Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6281. Aan H. de LionneGa naar voetnoot4). (H.A.)aant.Je ne sçay comme d'autres parleront de moy, mais vous avez subjet de dire, qu' à vostre esgard je suis sorti de la cour avec la plus mauvaise grace du monde, si vos gens ne m'ont faict la justice de vous informer comme je me suis trouvé à diverses fois en vostre quartier, pour vous tesmoigner mon ressentiment des faveurs dont il vous avoit pleu m'obliger. Le malheur que j'eus de ne vous pouvoir rencontrer me fut d'autant plus terrible, que je mourroy d'envie de vous faire part de ma joye, en ce que je croyois avoir observé dans la grande douceur et bienvneillance dont il avoit pleu au Roy m'accueillir, que S.M. avoit la bonté de se laisser toucher de nos raisons et se disposoit à me faire jouïr de quelqu' effect de ma longue et ennuyeuse poursuitte. Les dernieres paroles dont le Roy eut aggreable de m'honorer dans un ton de voix tout plein de clemence furent: Bien, bien, Monsieur, je verray, et M. le mareschal de Grammont, qui me donna à disner, entreprit de me deschriffrer ce passage en sorte que je debvois m'en promettre quelque chose de bon pour ma delivrance. Si vous concurrez en ce seutiment, Monsieur, vous qui connoissez le stile de ceste noble bouche royale, et m'avez souvent asseuré, qu'elle n'entend rien alle parolette infide, vous me consolerez au dernier point et me tirerez d'un chagrin, qui venant à durer davantage, est capable de me mettre au lict, pour n'y dire et redire que l'un de mes rebus que par ci devant on a voulu trouver bon à Paris. | |
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Helas point de soulas! Vous me souffrez, Monsieur, avec tant de complaisance, que j'ose souvent mesler amoena serijs, quand je pense que vous vous y attendez le moins, mais je vous jure cependant que c'est icy mon dernier serieux, de ne pouvoir revenir chez moy, sans avoir obtenu de la generosité du plus juste de tous les Roix, la plus juste pretension de tout le monde, de quoy vous pouvez bien juger que le blame ne pourroit tomber que sur ma conduitte, puisque la cause ne s'en peut trouver ni dans l'affaire ni dans celuy qui seul la peut terminer, en faisant droict a l'orphelin et à soy mesme. - A mon retour en ceste ville j'ay esté regalé de ceste nouvelle depesche d'Orange. C'est à mon grand regret, Monsieur, que je vous en accable de nouveau, mais comment est il possible qu'on s'en retienne? Ce que ces pauvres gens ont tousjours prognostiqué, et ce qui a fermé la bouche à tant d'autres, abyssus abyssum invocat, et il se trouve que la bonté du Roy, qui entend les garantir de la violence, ne leur voudra que initia dolorum, et va tourner leur fiebvre en chaud mal. En quoy maintenant y allant du respect de S.M. qui, je m'asseure, sçaura bien se le faire obtenir, j'estime qu'il ne nous appartient pas d'en faire autre instance qu'en produisant la verité de ce qui arrive. - Ce qu'il pleust au Roy me dire de la dissolution prochaine du Parlement d'Angleterre, s'est trouvé si veritable icy que je pouvoy m'estre moins hasté de partir de Fontainebleau, mon voyage en demeurant accroché jusques à ce que j'en reçoive d'autres ordres, si on a envie de m'en donner. Quand il vous plaira de m'honorer des vostres, je vous supplie de faire estat de mon obeïssance, et que je ne cesseray jamais d'estre ....... A Paris, 26e May 1664. |
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