Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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5300. Aan A. ColviusGa naar voetnoot1). (L.B.)*Vous m'avez beaucoup obligé, en me faisant dextram tetegisse tyranni, et j'ay receu ceste lettre aveq autant de satisfaction, que nos ancestres en ont eu d'horreurGa naar voetnoot2). Paucis redhostio, et en suitte de mes trois articles de promesse, vous envoye un eschantillon d'huile de Ben, que vous trouverez bien estre de l'authentique, puisqu'il y a huict ans que je le garde, sans qu'il y paroisse aucune odeur ny saveur, qui est sa bonne marque indubitable. La provision m'en vint lors d'Angleterre. J'en ay eu de la seconde main de quelques parfumeurs de Bruxelles, mais l'alteration que j'y trouve, quoyque petite, m'apprend qu'il y a du sophisme, qui m'a empesché de vous en faire part. De plus je vous presente quelques morceaux de ce beaume en Roche, comme les François le baptisent, dont leurs parfumeurs font tant de cas, s'en prevalans veritablement en cassolettes et choses semblables aveq beaucoup d'effect. Il vient enfermé dans des noiz de fort dure escorce, comme vous verrez par les morceaux que j'ay adjoustez à ces fragmens, n'ayant esté possible d'en couper des morceaux qui tinssent à la coque, parce que la gomme, en s'eschauffant soubs la sie, la remplit, et l'empesche d'aller, et la hache et le marteau font tout esclatter. Si vous en mettez dans la bouche, elle s'amollit, et donne une bonne odeur à l'haleine. Sur le charbon elle parfume la chambre d'une senteur soefve, et qui dure. Je pense en avoir payé deux francs l'once il y a quelques années, et lors les François enleverent tout ce qui s'en pouvoit recouvrer à Amsterdam. La derniere de mes drogues n'en vault pas une des deux premieres, car elle n'est pas seulement de ma boutique, mais aussi de mon cru, par consequent aussi insipide que l'huile de Ben, mais moins immortelle, plus dure que l'escorce du baulme, mais moins odoriferante. Vous en avez toutesfois demandé vostre part, et c'est ce qui doibt garentir mon imprudence; et sic fide liberatâ, je demeure de toute mon affection ..... A la Haye, ce 30e Juïllet 1653. |
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