4734. Aan Henriette Marie, koningin van Engeland. (K.A.)
Ce n'est pas d'aujourdhuy que nous pleurons aveq V.M.té. Nous avons souspiré du long de vos infortunes, et en sommes hors d'haleine. Mais c'est d'aujourdhuy que je presume faire chanter V.M. aveq nous. Car, Madame, comme l'extreme joye pousse quelque larme de bonne grace, il y a une maniere de chanter qui ne sied pas mal au fort de l'affliction, et V.M. se souvient de l'auteur royal, où elle a apprins son De profundis, et ce qu'il y a de plus applicable à toute sorte de saincte melancholie. J'ay faict ma cour, Madame, chez ce mesme Roy, et m'y suis accommodé de ce qui s'y trouve de plus puissantes expressions de l'homme envers son Dieu. Mais ceste Majesté avoit entonné sa parole aveq majesté, et pour la suivre quel support ay-je peu trouver dans la foiblesse humaine, tres-humaine en moy, et qui n'a peu reuscir icy que par rencontre, approchant du miracle. Si done V.M. qui conçoit mieux ces choses qu'aucune teste couronnée, peut trouver un seul endroit où sa bonté luy puisse faire advouer que je n'ay pas failly, je m'estimeray au dessus du sort de l'humanité. Je la supplie tres-humblement de s'en vouloir informer au moyen de ces belles voix qui sont autour d'elle ..... 6 Janv. 1648.