Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4180. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*L'estat de ce siege se peut representer à V.A. en peu de paroles. C'est qu'hier M. de Brederode m'asseura que ceste nuict sa galerie seroit soustenue de trente piliers, dont y en auroit jusques à quinze ou seize dans l'eau, et je n'ay pas ouy qu'il y ayt eu faulte. De pardecà l'on a perdu un peu de temps à remettre des fascines que de nos travailleurs avoyent jetté en mauvais ordre. Depuis cela nous avons aussi commencé à planter des piliers, et y en a aujourdhuy jusqu'à sept dont les trois seulement sont au fossé. Quand cest ouvrage est en train, il s'achemine aveq plus de facilité, mais ses commencemens sont assez fascheux et scabreux, tesmoing ceste matinée, quand une grenade y a esté jettée par les assiegez, si à propos que deux ou trois hommes y ont perdu la vie, et le reste y a receu des blessures fascheuses et bien hideuses à veoir. L'enseigne du comte de WitgensteinGa naar voetnoot2) y est mort, aussi un des entrepreneurs de la galerie aveq quelques soldats. Le coronel Ferens cadetGa naar voetnoot3), ne s'y trouvant que par curiosité et hors du jour de sa garde, y en a aussi quelque balaffre au visage, mais de peu d'importance, comme aussi le vieil Mimet d'OrangeGa naar voetnoot4). Mais l'ingenieur BelkumGa naar voetnoot5) est en danger de ne recouvrer pas le parfaict usage de ses deux yeulx, et d'autres en ont rapporté des testes contusées, et enflées au double du naturel. Encor ceste grenade n'a esté que de 24 livres, et les moindres dont nous les payons sont de 80. - Un soldat sorti à ce matin de la ville tesmoigne avoir veu qu'un de nos coups de canon y en a emporté six hommes à la fois; d'ailleurs que la fatigue du pauvre soldat y est incroyable, voire des pauvres païsans, dont quelques uns avoyent encor ceste nuict travaillé aveq luy à escarper le pied du rempart au dehors, pour nous le rendre de difficile montée, quand nous y arriverions. Il tesmoigne de plus que les assiegez y travaillent à deux diverses coupures en divers bas- | |
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tions, de sorte qu'ils se monstrent resolus à soustenir toute l'extremité. Il fault veoir. Nous en avons souvent rencontré d'autres tout aussi fiers, qui ne s'en sont pas reposez en telles retraictes, mais ont fort bien travaillé sur la premiere bresche. Au camp devant Hulst, le 30 Octob. 1645. |
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