Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4997. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot1).Van Campen se donnera l'honneur de veoir V.A. aujourdhuy; hier, comme je fus à Delft, il dit s'estre trouvé indisposé, peut estre de la bouteille. A ce matin HonthorstGa naar voetnoot2) et luy me sont venus parler touchant les trois pièces que l'autre doibt faire, qui sont le mariage, V. Alt.e assise et la constance de S.A., et nous sommes nous entendus sur les informations qu'il aura de van Campen pour taxer à peu près son travail. Van Campen m'asseure que les liaisons des pièces sur la cheminée et ailleurs seront riches et belles. Et pour la grande corniche qui doibt faire le tour de la sale par dessus les pilastres, qu'il n'a point parlé de la faire platte et peinte, que par mesnage, mais que sortant dehors elle aura beaucoup meilleure grace et ne couvrira gueres de la vouste, non plus que ne faict celle de la sale de V.A. au Nordende, et qu'au reste tout se pourra parer d'autant d'ouvrage taillé en bosse qu'il plaira à V.A., cela esclatant tousjours plus qu'aucune peinture ou dorure platte. Honthorst et luy ont aussi concerté, comme il sera à propos d'assurer les grandes toiles par derrière. Hier au matin je luy parlay des fraiz qu'il peut avoir faicts tant en toiles qu'en voyages et choses semblables, mais il dit qu'il ne valoit pas la peine de specifier cela; qu'au reste il y a plusieurs années que le comte MauriceGa naar voetnoot3) et M. de Brederode l'employent assez incommodement, qu'il a faict plusieurs dessins et voyages pour l'un et l'autre, quand il leur a prins fantasie de l'envoyer querir. Mais que jusques à present personne ne faict semblant de songer à recompenser ses peines. Que cependant il s'incommode et n'attend pas semblable traictement de V.A. par où il seroit exposé à la risée des gens de son mestier, qui entendent fort bien à se faire payer mieux que de complimens. Que pour cest ouvrage de V.A. en tant qu'il luy touche, il le tient comme à moitié faict, et qu'il se rapporte à sa discretion de ce qu'elle pense qu'il y peut avoir merité, non pas seulement pour l'invention qui est le fondement de tout, mais mesme pour tant de peinture grande et petite qu'il a fourni de sa main. - Je marque tout son discours à V.A., afin qu'elle veuille considerer ce qu'on pourroit faire pour contenter en partie et comme par provision cest homme, que j'ay veu fort oser estimer son travail à feu S.A. et qui maintenant continue de dire qu'il a grand besoing d'argent. Je voudroy que V.A. n'attendist pas mon advis sur ce qui touche sa liberalité; chascun doibt estre la dedans son arbitre, et nommément les princes. V.A. s'est voulu engager aveq cest homme incommode - elle se souviendra bien que ce fut à mon desceu - il fault tacher de s'en degager le plus honestement qu'on peut. Je scay bien qu'il aymera tousjours mieux deux mille franqs qu'un, mais je ne scay pas jusques où V.A. a intention de s'estendre, et aymeroy, pour moy, mieux avoir affaire à des gens qui me demandassent, par compte exprês, que de me trouver reduict en moy mesme entre les considerations de l'honneur et du mesnage, et à deviner ce que veut dire un homme qui ne parle pas. V.A. se souviendra, s'il luy plaist, de faire contenter les peintres qui ont desjà travaillé; plusieurs en ont besoin, et fault les animer. Je voy que si, l'un portant l'autre, on peut leur satisfaire de 500 franqs, c'est tout ce qu'il y aura moyen de faire sans reproche, et faudra regler Honthorst à l'advenant, quelque grand seigneur qu'il puisse estre, la pluspart l'estime moins et beaucoup moins grand maistre qu'euxGa naar voetnoot4). |
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