6232. Aan den keurvorst van Brandenburg. (H.A.)
Je me tiendroy coupable de trop d'ingratitude, si je laissoy partir Monsieur le baron de Blumenthal, sans me donner l'honneur de tesmoigner à V.A.E. comme aux occasions qui se sont offertes durant sa negociation en ceste cour, il s'y est employé pour les interests de S.A. Monseigneur, non seulement avec ce qu'il a sceu devoir de respect et d'obeïssance aux ordres de V.A.E., mais mesmes avec des soings et diligences qui peuvent passer pour des preuves tres-evidentes de l'affection qu'il a pour le bien de la Maison d'Orange, qui veritablement luy en demeure tres-obligée. J'avoy bien esperé, Monseigneur, que de si grands offices, partans de si bonne part, auroyent faict l'effect sur l'esprit du Roy tres-Chrestien que V.A.E. a eu subject de s'en promettre, mais enfin il semble qu'ou bien ce Prince est d'humeur à reculer plus on le presse, ou bien qu'il se laisse presser soubs main par des interests de quelque homme puissant que M. de Blumenthal pourra bien specifier à V.A.E., mais de qui la consideration à mon advis ne debvroit point meriter d'estre balancée contre celle qui est deuë à un Prince si proche parent du Roy, et petit fils de Princes qui ont tant merité de la France, et qui, en somme, ne demande que de jouïr en paix de ce qui est absolument et souverainement à luy. Il reste,