Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2710. A. Rivet. (L.B.)Si j'avoy' esté creu, il y a longtemps, Monseigneur nostre Prince orthografieroit comme moy, et je m'en suis asséz travaillé l'esprit. Mais on m'a caché ses lettres, lesquelles il a communiquées a des personnes qui croyent en sçavoir asséz sans moy. Je luy ai faict veoir ce que vous m'escrivéz de la part de son Altesse, et luy ai copié son errataGa naar voetnoot5), sur lequel il m'a dit qu'il pouroit bien refaire sa lettre, y adjoustant les autres mots pour liaison. Je l'ai prié, quand il escrira, s'il n'y a point de grand secret, qu'il me laisse passer les yeux sur son escrit, et que je l'advertiray des fautes d'orthographe, mais il m'a respondu qu'il ne se sçauroit s'assubjettir a copier une lettre, qu'il vouloit que la main suivist la promptitude de ses conceptions, et quoyque je luy aye repliqué que cela est bon pour ceux qui ont un style formé, a quoy il faut travailler devant que venir a cette confiance, je n'ay gagné autre chose, sinon qu'il m'a promis de prendre garde doresnavant a vostre catalogue. Seulement luy ai-je dit que, quand Dieu l'aura ramené, et qu'il aura plus de loisir, je | |
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le prieray de faire quelques lettres a plaisir, et me les communiquer, pour l'accoustumer a escrire plus correctement. Vous auréz appris au long le succés de son affaire, les solemnitéz, et les doux entretiens qu'il a reçeus de leurs Majestéz, au millieu des amertumes qu'elles goustent, et des justes perplexitéz esquelles elles se trouvent. Cela les devroit induire a nous renvoyer avec nostre conqueste, mais je crains qu'ilz en retiennent encore la possession, et en retardent la disposition, durant lequel retardement peuvent arriver de grands changemens. Les affaires sont en tel poinct, qu'il faut que le Roy ou le peuple cedent. Celuy ci seroit plus raisonnable, mais je ne sçay si l'autre seroit profitable. Ce prince a beaucoup de peine a se depestrer des conseilz de Rome, qu'il a tous les jours aux oreilles sous un autre nom, et la defiance s'accroissant dans le Parlement l'a jetté dans les extremitéz ou les choses sont aujourd'huy. Voila une association de toutes les deux chambres, resolue et publiée; une pretention de trahison descouverte pour faire venir l'armée par pieces, et se saisir de ce lieu et du Parlement. Une defense ensuite a tous les domestiques de toutes les courts de partir d'ici, une evasion des S.rs GermainGa naar voetnoot1), PercyGa naar voetnoot2), et autres, apres lesquelz on court, comme apres les auteurs de ce conseil, et leurs qualitéz vous peuvent faire juger, sur qui tout cela tombe. On ne doubte plus que le deputéGa naar voetnoot3) ne passe le pas, et en voudroit on estre quitte pour cette teste, et celle de l'archevesqueGa naar voetnoot4). Mais il y en a plusieurs autres, qui apprehendent la consequence. Je voudroy que nous fussions hors d'ici, où nous aurons d'oresnavant fort peu a gagner. Dieu veuille que nous ne perdions rien. Car pour ma bource qui m'a esté ostée en la foule du jour de la solemnité, c'est une petite perte, a laquelle j'en voudroy adjouster deux semblables, et que tout ce que nous avons de plus cher fust en son lieu. Si Dieu nous ottroye ce bien, comme je l'attens de sa grace, Monseig.r le Prince Guillaume laissera ici une approbation generale, et une odeur de laquelle la douceur sera de durée, comme j'espere. Je voudroy que tous nos jeunes gens, selon leurs qualitéz, se fussent aussi sagement comportéz. Pour les affaires de l'eglise, j'en attendroy beaucoup de bien, si les premieres estoient vuidées, et que les deux parties fussent capables de moderation. Les evesques ont tant de peur de tout perdre, qu'ilz en voudroient estre quittes pour la moitié; les autres leur veulent inequitare, et les reduire au simple ministere. Je veux croire neantmoins que la necessité les reduira a quelque accommodement moderé. J'ay veu plusieurs de ces prelats, qui m'ont aussi faict l'honneur, les uns de me prevenir, les autres de me rendre la visite. Je les trouve asséz humiliéz, et il[z] ne crient pas si fort: Grande est la Diane etc. Ilz confessent qu'il y a eu de la tyrannie, | |
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et maudissent le miserable Laud. Je me tiens le plus couvert que je puis, pour ne donner jalousie a personne. Mais hoc opus, hic labor est. Ilz ne sont pas de l'advis du S.r GodeauGa naar voetnoot1), car ilz font plus d'estat de mon ApologieGa naar voetnoot2) que je n'en eusse osé attendre, et me disent qu'elle est venuë de deça bien à propos, ou quelques uns se portoient a la gynaecocratie de Paradis. Si j'apprens quelque chose devant que clorre mes lettres, je l'adjousteray a son Altesse, a laquelle, selon vostre prudence, vous pourréz communiquer ce que vous jugeréz digne d'elle. Cependant je prieray Dieu pour sa parfaicte santé, et l'heureux succés de ses armes, comme aussi pour l'accroissement de ses benedictions sur vous et les vostres, et seray toute ma vie ..... De Londres, le 7/17 May 1641. |
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