Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3691. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Nos enemis retirez ne s'en sont pas allez si loin qu'on avoit creu et souhaitté. Au contraire, ils ont un peu reculé pour un peu mieux sauter. Voyans premierement ne pouvoir rien entreprendre icy que de nous canonner inutilement, et d'ailleurs apprenans la nouvelle des François, ils ont envoyé vers là deux regimens des trouppes de M. de Lorraine, aveq toute sa cavallerie qui sont bien 70 compagnies, et aveq le reste D. Francisco de Mello demeure icy aveq le comte d'IJsembourgGa naar voetnoot5) aupres de Roijenhuijse, où faisans un fort d'importance ils pretendent entamer leur nouveau canal, qui, comme j'ay dit par le passé, s'ira joindre vers le fort de S.t Marq, Moncado, et S.t Joseph, là où leur intention seroit de faire le nouveau Sass, et ainsi ne nous laisser que peu de terre occupé aveq cestuyci. Nous y avons trompettes et tambours, qui dans demain nous en pourront porter plus de circonstance. | |
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Aux approches tout va bien. Depuis que les assiegez sont pardelà leur premier fossé ils s'amusent à travailler dans le glacis de leur propre contrescarpe, remuants de la terre, qui, quand nous serons là, nous viendra fort à point, et à cela paroist, ce qu'on nous a rapporté, qu'ils n'ont point d'ingenieur là dedans, car veritablement leurs defenses se conduisent assez imprudemment. Il ne laisse pas d'y avoir de braves gens, mais le courage y va par dessus le sçavoir et l'experience. Aujourdhuy un cavalier espagnol nommé Estevan Montero d'Espinosa, autrefois gouverneur de Faulquemont, s'est adressé par lettres à M. le comte de SolmsGa naar voetnoot1), qu'il cognoit du voysinage de Maestricht, pour avoir permission de sortir, se disant malade, et fort incommodé d'une ruade de cheval - son tambour mesme dit que c'est une mousquettade - et que la faulte de chirurgiens le porte à ceste supplication. Mais S.A. tient ceste courtoisie en suspens jusques ores, voyant que tout le monde pretend d'en jouïr, là où nostre but doibt estre d'incommoder et presser les assiegez de tout ce qui est possible. Ainsi quatre ou cinq femmes bourgeoises sorties du bas fort du Sass, et demandans permission de passer, en ont esté refusées, nonobstant beaucoup de lamentation. - On peut conclurre qu'à la derniere prinse de leur traverse ils ont eu assez de monde noyé, parce que le lendemain, à une trefve, des officiers des enemis demanderent à Mons.r d'Estrade, s'il avoit bien trente prisonniers des leurs, là où de faict il n'en avoit que cinq ou six. - S.A. se porte de mieux en mieux, et de plus en plus aux dangers, à nostre grand regret. Au camp devant le Sass, le 15e d'Aoust 1644. |
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