Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6274. Aan H. de Lionne. (H.A.)Si Monsieur de Bezons a esté aussi diligent que nos officiers d'Orange, vous aurez receu une Iliade, un horrible cayer de plaintes que ces pauvres gens ont mis entre ses mains. J'en ay icy un double, qui me faict fremir. Encor m'asseurent ils que la plus grande part des interessez n'a osé paroistre, de peur de pis, dont desjà ceux qui ont parlé se sentent menacez tout haut; et ne faut point doubter que cela ne leur arrive, tant qu'il ne plaise au Roy de tesmoigner par effect comme il desadvoue et deteste ces outrages. Ce n'en est pas à nous, Monsieur, d'en prescrire la maniere à S.M.té. Mais je me souvien que comme apres la prise de Maestricht feu Monsieur l'Electeur de ColoigneGa naar voetnoot3) se fut procuré une entreveuë avec feu mon victorieux et sage Maistre, pour se laver de la descente du general PappenheimGa naar voetnoot4), qu'il nous avoit envoyé sur les bras avec une armée de vingt mil hommes, en rejettant la faute sur un resident à Bruxelles, qu'il dit avoir negotié cela à son desceu, S.A. luy respondit, Faictes luy trencher la teste, Monsieur, et tout le monde verra que vous desadvouez son crime. Pour moy, Monsieur, je ne vous demande que la grace de pouvoir sçavoir par quelqu'un de vos commis, quel ordre il aura pleu au Roy de donner sur lesdites plaintes, sachant bien que je n'en puis attendre qui ne se trouvent justes et equitables au dernier point. Et ceste consolation sera accompagnée d'une autre plus forte, de laquelle vous ne vous doubtez, peut estre, point; c'est, Monsieur, que, si je ne m'abuse, S.M. se lassera enfin des fascheries que luy suscite tous les jours la detension inutile de la maison d'autruy, qui estant si esloignée de sa presence, il n'est possible que des jeunes imprudens qui s'y trouvent revestus de l'autorité royale, ne se licentient à commettre mille insolences, que des reprimendes seules ne feront jamais cesser. C'est donc ceste importunité mesme qui me faict esperer qu'une fois le Roy voudra s'en descharger, et laisser à un jeune Prince aussi estroittement enclavé dans l'honneur de son alliance que sa principauté l'est dans son royaume, la jouïssance de son bien avec autant de liberté que la possedent les moindres subjects de S.M.té. Durant la guerre elle nous a occupé par plusieurs années la ville de Bletterans en la Franche Comté, et sachant que c'estoit chose qui tendoit à son service, nous l'avons souffert sans murmure, sinon de ce que le gouverneur | |
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nonobstant plusieurs lettres de cachet au contraire, nous enlevoit tout le revenu de sept ou huict mil livres de rente; les interests du Roy, di-je, nous faisoyent avaller cela de bonne volonté; mais pour ce pauvre Orange, Monsieur, que S.M. n'a voulu occuper que comme depositaire, personne ne peut comprendre pourquoy le subject du depost cessant, elle feroit difficulté de le remettre entre les mains d'un proprietaire de ceste qualité, qu'en chargeant sa liberté d'une condition ignominieuse, et, à ce que nous croyons, non meritée ni par le nepveu ni par ses ancestres. Pardonnez moy, s'il vous plaist, cest excursus. C'est une estrange presse que celle d'un homme qui n'a qu'une affaire, et se tient asseuré d'avoir la justice de son costé. - Je n'adjousteray plus qu'un mot, pour le regard de nostre Monoye. Je vien de trouver dans mes papiers que ce fut dès l'an 1661 que M. de Sylvecane, president en la Cour des Monoyes de France, en alla faire le ravage, en vertu d'un arrest obtenu sur des advis contraires à toute verité, procedé, certes, si rude et si injurieux à un Prince souverain, qu'un gentilhomme de bonne maison auroit subject de s'en plaindre. C'est ce qui dès lors donna subjet aux officiers de S.A. à Orange de soustenir sa cause au moyen de la deduction cy joincte. Elle ne fut point employée, Monsieur, parce qu'on s'attendoit indubitablement à veoir redresser les desordres particuliers dans la restitution du total, et ainsi le Roy n'en fut point importuné. Je vous supplie tres-humblement, Monsieur, que S.M.té en puisse avoir quelque connoissance presentement, puisqu'elle aggrée de nous faire justice en ce point, et de n'interrompre plus le cours de nostre monoye, dont la cessation nous couste desjà près de vingt mil livres, que les fermiers pretendent nous rabattre. Je vous baise tres-humblement les mains, et demeure à toute espreuve ..... A Paris, 18 May 1664. |
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