Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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5409. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot1). (K.A.)Ceux qui ont l'honneur de tenir V.A. advertie de ce qui se passe pardeça, l'auront asseurément informée de la perte inopinée que nous venons de faire du jeusne S.r CrommonGa naar voetnoot2). La necessité qu'il y aura d'en faire suppleer la place par personne capable, et nommément qui soit entendue en matiere de jurisprudence, me porte à representer à V.A. qu'à mon advis mon fils aisné seroit de la meilleure et de la plus louable estoffe pour ce subject. C'est veritablement, Madame, l'advis d'un pere, mais ce l'est aussi d'un ancien serviteur de la Maison, duquel je croy que les actions passées ne donnent gueres subject de soupeçonner qu'il vueille preferer la consideration de ses interests à celle du service du Maistre. Si cest argument n'est point de mise dans l'esprit de V.A., je la supplie tres-humblement de considerer ce jeusn' homme comme si je n'estois pas au monde et n'y eusse jamais esté; et je m'asseure, Madame, que vostre haute prudence ne vous lairra pas heziter sur les qualitez de sa personne, quand vous sçaurez, qu'il n'y a que peu de jours que tout le monde s'est attendu aveq moy qu'il alloit occuper la place vacante du Sieur de Veuren au Conseil Provincial d'Hollande, sur les asseurances, que Messieurs les nobles en avoyent données non pas à moy seulement, mais aux principaux de la Cour mesme, qui de commune voix ont voulu tesmoigner que l'election leur en seroit tres aggreable. Le rebours du succes ne prejudice aucunement à son honneur, et pour moy, Madame, ce m'est assez que tant de gens de bien et de sçavoir l'ont jugé tres-digne de la charge. Si huict ou dix gentilshommes n'ont pû tenir leur parole pour six ou sept sepmaines qu'il y a eu d'intervalle entre les assemblées de Hollande, la finesse en a esté cousue de fil blanq, et tout le monde sçait et deteste que de certains esprits impudens et ingrats se sont prevalus de la foiblesse de ceux qui n'en debvoyent pas estre gouvernez, et ne sachans par où destourner le coup de veoir quelque serviteur de la Maison d'Orange entrer aux employs de la Province, ont osé faire jouër ce beau ressort de dire qu'il se falloit bien garder de mettre l'authorité entre les mains de ceux qui un jour seroyent les premiers à faire faire le proces à ceux du bon parti d'aujourdhuy, aveq d'autres discours de semblable force. V.A. void, Madame, comme il nous vient à point d'avoir esté longtemps ce que nous sommes, et considerera s'il luy plaist, si ces rencontres là mesmes ne meritent pas qu'on fasse un peu de reflexion favorable sur ceux qui ne font que souffrir pour la bonne cause, qu'ils n'ont jamais abandonnée, ni n'abandonneront jamais, s'il plaist à Dieu, quelque rude que leur soit l'iniquité du temps. En vain iroy-je travailler V.A. de beaucoup d'instances et d'empressemens; elle sçait de quelle sorte de gens nous avons besoin tant au regard de la probité affidée que du sçavoir et de l'estude requise à tel employ. Je me rapporte du reste à sa grande sagesse, et aux asseurances qu'il luy a pleu me renouveller depuis peu, que je ne suis pas tellement descheu de l'honneur de ses bonnes graces, qu'elle ne me continue tousjours celuy de me croire ..... 10e May 1655. Postd. J'espere que V.A. ne voudra pas se laisser destourner de la faveur que je luy demande, par ceux qui pour quelqu' interest pourroyent tascher de l'induire à croire, que la function de mon fils ne seroit pas assez compatible aveq la miene au Conseil. En effect, il n'y a rien là dedans de contraire à nostre instruction, et j'ose bien adjouster que pour le service de la Maison il importe d'y faire nourrir des fils capables par des peres d'un peu d'experience. |
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