Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2784. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*La nuict d'hier ceux de Gennep nous donnerent plus qu'on n'avoit pensé leur demander. Ce furent deux ravelins à la fois, l'un et l'autre vendu par une mine et la perte de deux ou trois hommes. Entre là et leur rempart il y a un bon fossé, mais comblé d'un dam, qu'on appelle l'overval du Niers, qui presentement favorise nostre passage et, pourveu d'une blinde, peut faire l'effect d'une galerie. A ceste blinde on a faict travailler aujourdhuy vers le soir, soubs la faveur d'une infinité de canonades et mousquetades. Durant quoy de noz gens se sont avancez jusques dedans et dessoubs la pointe de leur rempart, et y jettans force grenades à main, ont donné l'apprehension aux enemiz, de ce qu'on les alloit attaquer d'assault. Par où ils ont remué le tambour à l'alarme, et à coups de pique, de pieres et grenades sans nombre, se sont defenduz, bien une demie heure apres qu'il n'y avoit plus personne; ce qu'ils ne pouvoyent bonnement sçavoir, tant les canonades les ont fouëttez de toutes parts, par des coups si justes, que deux heures durant qu'ils se sont trouvez si drù sur leurs postes, il ne se peut, qu'il n'y ayt eu grand carnage de gens. Un peu apres le plus chaud de la tirerie ils ont commencé à faire signe des chapeaux, comme voulans parler, et toute offense ayant cessé, sont paruz au haut de leurs parapets, d'où un officier ayant parlé aveq M. de BeverweertGa naar voetnoot6), envoyé au travers de la | |
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sappe par S.A. là present, il a demandé ce que nous voulions. Et M. de Beverweert respondant, que ce n'estoit pas nous, mais eux qui avoyent faict le premier signe de parler, cela fut un peu contesté, au moyen de quoy M. de Beverweert taschant d'accrocher un peu le discours, et demandant comment se portoit un certain capitaine de là dedans, cest officier, pressé par un autre qu'on entendit luy commander, ne dit que, fort bien, mais retirez vous; et tost apres la tirerie recommença de plus belle, si bien que M. de Beverweert eust assez de peine à se remettre en sauveté, deux de noz ouvriers ayants encor esté tuez aupres de luy en mesme temps, sans lesquels nous n'eussions perdu que trois hommes à ceste bonne action, outre quelques blessez et un sergeant des gardes entre autres, que nous avons tous ven faire un tres-honorable debvoir. Il est bien ayse à juger, que le pretexte de ce faux parler n'a esté prins par les enemiz que pour se pouvoir descouvrir à plein, et veoir ce que nous faisions au pied de leur ouvrage; mais on ne sçauroit aussi le prendre à moins qu'à un augure et preambule d'un serieux discours d'amitié qu'ils ont envie de nous tenir. Aussi la saison en approche, car il n'y a quasi plus que terre ferme entre eux et nous, tant de ce costé, que de celuy de M. le comte Guillaume, où la mine est desjà fort avancée dans leur corne. De sorte qu'on les juge aux abois, et prests à se rendre; ce que je confirmeray bien à V.A., quand le temps sera venu, mais ne pretendray jamais de luy en escrire la premiere nouvelle, puisque tant d'autres peuvent avoir l'honneur de la luy porter aussitost de bouche, qui ne m'est pas permis. - On escrit de Zelande, que l'enemy s'est encor de nouveau mis en posture d'attaquer le Cadsant, au moyen de vingt grandes chalouppes de soldats, qu'il avoit menées jusqu'à Reigersvliet, mais que, prevenu de l'alarme que luy en donnoyent noz gens, il s'est retiré, sans rien entreprendre. Au camp à Offelen, le 19e de Juïllet 1641. |
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