Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6038. Aan M. le Tellier. (H.A.)La Tutele de S.A. Monseigneur aura subjet de rendre graces au Roy, comme je le fay tres-humblement en son nom, de ce qu'à mon instance il a pleu à S.M. de lever l'empeschement donné à nos fermiers à Orange par la saisie faicte par M. le commandeur de Gaut à la requeste du S.r de Beauregard, comme je l'apprens par la teneur de l'escrit qui me fut envoyé hier de la part de Monsieur le marquis de Louvoy, esperant que ce commandement sera mieux observé que n'a esté celuy lequel dès le mois de Juillet de l'an passé vous aviez prins la peine, Monsieur, d'envoyer audit Sieur commandeur assez à mesme intention. Mais comme cest ordre se trouve clausulé d'une disposition directe du Roy à la charge du domaine de sadite Alt.e dont à diverses fois S.M. a eu la bonté de me declarer qu'elle n'entendoit pas qu'on se meslast en aucune sorte, je suis obligé de vous representer, Monsieur, que si ce n'est pas inadvertence que ceste clause s'est coulée audit escritGa naar voetnoot1) et, comme je ne veux esperer, qu'il n'y ayt moyen de l'en oster, il ne m'est permis de l'accepter en ceste forme. Nous ne sçaurions empescher un Roy si puissant de traicter un Prince voisin comme il luy plaist, mais on ne sçauroit nous empescher de supplier un Roy si juste de ne vouloir souffrir qu'un Prince orphelin se trouve interessé en faveur d'un subject et officier, qui luy est comptable et doibt attendre de sa main la faveur et la justice qu'il est prest de luy departir comme à tous ses subjects, et qui mesme luy ont esté promises solemnellement à l'occasion de ce dont il s'agit. Que si le Roy daigne honorer cest homme de sa protection, en tant que serviteur de feu Madame la Princesse Royale, il semble y avoir lieu de presumer que le fils unique de ceste Princesse et de là proche parent de S.M. a un peu plus de droict d'esperer en ceste protection que ne faict un officier de sa Maison, à qui ce seroit assez de faveur s'il avoit pleu à S.M. de faire tesmoigner à la Tutele qu'elle auroit bien aggreable qu'on eut quelque soin de ses interests. Et c'est ce que je me promets, Monsieur, que vous ne voudrez pas faire difficulté de representer au Roy aux occasions. Pour ce qui me regarde, je vous supplie tres-humblement de ne trouver pas mauvais que je vuide promptement mes mains de ce papier. Je sçay que vous en comprenez bien la raison. C'est, en un mot, que si je ne suis assez heureux pour rendre service d'importance à mon Maistre en sa minorité, il ne faut pas au moins que quand il sera venu en aage et quand peut estre je ne seray plus, il trouve que j'ay esté assez imprudent pour donner volontairement la main à chose qui tendist à son prejudice. Je vous demande pardon de ceste nouvelle importunité, et tousjours la grace que j'estime tant, de me pouvoir dire ..... 11 Mars 1663. |
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