ad bestias in amphitheatro Nemausensi, et pourtant ne cesse de me promettre plusieurs choses, dont il ne se peut, Monsieur, que vous ne soyez importuné, qui pourriez bien vous passer de ce commerce. Ce que j'attens avec le plus d'impatience, ce sont | |
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ses pensées et celles des peres MenestrierGa naar voetnoot1) et de BussieresGa naar voetnoot2) sur une miene meschante dissertation adressée à M. Corneille, controverse de laquelle enfin vous serez reduit, par force, à vous rendre le juge souverain. Il dit de plus que le bon p[ere] ChaslesGa naar voetnoot3) a esté faict recteur du college de Chambery et adjouste pour sa morale: adieu les belles resveries et les machines. C'est une mauvaise occupation de gouverner des hommes, mais bien plus encor des moines. Je ne sçay si par ces moines il entend des Jesuïtes; je ne les ay jamais veu placer haut la categorie monachale. Il me donne quelqu'esperance de ce que nous le pourrions veoir passer en nos Provinces. Pleust à Dieu que cela fust, et que j'eusse le moyen de luy tesmoigner combien j'estime sa vertu, son scavoir et son amitié. On imprime icy une relation bien ample de ce qui s'est passé au restablissement d'Orange, depuis mon arrivée en ce pais là jusqu'à mon depart. Si vous voulez vous donner la patience de lire ceste piece, comme un ministre, homme de tres bonnes lettres l'a produitte, je vous en envoyeray un exemplaire, quoyqu'avec bien du scrupule, dont vous trouverez bien la raison dans ces exces d'eloges, dont on m'a estourdi parmi un monde, qui n'a sceu ce qu'il disoit d'aise de se veoir delivré de la persecution de quelques petits tyrans, qui ont dominé en ce chasteau et usé de leur pouvoir à tourmenter les gens de bien, directement au contraire des genereuses intentions du Roy, et mesme de ses ordres tres-exprès. - C'est domage que le mauvais verre du comte Fieschi à Lion a frustré le p[ere] Chasles de l'effect de sa belle industrie, comme me mande le p[ere] Bertet, mais l'espreuve cependant qu'il y a faict de ces princesses(?) à tirer la matiere du fourneau, sans ordes ni tortillons, est de grand' importance. Ainsi souvent on ne laisse pas de trouver quelque chose de beau par les chemins, quoyqu'on n'atteigne pas le but de son voyage. Ceci est bien long, mais j'ay de la peine à me tirer de vostre conversation, estant au point que je le suis ..... A la Haye, le 4e Febv.r 1666. Mon fils est vostre tres-humble et tres-obligé serviteur. Il me dit qu'il y a longtemps que l'horloger a receu quelque pistole, ce me semble, qui manquoit. |
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