Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3726. Aan H. de BeringhenGa naar voetnoot2). (K.A.)Vostre agenda a esté presenté sans compliment, en ayant moins besoin qu'aucun autre que j'aye encor veu venir de France; en suitte il a esté receu aveq l'applaudissement qu'il merite, et c'est maintenant que le tour du compliment est venu. Car j'en ay ordre. Mais je vous prie de me faire la charité, dont usa le Roy Henry 4e à l'endroit de mon maistre en son enfance, l'interrompant sur l'exorde d'une harangue estudiée six sepmaines à Paris, en luy demandant comment se portoit sa mere. Je vous en voy sur le point, et me semble que desjà vous estes content, que la harangue demeure deça l'eau, pourveu que je vous die, comment s'avance nostre siege. Fort bien, Sire, repartit nostre Prince, et ne fust, dit il, jamais si ayse. Grace à Dieu, je puis soudre de mesme toute la question par un fort bien, et comme il y a deux jours que nous travaillons aux galleries, qui vont descendre du chemin couvert dans le fossé, les bons gageurs commencent à prendre leurs mesures là dessus, car d'imaginer qu'apres ces bastions occupez, les assiegez ramassent encor leur vertu dans la citadelle, qui est le vray Sass, c'est à mon advis en avoir meilleure opinion qu'ils n'en ont merité jusques ores; ce lieu estant si estroict que quand deux mil hommes et ce qui en depend y sera entré, il y restera fort peu d'espace pour nos grenades, qui pourtant ont la mine d'y aller disputer le rang à D. Andres de Prada et à sa suitte. Cependant comme nous luy distribuons du feu assez liberalement, il nous recompense largement en eau, nous en envoyant par une infinité d'ouvertures de digues, à quoy se joignant les grosses pluyes qu'il a faict ces trois jours et faict encore, il y a tel endroict du Zass, que vous prendriez pour Venize ou pour Boisleduq en plein hiver. La mer est proche, et les grandes marées de la nouvelle et pleine lune y jouent leur jeu effroyablement. Nous voilà donq reduicts dans les approches à de merveilleux expediens de fascines, de banquettes de planches, de ponts et pontons, et je ne sçay quoy point. Si est ce que nous ferons trotter ceux qui pretendent nous faire nager, s'il plaist à Dieu, et ces grandes difficultez rendront le siege un peu plus long, mais beaucoup plus glorieux. - Apres la Sig.ita LeonoraGa naar voetnoot3), à qui je vous ay assez importuné de presenter mes respects, je vous supplie d'en offrir de bien plus humbles de ma part à Monsieur le marquis de MortemarGa naar voetnoot4), qu'il y a fort longtemps que j'ay l'honneur de cognoistre et estimer. Bien souvent faisoit-il une partie de mes entretiens aveq le pauvre marquis de GesvreGa naar voetnoot5). J'ayme d'une passion naturelle les | |
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ames musicales et, n'en desplaise à ceux qui veulent sembler ne distinguer point le B mol du b quaré, je les tiens avantagées dans l'heritage de la nature d'une portion tres-excellente. Mais s'il plaist à ce seigneur, je veux sonder ses inclinations par quelque air italien que je vous envoyeray du nombre de mes favoris, au moins quand Mad.le OgleGa naar voetnoot1) prend la peine de les chanter aveq moy et soubs ma teorbe. Permettez moy de finir icy sur ceste bonne bouche, et de vous dire dans un compliment aussi estendu que le peut permettre ce papier, que je suis plus qu'homme du monde ..... Devant le Sass, le 30 Aoust 1644. A nous rendre maistres de quelques traverses dans ceste contrescarpe nous avons perdu bien d'honestes gens. M. d'Estrade y en a eu sa part, dans la perte de son cher beau frereGa naar voetnoot2), qu'il regrette tendrement; le jeusne CouvrelleGa naar voetnoot3) y a eu trois grands coups en un mesme bras, apres trois autres dont il n'estoit pas encor bien gueri. Il est brave garçon. |
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