Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6167. Aan den graaf van St. AlbansGa naar voetnoot3)). H.A.)aant.Vous aurez sceu de Monsieur l'abbé de MontagueGa naar voetnoot4), comme j'ay eu l'honneur, et à dire le vray, le malheur de le rencontrer entre Boulogne et Monstrueil. Je nomme cela ainsi, parce que luy mesme eut la bonté de me tesmoigner le regret qu'il avoit, de ce que sortant de France il ne pouvoit servir S.A. en personne aupres de Monsieur le Tellier et ailleurs, en conformité des ordres de la Reine. Pour suppleer donc au defaut de sa presence je le supplioy de vouloir faire cest office par escrit, quand il seroit de retour de Londre, mais il voulut encherir sur mes instances, et me promit que, pour ne perdre temps, il m'envoyeroit ses depesches, dès qu'il seroit arrivé à Calais. Nous ajustames aussi, que l'adresse s'en feroit par voye de Monsieur le PremierGa naar voetnoot5). Mais jusques à present rien n'a paru, dont je suis en peine, parce qu'il y a desjà plus de quinze jours de nostre entreveuë. C'est, Monsieur, ce qui me porte à vous supplier de vouloir tenir la main à ce que la faveur que vous avez procurée à mon Maistre ne demeure plus infructueuse, en cas que mondit Sieur de Montague ne s'en soit souvenu jusqu'à present, ce que j'ay de la peine à croire, l'ayant | |
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trouvé bien animé à nous obliger de son entremise en ceste occasion, dont je n'ay manqué de rendre compte à Madame le Princesse Douariere. Je trouve qu'en mon absence les fermiers du domaine d'Orange se sont faict pourveoir icy d'un nouvel arrest, dont la copie va cy joincte. Je ne puis m'empescher de vous l'envoyer, afin que vous voyez combien est veritable ce que la Reine a voulu dire en concluant sa lettre à Monsieur l'abbé susdit touchant la violence qu'on continue d'exercer contre ce pauvre enfant. Y a-il rien de si injurieux que de veoir un Prince estranger disposer à baguette des finances de son voisin, et y-a il homme de si basse condition qui le pust ou voulust souffrir? Remarquez de plus, s'il vous plaist, Monsieur, comme encor ce bel arrest se fonde sur un faux faict, en qualifiant nostre tresorier cy devant receveur, luy qui l'est tousjours, et perçoit des gages et en suitte demeure comptable d'une somme qu'on pose icy luy estre deuë avant que jamais le Maistre, qu'on condamne, en ayt ven le compte. La verité que vous n'ignorez pas, Monsieur, me faict redire icy, que ce sont là les effects de ceste chaude protection dont on a voulu gratifier ce tresorier, que pour la premiere fois de ma vie j'ay ouy nommer honnest' homme par la bouche de la Reine mesme, surprins au dernier point de veoir que contre le sceu et l'adveu de tout le monde, parmi lequel je puis bien estre compris, pour avoir fort connu le compagnon il y a plus de trente aus, il a esté possible de s'acquerir une telle impression dans l'esprit de S.M. à un officier, lequel - quand autre chose n'y auroit - nous avons veu emporter les comptes de son souverain à trois journées hors de la principauté, pour les faire aggreer par un intendant du Roy tres-Chrestien, lequel sans connoissance de cause, personne n'ayant pu intervenir pour ce pauvre enfant, a faict agir le Parlement d'Orange direcement contre les edits des Princes et son instruction, à prendre connoissance de ces comptes, desjà tenus en surcheance par le Bureau, qui seul en pouvoit cognoistre, en esperance de faire passer cest article des mesmes vingt m. livres dont il est parlé en cedit arrest du Roy, ce mesme Parlement, apres tout, ayant confirmé ladite surcheance du Bureau, et envoyé le comptable au Prince et son Conseil. Vous diriez, Monsieur, qu'il ne luy restoit donc que ce recours là, comme en effect c'est le seul ressort où tout doibt estre terminé en raison et justice, et mesme en faveur, le cas y escheant; mais bien loin de là nostre honest homme s'est tourné de nouveau vers la puissance estrangere et, par la bonne adresse qui luy a esté procurée aupres de Monsieur le Tellier, a faict saisir et arrester tout le revenu de son Prince, pour s'asseurer d'une somme, que deux tribunaux consecutifs n'ont trouvé raisonnable de luy passer, et de laquelle il n'y a personne au monde qui puisse disposer peremtoirement que le Maistre mesme. Ainsi, Monsieur, vous voyez comme tout le malheur de ce pauvre Maistre ne consiste pas seulement aux outrages qui luy ont esté suscitez de dehors, ains qu'au dedans mesmes il se trouve reduit à combatre l'insolence de ses valets et, tout souverain qu'il est, à veoir peser ses interests contre les leurs, et mesme trebucher la balance à leur avantage par les violents efforts d'une main estrangere, je dis d'un grand Prince, genereux de son naturel au dernier point, mais à qui on ne cesse d'imposer, par des rapports masquez à faux, tantost de catholicitez et tantost d'autres songes, auxquels je puis bien vous asseurer qu'on n'a jamais pensé en Hollande, outre que le traicté et l'amnestie y comprise met tout le monde à | |
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couvert, et destruit toute apprehension imaginable. S'il vous reste encor tant de tendresse, Monsieur, pour le bien et l'honneur de la Maison d'Orange, que vous sentiez ces veritez vous toucher, comme vostre bon naturel m'empesche d'en doubter, je vous supplie avec toute instance, de m'en vouloir donner ceste preuve, que de faire entendre à Monsieur le Tellier au nom de la Reine vostre Maistresse, combien S.M. est sensible du grand tort et prejudice qu'on faict au Prince son petit fils en disposant de son bien, ne plus ne moins que de chose conquise, en faveur de son officier et subject naturel, qui aussi bien demeure tousjours obligé de luy rendre, et à luy seul, compte de son administration, sur lequel compte mesme vous avez veu par la propre lettre de Madame la Princesse Douariere, alleguée au memoire que je vous ay mis en main, avec combien de douceurs et d'equité elle s'est declarée à l'endroict de cest homme, qui semble avoir pris la tasche de la depiter aux despens du bien et de l'honneur de son Maistre, quelque remonstrance que j'aye eu soin de luy faire faire pour le rappeller à son devoir. Et qu'en suitte la Reine desire que ce scandale soit levé, et qu'en cessant cest arrest injurieux au Prince, on luy laisse la libre disposition de ses affaires et finances, comme le Roy tres-Chrestien a tousjours protesté de n'avoir autre intention. Je ne vous demande que chose juste et raisonnable. Si vous ne le trouvez ainsi, je ne vous demande rien, si non qu'il vous plaise me continuer tousjours la faveur de me croire, comme je suis d'ancieneté ..... A Paris, 14e Octob. 1663. Si peut-estre vous n'avez gardé un double de mon susdit memoire, je vous en envoye un de nouveau, afin de vous asseurer que nous n'avons d'autre dessein que de nous y attacher punctuellement. Je loge au fauxbourg S.t Germain, rue du petit Bourbon au petit Moyse, comme je pense avoir laissé par escrit en vostre chambre. |
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