Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6284. Aan H. de Lionne. (H.A.)J'ay eu soin de me faire envoyer ce merveilleux arrest donné et executé contre la Monoye de S.A. Monseigneur l'an 1661, dont j'eus l'honneur de vous faire quelque mention dans ma lettre du 18e May dernier. En voyci un double, que je ne puis m'empescher de vous faire veoirGa naar voetnoot2). Je vous supplie de considerer s'il s'est jamais veu chose plus esloignée non pas de la raison et de la justice seulement, mais mesmes des genereuses intentions du Roy, qui dans sa lettre à Monsieur de Bezons du 3e Avril a voulu avoir soin de luy ordonner avec tant de precantion ‘de se conduire en sorte à Orange que nos officiers n'eussent pas subject de croire qu'il eust dessein d'exercer quelqu'acte de jurisdiction à leur prejudice, S.M. declarant qu'elle ne pretend rien entreprendre sur l'autorité de Son Alt.e.’ Je vous allegne vostre texte, Monsieur, pour l'avoir eu d'Orange mesmes, où ledit Monsieur de Bezons n'a pas faict difficulté d'en accorder une copie authentique à nos gens. Et j'y adjouste volontiers un passage tres-conforme à cedit texte d'[une] autreGa naar voetnoot3) lettre du 15e Apvril que vous avez eu la peine d'escrire à ce jeusne enseigne commandant du chasteau sur le subject de certaines impietez qu'on pretendoit avoir esté commises par une sorte servante de l'aage - comme je vien d'apprendre - de douze ans. Il y a, Monsieur, ‘que l'intention de S.M. est qu'il se contente d'en porter la plainte à nostre Parlement, et de poursuivre la punition des coupables sans demander la communication des informations qui ont esté faictes’. Et ceste depesche ayant esté faicte sans que j'en aye faict aucune instance, cela me confirme d'autant plus dans l'opinion que j'ay tousjours euë de ce que c'estoit en toute sincerité que le Roy nous a faict incessemmant l'honneur de protester qu'il n'entend deroger en aucune maniere aux droicts et à l'autorité de S.A. Mais, Monsieur, comment voulez vous que cela s'ajuste avec la teneur estonnante de cedit arrest? Est il bien possible que deux choses si contradictoires subsistent ensemble? Et si toute la justice doibt estre sarta, tecta et illibata à S.A. en son Estat, le crime de fausseté qu'on semble presupposer icy avoir esté commis en sa Monoye, qui est un des plus beaux regales de la souveraineté, en doibt il estre exempt, et est ce à personne autre qu'au Prince mesme d'en connoistre, et ses subjects sont ils tenus de veoir respondre à des conclusions qui seroyent prises contre eux es prisons du Fort l'Evesque à Paris? En conscience, Monsieur - car vous croyez bien que les heretiques en ont tant soit peu - je ne scay où vous trouverez un Quintilien capable de donner de la couleur à cest arrest, et ose vous supplier en suitte de vouloir tenir la main à ce qu'il soit revoqué, puisque sans cela vous voyez bien que ceux que nos justes plaintes ont aigris et irritez contre nous ne souffriront jamais que la Monoye soit restablie, de quoy il en couste à S.A. tous les ans, comme je vous ay desjà specifié. Le | |
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sommaire de tout ce que je vous ay dit, et dis, et diray, tant que vous me commandiez de me taire, c'est que nous ne demandons rien du sien à personne, ains purement et simplement et innocemment, qu'on nous laisse vivre chez nous en paix, et le Roy, ce me semble, en est en si beau chemin, que j'espere tousjours qu'il voudra couronner son oeuvre d'une conclusion que tout le monde attend de sa justice et generosité naturelle. Pour vous, Monsieur, ces atteintes importunes que je ne puis cesser de vous donner, vous feront assez comprendre combien il vous importe d'estre compris en ceste paix. Je vous y promets un article dès que vous me rejouïrez de la nouvelle que j'attens tousjours de vostre main, que je pourray me retirer re nec male gestâ nec infectâ, et ne vous mander plus que d'Orange et de la Haye, que je suis ..... A Paris, prem.r de Juin 1664. |
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