Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3676. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Le S.r de MondevisGa naar voetnoot4) aura tesmoigné à V.A. comme la nuict d'hier, alarmée d'un faux rapport, s'est passée sans coup ferir, comme en effect les armées estant si proches, c'est chose bien difflcile, où on est tellement sur ses gardes, que l'une puisse rien entreprendre, sans que l'autre en ayt tout aussitost le vent, car d'ordinaire entre icy et là nous avons nombre de petites parties dehors, qui couchées dans les bois, en un moment peuvent advertir de ce qui se remue. Cependant l'advis des eschelles ne semble pas estre du tout illusoire, y ayant des personnes, qui disent en avoir veu faire dans Bruge, à monter deux ou trois hommes de front. Mais tout cela ne secourra pas le Sass. - L'enemi, semblant desesperer d'ailleurs de son dessein par les crequesGa naar voetnoot5) du Polder d'Austriche, a retiré en arriere tous ces petits bateaux, qu'il avoit amassez, mais comme ils ne laissent de demeurer ensemble aveq les masts abattus, dans des coings de crequesGa naar voetnoot5) à l'escart, on ne laisse pas aussi d'avoir l'oeil sur ce qu'ils pourroyent entreprendre ailleurs, comme à Ter Neuse ou Axele, qui vient d'estre pourveu aussi d'hommes et de bateaux. Enfin l'enemi enrage de nous bailler quelque soufflet de diversion, qui est la chose qu'en telles occasions nous devons le plus apprehender. - M. de Zuijlestein revint hier de son ambassade de GravelineGa naar voetnoot6), où il a esté receu et accueilli aveq beaucoup de demonstration de bonne volonté, et des asseurances fort expresses de ce qu'on fera l'impossible pour soulager et seconder ce dessein de S.A., de qui nommement Mons.r le duq d'Orleans parle aveq les respects incroyables, ses lettres mesmes se conformant toutes au mesme stile. Nos approches s'avancent tousjours heureusement, et sans perte de guere de gens. M. HerbertGa naar voetnoot7) en est sorti à ce soir, et luy a succedé M. de GleserGa naar voetnoot8) aveq partie des gardes et autres trouppes, comme ou a accoustumé de les mesler icy, où il n'y a encor que ceste seule attaque. - Les enemis d'au dehors ont eslevé une baterie, dont ils s'amusent à canonner les quartiers de M. de Brederode et de M. le comte Guillaume, mais à peu d'effect, tout le monde y pourvoyant aveq des traverses. On leur en rend aussi parfois la pareille. Mais ce sont petits esbats, qui font peu à la chose principale. - De ces trouppes de Lorraine il vient tous les jours du monde se rendre, comme aussi beaucoup de Portugaiz. On les traicte bien et les laisse-on partir vers où ils desirent. - | |
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Dans ce voisinage des gardes il arrive quelquefois quelque gagliardise d'escarmouche apres disner. Hier M. de FranckenburgGa naar voetnoot1) en voulut estre, et y receut un advertissement d'une mousquettade, mais qui ne luy a faict qu'un peu de contusion sur le corps. M. le comte Henry arriva hier, et aujourdhuy encor neuf de ses compagnies. Outre la querelle du Sass, nous en avons une bien aspre aveq Don Francisco de Mello, sur ce qu'ayans capitulé aveq nos gens, à sortir aveq armes et bagage hors des forts sur le canal qu'ils ont reprins, ils les ont despouïllez, desarmez et menez prisonniers à Gant. De quoy S.A. se formalise grandement, n'en ayant pas usé de mesme à l'endroict des leurs, et ceste guere se demeine par beaucoup de lettres de part et d'autre, dont je me passeroy volontiers. Au camp devant le Sass de Gant, le 11e d'Aoust 1644. |
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