Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4535. G. de BieGa naar voetnoot5). (L.B.)Il vous plaira de vous souvenir, que passé trois ans j'ay tesmoigné par aucunes lettres miennes, le regret et ressentiment que j'avois, de ce que les interests de nos maistres, et les autres du publicq, ne permettoyent pas de nous entreveoir et entretenir un peu particulierement sur l'accommodement d'iceuxGa naar voetnoot6), parce que des lors je jugois que c'estoit un chef d'oeuvre d'en trouver les moyens. Que combien l'Estat de pardela estoit grandement attasché et obligé a la France, par le moyen de l'assemblee de Munster, la presence et concours des plenipotentiaires des potentats et princes Chrestiens illecq pour | |
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traicter de la paix, cette chesne se voyant aucunement detaschee, sonder par advance a l'accommodement d'entre Sa Ma.te et les Provinces Unies, ne seroit pas mal agir; que c'estoit un mot de mes sentimens, sur lequel j'attendrois autant des vostres. J'eus pour responce, que vous souffriez les mesmes incommoditez par la guerre, de tant plus que tout ce qui la concernoit, avoit a passer par vos mains; que vous souhaittiez egalement de les veoir enlevees par une bonne paix, qui peut estre ne seroit pas si mal aisee a concerter a Munster comme je me l'imaginois, pourveu qu'on y alla tout de bon, comme vous scaviez que plusieurs feroyent; que nous en espererions le meilleur, et donnassions la paine et patience de peu de mois, a veoir quel ply cette negotiation voudroit prendreGa naar voetnoot1). Les mois sont ecoulez, suivis du moings de trois annees, que l'on n'a rien sceu faire, jusques a ce qu'avec le commencement de la courante, dans le theatre de Munster, ou cette importante histoire se represente a la veue de tout le monde crestien, les plenipotentiaires de sa Ma.te Catholique et ceux de Messieurs les Estats des Provinces Unies, par une singuliere grace et prevoyance de Dieu, ont mis la pierre angulaire et fondementale a ce grand bastiment, par un traicté conclu, arresté, et signé des deputez de l'un et l'autre party. - Cela nonobstant, l'on veut tirer en controverse une partie si saintement faicte et formee, et la debattre formelement soubs des pretextes, lesquels estants bien examinez, seront de plus de bruict que de substance, et qu'a cet effect Monsieur de Servient se trouve a la Haye, et y faict jouer des ressors bien puissans pour la renverserGa naar voetnoot2). Je tiens, Monsieur, que vous qui avez si bien reussy a predeterminer, que nostre paix se debvoit faire a Munster et point ailleurs, comme en effect il est arrivé, aurez un soing particulier pour faire en sorte que vostre prophetie demeure constamment veritable, et certes je tiens qu'a cela vous pouvez immediatement cooperer, particulierement a l'heure que je vous en escris, et s'en retourne par les Provinces Unies pour le bien de la paix universelle vers Munster Monsieur le plenipotentiaire BrunGa naar voetnoot3) - personnage né a la conduitte des plus hautes choses du monde, docte en eminence, et ce nonobstant doué d'une douceur et affabilité non pareille - en sorte qu'il ne tiendra qu'a Monsieur de Servient, qu'a son passage pardela il n'ait appaisement des difficultez y meues, et ou s'arreste quelque chose de bon dont ledit de Servient et Messieurs les Estats generaulx auront entiere satisfaction. - C'est ce que mon affection a la paix m'a faict prononcer, et quant et quant vous conjurer de mesnager de telle sorte cette bonne occasion, que l'accord des Pays Bas puisse servir d'exemple aux autres princes Chrestiens, pour s'unir et liguer bientost contre leur commun ennemy, qui faict trop de prouffict par leur desunion, aux despens d'eux tous. - J'acheve y adjoustant, que comme vous estes un des plus beaux esprits de nostre temps, je desire que la conjoncture fut telle, que pourriez practiquer en ce passage ledit Seigneur plenipotentiaire, qui est un paragon de profonde doctrine et science, universel en tout; la paix nous donnera a tous ce bien, et ores que je ne sois qu'un ignorant, j'estime les gens de cette condition, et vous particulierement a qui je suis et seray tousjours ..... B[russelles], le 29 de Janvier 1647. |
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