Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3701. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot8). (H.A.)*Le passage qu'on a minuté tous ces jours du fossé de la contrescarpe, s'est heureusement effectué à ce matin. Dès la pointe du jour on a commencé | |
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à foudroyer les enemis de tant de pieces qu'on tenoit ajustées. Vers les six heures les deux ponts ont esté passez, proprement et sans confusion. Là dessus on a faict marcher quelques harquebusiers à rouët, apres quelques piques, puis des mousquets, etc., mais de toutes les piques pas une n'a esté baissée, les enemis par leur fuitte faisants plus de place qu'on n'en avoit osé pretendre. Et fault bien dire - apres le bel ordre qui a esté tenu à emporter ce passage de force, s'il en eust esté besoin - que ces assiegez sont gens rebutez, laschans le pied en ce seul lieu principal, où, si jamais, ils debvoyent livrer combat. Fort peu de gens ont donq esté tuez en ceste occasion, et n'y a eu que les coups de loin qui en ayent emporté quelques uns. De ce nombre a esté le Sieur Boetzelaer, frere de M. de LeewenGa naar voetnoot1), garçon brave et hardi au possible, qui apres avoir faict des merveilles entre les nageurs aveq M. d'EstradeGa naar voetnoot2), et encor avoir passé le mesme soir le fossé du fort S.t Estienne à la nage, encor icy a voulu estre des trois fins premiers. Ses camarades ont esté le plus jeusne des seigneurs de DonaGa naar voetnoot3), et le jeusne SaijerGa naar voetnoot4), gentilhomme de S.A., tous deux revenus aveq beaucoup d'honneur, et sans aucune incommodité. - Au passage du pont le capitaine des charpentiers frisons, homme de coeur, et qui a donné de grandes preuves devant Graveline, apres que tout son faict eust tres bien reüsci, a receu une mousquettade, qui luy a rompu la main droicte, et ce à costé de S. Alt.e, où encor un brave sergeant anglois a esté tué. Monsieur de Dona, capitaine des gardes de cavallerieGa naar voetnoot5), a eu un leger coup d'honneur d'une bale, qui s'estant venu briser sur des paniers où il regardoit en bonne compagnie, des petits morceaux luy en ont faict quelques esgratignures au visage. - Apres l'action toute faicte le fils du grand Mons.r HerpertGa naar voetnoot6) de Ter Goude, deputé des Estats, estant soldat des gardes, a receu un coup de mousquet au travers du col, qui luy en a cassé quelques vertebres et une espaule, dont apparemment il aura de la peine à reschapper. - Voyci quelques particularitez sanglantes, mais peu, graces à Dieu, et bien loing du nombre des pertes de Graveline, où on a esté content d'achepter des passages comme cela pour des 500, 1000, voire pour 2000 hommes, au dire des desinteressez. Et est ce bien icy un coup où de plus jeusnes generaulx doibvent apprendre qu'ils n'entendent pas si bien le mestier que cestuy-cy, à qui, graces à Dieu, nous voyons toute la santé restituée en son entier depuis la derniere atteinte de son mal. - En France le bruict a courru, aveq beaucoup de circonstance, de ce que D. FranciscoGa naar voetnoot7) avoit forcé nos lignes et secourru le Zass. Et la verité contraire n'y a voulu estre receuë, que comme JonvillierGa naar voetnoot8) l'y est venu maintenir. - Le bonhomme DouchantGa naar voetnoot9) arriva icy hier, gay et gagliard autant que jamais. - Apres que nos gens, sortis des forts, ont esté revenus, D. Fran- | |
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cisco envoye la liste de leurs rançons et despens, persistant à pretendre qu'ils les payent, et croyant avoir faict grande civilité de leur avoir faict rendre une partie de leurs armes. Cependant les officiers soustienent et jurent ne s'estre jamais rendus prisonniers, mais capitulans en forme. Pour sortir de la dispute S.A. par une derniere lettre vient de s'en rapporter à la declaration que ledit Don Francisco en voudra faire luy mesme, comme general, n'y ayant autre remede, en ces contradictions d'enemi à enemi. Au camp devant le Sass, le 22e d'Aoust 1644. |
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