Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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3981. Aan Frederik HendrikGa naar voetnoot1). (K.A.)Je suis adverti de la Haye, que l'infirmité de mon collegue JuniusGa naar voetnoot2) s'empire de la sorte, que les medecins ne luy donnent que peu de temps à vivre. Il n'y a d'ailleurs point de doubte qu'il n'y ayt des gens qui le veillent soigneusement, en intention de venir demander sa charge de secretaire, quand Dieu l'en pourra avoir retiré. Pour prevenir en temps les importunitez que V.A. en recevroit, mesme de tels qui pourroyent s'estudier à preoccuper la bonté de vostre Alt.e avant le cas escheu, j'ose la supplier en toute humilité, de me faire entendre de sa grace, si elle ne voudroit aggreer, qu'aux occasions de tels discours, je fisse cognoistre au monde l'esperance que j'ay, en cas que je survive à mondit collegue, de me veoir seul continué dans l'honneur de cest employ. J'advouë veritablement, Monseigneur, que ceste esperance me flatte depuis quelques années en cà, qui peut estre auront faict veoir à V.A. dans le peu de function que Junius a faict, et dans l'assiduité que j'ay apportée à ne veoir V.A. desservie à son default, que ceste presumption ne m'esleve point au dessus de ce que je puisse estre capable d'executer. - Il y a huict ans que je manie seul les depesches de la milice, qui autrefois ont occupé un homme entierGa naar voetnoot3), outre ce qui est de toutes autres expeditions, qui en ont peu fatiguer deux. Et tant s'en fault que V.A. ayt voulu m'en juger surchargé, qu'il luy a pleu me faire l'honneur d'y adjouster de ses plus grandes affaires domestiques et dont le soing proprement regardoit son greffier, comme est entre autre tout le traicté du mariage d'Angleterre, qui a devoré une si extreme quantité de grandes et difficiles expeditions. Dieu m'a faict la grace, Monseigneur, de m'acquitter de tout ce travail en sorte, que V.A. de sa grande bonté, n'a jamais voulu faire paroistre de s'en tenir mal satisfaicte, et j'ay tousjours opposé cest honneur aux avantages que beaucoup d'autres ont tiré de ceste negociation et de son succes, à l'exclusion de moy seul, qui seul en ay soustenu toute la peine. Je retourne donq à supplier tres-humblement V.A. de ne trouver par trop insolente la pretension que j'ose luy avancer, de n'avoir autre successeur à mon collegue que moy mesme, c'est à dire, de pouvoir continuer à faire ce que je fay il y a si longtemps. Et que par la mention que j'en feray discretement je puisse divertir avant main ceux qui en pourroyent avoir d'autres pensées. Je voy que d'ordinaire c'est le fruict et la recompense des longs services que l'honneur des charges reparties entre plusieurs officiers revienne au dernier survivant. De quatre secretaires qu'avoit laissé feu Monseign.r le Prince, pere de V.A., Monseign.r le Prince Maurice s'est reposé au seul S.r MelanderGa naar voetnoot4). De quatre qu'il y en avoit au Conseil d'Estat la function demeura, sans plus de collegues, à feu mon pere, qui survescut aux trois autres. Et V.A. s'est | |
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contentée d'un maistre d'hostel et d'un escuyer, restez l'un et l'autre apres leurs compagnons en vie et seuls en la function. Une difficulté, que je sache, semble estre de quelque consideration, à l'encontre de ce que dessus. C'est que, ceste charge requerant une assiduité perpetuelle, un homme seul venant à manquer, par indisposition ou absence necessaire, le service de l'Estat et de V.A. en demeureroyent interessez. J'ay pensé là dessus, Monseigneur, et m'asseure que V.A. ne le jugera hors de propos que, comme le greffier Musch, le secretaire du Conseil d'Estat et toutes autres sortes d'officiers en chef ont accoustumé d'estre soulagez d'un substitut, la mesme grace me pourroit estre accordée. Et V.A. venant à m'en gratifier, je luy nommeroy personne de telle capacité que j'entretiendray à ma charge, et sans qu'il en coustast un sol à V.A., que, le cas escheant, elle ne me trouveroit aucunement à direGa naar voetnoot1). Ainsi, Monseigneur, V.A. demeureroit servie d'un train esgal et sans interruption, et ayant seul à respondre de l'administration de ceste secretairie, j'auroy moyen de luy en rendre tousjours un compte tres exact et punctuel. Au lieu que les associations, dont les envies et les emulations sont inseparables, ne sçauroyent produire que des desordres et confusions, à ce que l'experience de vingt années continuelles m'en a trop apprinsGa naar voetnoot2). V.A. autrefois m'a faict l'honneur d'astipuler à des honestes gens qui m'ont voulu tenir capable de plus haults employz, et peu souvent la fortune nous monte sur le premier degré que l'ambition ne nous donne envie du second et troisiesme. Mais si V.A. daigne me gratifier de ceste marque publique de sa bienvueillance, que je luy propose soubs son bon plaisir, et dont je tiendray l'ouverture pour non faicte, si elle luy desplaist, je lairray là toute autre imagination estrangere et m'estimeray obligé d'un nouveau lien au service de sa tres-illustre Maison pour le nombre de jours qui me reste, et apres moy les enfans que Dieu m'a donnez, et que par tous les soings qui me sont possibles je nourris à mesme dessein, et aveq des succes qui me font esperer qu'un jour ils se trouveront capables de faire cognoistre par leur obeïssance et fidelitéGa naar voetnoot3), qu'ils ne degenerent point de celuy qui ne veult cognoistre de plus haulte condition que d'estre reputé toute sa vie ..... Selzate, 17 Juin 45. |
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