Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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6503. Aan H. de BeringhenGa naar voetnoot1). (K.A.)A mon retour en ceste ville d'un pelerinage de quatre ans, moins deux jours, j'ay trouvé mon jadis petit Maistre devenu si fort et si grand, que je n'ay pu m'empescher de gronder de ce qu'on luy laisse prendre de mauvaises habitudes en courant à la chasse, qu'il ayme eperdument, sans avoir commencé de luy donner aucune instruction de manege. Je ne sçay, si c'est qu'on a voulu attendre que je revinsse grand docteur de France, pour en dire mes beaux sentimens. Tant y a que j'ay ordre de vous supplier au nom de leurs Alt.es Grandemere et Petitfils, de vouloir veoir, si de pardelà vous ne pourriez pas nous envoyer un galant homme bien expert cavalerizzo, et capable de mettre un jeusne Prince à cheval, et de le former en sorte, que l'escolier et le maistre en puissent avoir de l'honneur. Nous ne parlons pas d'un escuyer en chef, qui sera un jour la charge de quelque personne plus hupée; seulement nous vous demandons la science, et prendrons à gré une qualité honestement mediocre, e0t mesme pour la religion serons bien ayse qu'elle sente un peu fort le fagot, de peur d'infection romaine. M. PelnitzGa naar voetnoot2) nous a fort loué un frere de M. de GuicheriGa naar voetnoot3), petitfils de M. de DomervilleGa naar voetnoot4), jadis gouverneur de S.A. nostre Maistre de glorieuse memoire; et semble que cestuy là mesme se contenteroit de quelque chose de moins que de premier escuyer. On en dit des merveilles pour la grande connoissance qu'il a non seulement du mestier susdit, mais aussi de la guerre et de tout ce qui en depend. J'espere que vous aurez moyen d'en sçavoir quelque chose au vray, ou bien, si ce ne seroit pas là nostre faict, de nous trouver quelque chose dans les academiesGa naar voetnoot5) ou ailleurs, dont nous puissions tirer le service que je vien de dire. Aurez vous bien la bonté d'en prendre un peu de soin, et de m'en donner quelque nouvelle? Je me suis faict fort de vous y persuader; voyez de grace, si vous voulez me descharger de la caution. J'ose entamer ce second feuillet, pour vous dire un mot de commentaire sur un texte que vient de m'envoyer M. de Lionne, du 25e de ce moisGa naar voetnoot6), comme vous verrez, s'il vous plaist, par l'extraict cy joinct. Je luy avoy mandé par occasion d'autres entretiens, que ne cessant de proner icy de l'extreme douceur et bienvueillance dont vostre excellent Maistre n'a cessé de m'accueillir en toutes rencontres - comme, en effect, je ne m'en sçaurois assez louër - je me trouve souvent en peine de ce que je doibs dire aux gens qui me demandent sans fin, quelle marque j'ay rapporté de ceste si bonne volonté du Roy dont je me vante. Et voicy donc sa repartie. Obligez moy de grace, mon cher Monsieur, de m'en dire franchement vostre advis, et si vous croyez que je puis honestement tenir ces fers là au feu, pour en presser l'issue, si vous avez | |
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la bonté de tesmoigner à mondit ami - qui, je m'asseure, l'est de tout son coeur - que vous en avez quelques connoissance; peut estre formerez vous entre vous deux la direction selon laquelle j'auray à me conduire. Est il pas vray que vous me connoissez, et ne m'avez jamais connu interessé que pour la vertu et l'honneur? J'espere que vous ne me refuserez pas ce tesmoignage, m'ayant veu en un employ dans lequel d'autres eussent faict leur main à outrance. Icy cependant il y va de la reputation; le reste ne me vault pas le parler, et un present ne me fera ni riche, ni pauvre, si on me le refuse, mais je sçay de bonne part, que le Roy mesme apres mon depart a demandé, si on ne m'avoit regalé de quelque chose, et pourquoy non, et s'il n'y auroit pas moyen de reparer cela. C'est ce qui m'excite d'autant plus à penser à une chose ordinaire, et qui s'attribue tous les jours à des ministres estrangers, qui n'ont pas demeuré tant de mois en vostre cour que j'y ay passé d'années. Si vous trouvez que j'ay tort, Monsieur, condamnez moy, et m'ordonnez de me taire; vous n'en entendrez plus parler, et pour cela je ne cesseray d'estre de toute la force de mon coeur ..... A la Haye, ce dern.r de l'an 1665. |
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