Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5218. Aan prinses Amalia van Oranje. (K.A.)*J'ay beaucoup discourru à ce matin aveq l'amiGa naar voetnoot1), et bien apperceu que des trois questions qui sont en dispute, la premiere, à sçavoir celle d'Orange, ne courra pas trop de hazard, encor qu'il y en aura qui voudront haultement relever le billet. Pour la seconde, qui est le surcroist de cinquante mil francs au douaire, que la consequence qu'on en veut tirer, est trop manifestement inique, pour emporter le jugement des gens de bien, mais que pour la troisiesme, touchant la disposition aux places affectées jusques aux cent mil francs, la conclusion est à craindre. Ainsi pour une derniere fois j'ay faict l'effort qui m'a esté possible, et que j'ay creu debvoir à la verité, à mon Maistre, et à V.A., et luy ay faict concevoir, que pour la verité, si l'on veut la cercher dans la lettre morte, ilGa naar voetnoot2) fault bien considerer les ordres que S.A. me donna à Hulst, sur ce que les Anglois avoyent proposé qu'il viendroit des commissaires prendre possession des terres douärieres, me faisant escrire là dessus, que le douaire seroit asseuré ou hypothequé - V.A. a mon escrit - selon les formes ordinaires; qui estant son intention, il fault veoir quelles sont ces formes, et si jamais il a esté faict en ce païs ce que ces gens pretendent; n'y ayant point d'exemple plus pressant que celuy de V.A. mesme, et de son contract de mariage, où l'on n'a jamais songé à la disposition des terres affectées au douaire. Pour la consideration du jeusne Maistre, j'ay dit qu'il me tardera de veoir, si des Cours si sages trouveront en leur ame d'ayder à despouïller un Prince innocent, que desjà l'imprudence du pere a mis en chemise; quoyque veritablement il fault bien presupposer, que voyant sa femme grosse, il eust bien voulu alterer ces premieres constitutions, si une mort impourveuë ne l'eust prevenu, et n'eust pas trouvé à propos d'avantager, au domage de son enfant, une mere estrangere, qui peut vivre cinquante ans et nous amener un second mari estranger. Pour V.A. que veritablement, si elle n'estoit plus au monde, un passage ambigu se pourroit decider selon la lettre, mais que celle qui a traicté tout, vivante et parlante et declarante, ce qu'on a entendu par les paroles en question, il n'est plus temps d'envoyer sçavoir comment ces paroles ont esté entendues en France ou en Angleterre, parce que c'est de l'intention du Prince d'Orange qu'on dispute, et que personne ne la sçauroit mieux expliquer que la Princesse sa vefue, dans laquelle il vit pour la moitié, etc. J'ay conclu enfin, qu'on vueille avoir compassion de l'enfant et de la grandmere comme il appartient, puisqu'il y va de charger l'un d'une terrible perte, et l'autre d'un affront assez difficile à digerer. Et je pense qu'en sa probité j'ay laissé quelque impression importante, comme il n'est pas difficile de persuader ceux qui desirent estre vaincus. Mais | |
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il fault encor songer à ce qui se peut effectuer ailleurs, car bientost il sera tard. V.A. y fasse adviser, s'il luy plaist, ces Messieurs de CleveGa naar voetnoot1). Il n'y a point de danger à redoubler les devoirs çà et là, où ils le jugeront plus necessaire, car quand l'arbre est dans la cheute, c'est lors qu'il y a moyen de le duire d'un ou d'autre costé. Je m'acquitte de ce devoir aveq la passion inveterée que j'ay au service de la Maison, mais par escrit, et non de bouche, afin que justement vers ceste conjuncture icy l'on ne me voye par trop autour de V.A. Apres disner ils pourront achever de lire les escritures, et puis demain aller à la decision. 21 Febv. 1652. |
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