Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6508. Aan graaf F. van DohnaGa naar voetnoot3). (K.A.)Selon la specification, portée par ma derniere du 24e DecembreGa naar voetnoot4), des depesches que j'ay eu l'honneur de vous faire depuis mon retour, c'est icy justement la sixiesme. Sur ceste diligence je vous prie de considerer comment je gouste les reproches que je voy qu'il vous plaist de me faire dans vos lettres à S.A. Mad. et à M. Chieze du peu de soin que j'aurois du service et des interests de S.A. au subjet des affaires de Bourgogne, tout de mesme que si je n'avois pas daigné d'en ouvrir la bouche. Je ne me mettray pas en posture de defense contre une accusation si mal fondée; leurs Alt.es et Mess. du Conseil, à qui j'ay tant rompu la teste de ce malheureux Bourgogne, se trouvans, peut estre, aussi surpris que moy, de vous veoir forger à par vous une opinion si sinistre d'un ancien serviteur de la Maison, qui, grace à Dieu, dans les quarante années qu'il l'a servie, ne pense pas avoir esté trouvé en faute de fidelité, auront bien la bonté de vous desabuser à son temps de ceste impression. Il est vray, Monsieur, que mes lettres le devoyent avoir faict, mais apres les avoir escrites et recommandées de la meilleure sorte, je cesse d'en respondre. Vlack proteste que, selon mes ordres, il a envoyé, et envoye tous mes pacquets aussi bien que ceux de Mad.e de Dohna au S.r CharasGa naar voetnoot5), qui s'est chargé de nos adresses, et sans doubte s'en acquitte comme il doibt. Apres cela j'ay de la peine à imaginer quel demon regne entre icy et Copet, capable de rendre vains et illusoirs les debvoirs que je n'ay cessé de vous rendre. En des rencontres de ceste nature ma coustume est de m'envelopper, comme disoyent les anciens, en ma vertu; aujourdhuy cela s'appelle la conscience, qui au moins en ce que dessus ne connoist rien qui m'inquiete. Pour la personne destinée à faire l'office | |
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que vous scavez à Bruxelles, c'est le Sieur de WevelinghoveGa naar voetnoot1) qui en a esté jugé capable, comme ayant bonne connoissance de l'affaire, de la langue que nous avons accoustumé de parler à Bruxelles, et de la jurisprudence. Il partit hier, muni d'instructions bien alembiquées, et de ce qu'il faut de pieces pour sa negociation. Dans peu nous sçaurons quelle esperance on en peut concevoir. Et quelque chose qui puisse arriver, nous nous consolerons d'avoir faict ce qui se peut humainement, non pas en ceste matiere là seulement, mais aussi en celle de la baronnie de Herstal que la comtesse d'YsenghienGa naar voetnoot2) est apres à nous enlever de haute lutte, qui n'est pas un des articles moins pressez de l'instruction dudit S.r de Wevelinchove. Pour l'affaire de Montfaucon et ReaulmontGa naar voetnoot3) nous ne sçavons que juger, Monsieur, de ce que nous voyons que vous mandez à M. Chieze des grands et terribles defauts qui auroyent esté trouvez au factum dont j'ay porté quelques copies de Dole, et que cependant vous ne cessez d'insister sur les advis qu'aurions à prendre de nos universitez. Desjà il y a quelque temps que ledit factum est entre les mains des advocats de S.A. qui sont tels, qu'il n'y a point de professeurs academiques, auxquels ils ayent à ceder; mais si ce factum, sur lequel ils ont ordre de travailler, est faux ou fautif, que pouvons nous attendre de leur consulte, et pourquoy, de grace, n'avez vous pas mieux aymé, Monsieur, nous informer promptement de ces erreurs que M. Chieze, ou pourquoy non en mesme temps, puisque ceste piece est le sujet sur lequel tous consultans ont à travailler? Il importe donc, comme vous voyez, que nous en soyons esclarcis au plustot, et je m'asseure que vous en voudrez avoir soin. On acheve d'imprimer le vieux factum, pour s'en servir au long et au large, mais, à ce compte icy, ceste depense sera inutile. Apres tout, Monsieur, je persiste tousjours dans l'opinion que la voye d'accommodement nous sera la plus seure. Je vous ay dit par ma derniere par quelle adresse je croy qu'il faut tascher d'y parvenir, et ne s'en trouvera point de meilleure, si je ne me trompe. Si tout cecy ne vous semble suffire pour espargner à Vlack la peine que vous avez voulu luy imposer, d'agir pour moy au rapport des affaires de Bourgogne, je souffriray volontiers qu'un si habile homme supplee au defaut de ma capacité. Pour à present le pauvre garçon en a rougi, quand Mess.rs du Conseil luy ont demandé en riant, s'il ne trouvoit pas à propos d'aller me representer, et certes, Mons.r, mes collegues ont voulu juger que c'estoit chose qui me debvoit piquer, mais je me suis contenté de la mespriser. Il me reste encor à veoir comment en jugera S.A. Mad. et si elle trouvera que j'aye donné subject par ma nonchalance à me veoir nommer un substitut de ce calibre là. On m'a encor faict veoir dans vostre depesche que j'aurois promis de vous procurer le moyen de venir rendre vos comptes pardecà. Je vous supplie tres humblement, Monsieur, de me pardonner, si je ne me souviens d'autre chose, que de vous avoir adverti en ami et tres humble serviteur, qu'à mon advis - dont je sçay que M. Chieze n'aura pas manqué de vous informer souvent de ma part - vous feriez bien de presser la closture de vosdits comptes, pour des raisons pregnantes, que, peut estre, j'y auray adjoustées, et j'ay bonne memoire de la difficulté que vous me fites la faveur de me dire, que la despense des voyages vous y opposoit, | |
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et du souhait que vous faisiez en mesme temps d'avoir occasion de vous rendre icy, en y estant appellé, ou quelque chose de semblable, mais que là dessus moy je me soye faict fort de vous en faire naistre le moyen, soit au subject de quelqu'employ de par l'Estat, dont je suis tres-incapable, ou bien au moyen de la boursse de mon Maistre, qui n'est nullement de ma disposition, et laquelle par le devoir de ma charge je suis obligé de tenir serrée tant que je puis. Je vous supplie, Monsieur, de considerer, combien cela semble esloigné de moy, et s'il ne faut pas qu'un estrange malentendu vous ayt causé ceste pensée. Je veux bien en attribuer la faute à mes mauvaises expressions, qui me sont si ordinaires, mais avec cela je ne puis laisser de vous protester que ce n'a esté nullement mon intention de me charger de choses au dessus de ma portée. J'avouë que trouvant nostre Estat engagé dans la necessité d'un mestier que vous entendez mieux que personne, je vous ay souvent souhaitté icy, pour veoir quelle bonne pesche nos eaux troubles vous pourroyent fournir, mais je n'en suis demeuré qu'à ceste sorte de souhaits que la vraye amitié faict naistre; outre que j'ay tousjours creu que vous ne manquiez pas icy de grans parens et amiz à vous tenir adverti de ce qui se pourroit offrir pour vostre bien. Si j'ay esté mal entendu à Copet, Monsieur, faictes moy la grace de croire que telle y a esté mon intention, et qu'en suitte vous la trouverez tousjours disposée à vous tesmoigner par mes tres-humbles services que je suis sans reserve ..... A la Haye, ce 14 Jan.r 1666. |
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