Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3320. A. HumeGa naar voetnoot7). (L.B.)Si je vous eusse creu de ceste sorte de gens, qui mesurent l'estime de leurs amis aux ceremonies exterieures, je pouvois bien avoir employée quelque part du temps que j'ay passée a Buren oysivement, a vous entretenir des propos frivoles et vous dire par lettres, comme souvent de bouche, ce que vous peut de fort peu servir, que vostre merite et civilité m'ont rendu tout a fait vostre. Mais sachant bien que ma recognoissance envers vous se doit tesmoigner par actions reelles et que les paroles inutiles s'accordent aussi peu avecq vostre humeur que mon devoir, je n'ay pas jugé a propos de vous importuner des mes lettres, jousques a cest heure qu'il m'est arrivée une affaire que je croys meriter de vous estre communiquée, puisqu'il y va, a mon advis, du service de Son Altesse. Je croys que vous aurez sceu, qu'a l'establissement de la maison de la Princesse Royale Son Altesse avoit ordonné, que de la viande de la Prin- | |
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cesse seroit servie la table de la dame gouvernanteGa naar voetnoot1), a laquelle mangeroyent le surintendant, les cinq damoiselles, l'escuyer, le ministre et le maistre d'hotel; ce que s'est pratiqué pour quelque temps. Mais a la fin la gouvernante soubs pretext de sa grossesse a commencée a manger apart aveq son mary, choisissant ce qu'ils trouvoient bon de la viande et laissant le reste pour les autres, qui se resolurent d'endurer cela aveq patience, jousques a tant qu'elle seroit hors des couches. Tant que nous fusmes de retour a la Haye elle a commencée a faire de mesme comme du temps de sa grossesse, ayant ordonnée, qu'on servist la moitie de la viande pour elle et son mary en particulier, laissant le reste pour tous les autres, sur quoy ayant parlé a Madame la Princesse pour entendre sa volonté, elle m'a respondu, qu'elle ne trouva pas bon d'avoir deux tables, puisque Son Altesse n'avoit ordonné qu'une seule, et qu'elle ne croyoit point qu'il se devoit faire aucun changement sans ordre de Son Altesse. La dessus, aujourdhui quant elle a fait couvrir dans sa chambre pour elle et son mary, j'ay defendu a nostre valet de sale de couvrir l'autre table, et donné ordre qu'on portast toute la viande ensemble au lieu ou la gouvernante mangeoit, sur quoy j'ay eu grande dispute aveq Monsieur de Heenvliet, qui dist que plustost que de manger aveq nous il quittera la table absolument, et se nourira luy et sa famille a ses despenses. Je n'ay rien respondu a ce mespris, mais luy ay dict fort civilement, qu'il ne trouvast point mauvais, si je ne recognoissois que la seule authorité de Son Altesse a establir des ordres dans sa maison, et puis que je scavois bien que Monsieur de Heenvliet avoit fait tout son possible pour faire agreer a Son Altesse la separation qu'il desiroit, sans que Son Altesse ayt rien changé; par la je concluois que Son Altesse demeura dans sa premiere volonté, et pourtant que j'estois resolue de poursuivre le premier reglement, jousques a tant qu'il plairoit a Son Altesse d'en disposer autrement. Ceste response a grandement irrité contre moy le mari et la femme, et je croys fermement qu'ils ne manqueront pas de me rendre aupres de Son Altesse tous les mauvais offices qu'ils pourront, mais la sagesse et la justice de Son Altesse m'est si cognue, que je suis tres asseuré qu'il ne me scaura jamais mauvais gré d'avoir esté soigneux de faire exsequuter ce que j'ay creu estre de son service, et de sa volonté, a laquelle je me rendray obeissant en toutes choses. Et je vous supplie, Monsieur, d'informer Son Altesse de ce que je vous escris, et de me faire scavoir le plus promptement que se pourra, ce qu'il plaist a Son Altesse en cecy me commander. Au reste le temps s'approche que mon camerade Monsieur DrumondGa naar voetnoot2), selon la convention entre nous, doit revenir aupres de la Princesse, afin que j'ay a mon tour le contentement d'estre aupres de Son Altesse, ce que je desire infiniment, et vous supplie de me tant obliger que d'en faire souvenir Son Altesse, que mon camerade puisse estre renvoyée pour me relever. Et je croys qu'il sera assez disposé a se retirer dans l'affliction qu'il aura de la mort de sa tante la comtesse de RoxburghGa naar voetnoot3) que nous avons sceu par les dernieres lettres, | |
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aveq quelques autres accidents particuliers, que vous entendrez de quelque autre que de ..... De la Hay, ce 20 Juillet 1643. |
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