Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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4875. D. de WilhemGa naar voetnoot1). (L.B.)..... J'ay fait achepter a Amsterdam les munitions et les armes qu'il a pleu a S.A. envoyer a l'armee escossoise; il y en a pour trente mille francs. S.A. a veu le compte et la reconnoissance de M. BellendenGa naar voetnoot2), et je tiens les connoissemens et autres documens, pour m'en servir au besoin, et j'en voudrois estre dechargé, pourveu qu'on payast la somme deboursee. Peut estre que ces armes tomberont es mains des Anglois Parlementaires, comme sont tombez ceux auxquels elles estoient destinees. On n'a guerre ouï parler d'une si prodigieuse defaiteGa naar voetnoot3). Les Anglois vendent les Escossois a un demi escu par teste, et on les met sur les navires qui vont vers Italie, Barbarie et ailleurs. S'ils sont pris, les voila esclaves pour tout jamais. Car ils n'ont rien, et personne se souciera d'eux pour les faire rachepter. Je plains cependant ces pauvres gens. Car une grande partie a este forcee a porter les armes, et ont este violentés en leur[s] consciences. Cependant voila le jugement de Dieu et sa main encores eslevee, et Lui scait quelle vengeance nous verrons ci apres. Du depuis S.A. m'ayant commande d'aller nolliser deux fluites, pour aller prendre 500 hommes a Borcum et les debarquer en quelque lieu sur les costes d'Angleterre, je m'en suis alle a Amsterdam et les ay frette aux pris et conditions cy jointes. Je me fusse pas tant haste a les noliser, bien que l'ordre de S.A. y estoit, afin de faire le service de nostre maistre avec tant plus de mesnage, mais Monsieur Gof, que je vous donne pour un vray Goffo sfacciato et amico del suo interesseGa naar voetnoot4), me vint quereller en mon lict d'infirmite, en presence de ma femme - qui m'avoit voulu accompagner, me voyant pas trop remis - disant que je faisois le malade et taschois a mettre des obstacles a la favorable occasion qu'ils avoient d'executer quelque grand dessein pour le bien et la delivrance du Roy; que les soldats pourroient minuter un desbandement, se voyant frustrez en leur esperance et attente, que tout estoit prest, qu'il feroit, diroit etc. Je repliquay que je ne manquerois d'effectuer en deube forme, temps et lieu, ce que S.A. m'avoit commande, et que je n'estois point pour apprendre de luy mon mestier. J'ay nollise les vaisseaux, stipule, contre son attente, huict a dix jours de terme a Borcum, pour prendre illec les gens et ce qu'ils pourroient avoir de besoin. Les vaisseaux sont pour partir apres demain, et on commence a cest heur de parler de la provision des vivres, et je croy qu'il en a escrit a M. HeylersigGa naar voetnoot5) aujourdhui, et il pretend d'engager S.A. pour faire l'emplete a ses despens. Ce n'est pas chose qui me regarde; je laisse faire et peux souffrir qu'on tire l'advantage du jeu. Mais je tiens pour chose asseuree qu'ils se mescontent, tant au fait des vivres que des hommes. Les vaisseaux s'en iront a Borcum, et voyant qu'il y a manquement, lorsqu'ils y auront sejourne leur huictaine, ils s'en iront en France a faire leur poursuite. C'est pourquoi, si S.A. estoit oblige de procurer les vivres a ses despens, ce que je ne croy pas, il seroit plus a propos de les faire achepter a Embden, ville proche de Borcum, ou on les pourroit achepter a meilleur, et transporter a moindre frais et y estre encores a temps. Et la S.A. trouvera, soit a Embden ou en la province de Groningue, plus de credit qu'ici pour trouver de l'argent, puisqu'on ne scait pas la que S.A. paye mal ou bien son thresorier. Et les vivres pourront estre rendus a temps, comme aussi la provision d'eau pour ladite soldatesque. Mea nihil refert, viderint cuja res est. Je dis ceci pour me descharger, et d'ailleurs faire connoistre que j'ay par trop estudie la lecon de Socrate de nihilo nihil in nihilum. Mai pui l'amache, disoit la servante qui en avoit mange trop. Je fais de mesme, et si je suis un jour si heureux que de me voir hors de ce labyrinte, je vous asseure bien qu'on ne m'y tirera plus. C'est aujourdhui le dernier jour du defroyement de l'Estat pour les gens du Prince de Galles. Messeig.rs les Estats Generaux avoient delibere de leur continuer quelque petit defroy de 300 franc[s] par jour. Mais ceux d'Hollande se sont oppose, de facon que tout ce fais tombe sur les | |
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bras de S.A., comme on nous vient de menacer. Mais, quand a moi, je leur dis librement que nous ne trouvons pas cela dans nos instructions, auxquelles il nous convient tenir. Et je scay que nostre maistre se passeroit bien de ceste feste. Contentaque sidera paucis Numinibus miserum urgerent Atlanta minori Pondere. Ils ont joue une comedie; le Prince de Galles et toute sa cour y estant, de l'entendement sans argent. Il seroit a souhaitter que ces Mamugnes(?) eussent l'esprit de vivre et contenter leur avidite, sans estre a charge d'autrui. Ils tiennent souvent conseil, comme s'ils vouloient engloutir toute l'Angleterre. Mais vous verrez qu'ils ne feront rien qui vaille. Monsieur Goring le jeuneGa naar voetnoot1), que vous connoissez, le boiteux, c'est celuy qui a une bonne partie de la direction des affaires. Il y demande pour neuf a dix jours seurete de corps, afin de n'estre ici affronte par ses creanciers; je l'ay entretenu l'espace d'un demi heure et ay reconnu que c'est luy mesme encor. Vous pouvez juger de quel conseil le Prince est environne et ce que telles gens luy peuvent conseiller de bon. Et sans l'appui de ce Prince, utro se verteret? Voire le Prince mesme, ne croyez vous pas qu'il feroit mieux de quitter tous ces conseils violens et cercher de gaigner, par voye de moderation et douceur, ce qu'ils ont perdu par violence? Dieu luy veuille applanir la voye d'entrer en soi mesme et en son païs, et vous benir de ses meilleures et plus saintes benedictions ..... A la Haye, ce 21 de Septembre 1648. |
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