Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2419. Frederik Lodewijk van Palts-LandsbergGa naar voetnoot4). (H.A.)Ces lignes ne sont que pour me ramantevoir dans la faveur de vostre souvenir et vous demander un million de pardons de ce que je n'ay eu ce bonheur de vous avoir peu dire adieu, devant mon petit voyage vers ces quartiers icy. Mon depart fut si soudain, et le capitaine du vaisseau me pressa en sorte que je n'eus le temps que de prendre mon congé de Monsieur mon oncle seulement. Sans cela je n'avois garde de commettre une telle faute, que de me mettre en chemin, sans vous premierement confirmer ce quy vous est et demeurera tres fidelement acquis. Si cette excuse ne se trouve legitime, je me rend moy mesme coulpable et me soubsmets a vostre jugement, Monsieur, quy est tousjours equitable. En cette confiance je prends l'hardiesse de vous oser supplier, scachant en quel credit et rang vous estes pres de Monsieur mon oncle, de me tant favoriser, que de me tenir tousjours present en son souvenir, surtout de luy remettre en memoire, s'il vous plaist, le passedroit qu'il m'a daigné d'accorder a mon depart; sçavoir au cas que je resignerois ma compagnie, qu'alors il la donneroit a mon lieutenant. En suitte de | |
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quoy je contractay avec luy, comme vous n'ignorez pas. Or ne pouvant, selon la condition en laquelle Dieu m'a fait naistre, estre sans mespris en ce pais la, si je retiens laditte compagnie, apres que le regiment m'a esté refusé et donné a un autre, Monsieur mon pere et Madame ma mereGa naar voetnoot1) - laquelle, Monsieur, vous salue icy tres-particulierement - m'ont commandé de faire par vous, si tel est vostre plaisir, resouvenir mondit Sieur Prince du passedroit susdit, et le supplier quand et quand - ainsi que j'ay fait par mes lettres presentement - d'avoir pour agreable que je luy remette maditte compagnie, en sorte toutefois, sous son bon plaisir et volonté, que je puisse tirer ce peu dont mondit lieutenant et moy sommes demeurez d'accord. Et jacoitGa naar voetnoot2) que je soye si malheureux de ne pouvoir avoir l'advancement que les miens y eussent entierement esperé, ayant eu recours a leur sang, cependant que nostre maison Palatine est battue, pour la cause de Dieu, des revers de la fortune, je ne céderay pas pour tout cela a quy que ce soit, en l'affection que je dois à un pais, dont feu Monsieur mon grandpereGa naar voetnoot3) a jetté les premiers fondements, afin que les desastréz s'y puissent mettre a l'abry des persecutions que Rome decoche ordinairement. Et quoyqu'on m'ait - sans vanter - offert ailleurs des conditions proportionnéez a ma naissance, si est ce que je serviray plustot en ce cher pais là en qualité d'un simple volontaire, que d'avoir un regiment, voire une plus grande charge ailleurs. Voila, Monsieur, mes desseins, affin que ne pensiez que je vous aye tout à fait dit adieu; non, non, j'y reviendray, s'il plaist a Dieu et a Monsieur mon oncle, mais je n'y ambitionne plus ny charges ny advancement. Ma plus grande ambition sera de les meriter plustot que de les posseder, car cecy depend de la faveur et fortune, et cela de la vertu seule. Vous vous estonnez peut estre, Monsieur, touchant le passedroit susdit, pourquoy je le mette en doubte, puisque Monsieur mon oncle me l'a une fois ottroyé. Mais je vous supplie de croire que je scais trop bien que ses paroles sont sacréz; affin que je ne parle de l'honneur que j'ay de luy estre ce que je suis, ou il accorde bien ses choses et semblables à tant d'autre; mon apprehension est seulement celle que, comme les morts et les absents sont en mesme paralelle, que les malveillants - les traits desquels j'ay assez senti present - ne nuisissent plustot a mon innocence, tandis que je suis absent. C'est ce quy me fait faire ces precautions, et vous dire librement - quoyqu'a l'insceu de Monseigneur mon pere et de Madame ma mere - que je retiendrois plustot laditte compagnie que de la voir tomber en d'autres mains qu'en celles de mon lieutenant. A quy, moyennant le bon plaisir et la faveur de Monsieur mon oncle, puisque je l'ay promis, je tiendray aussi ma parole. Soyez y donc, Monsieur, mon second, je vous en conjure, et croyez fermement que je ne me laisseray devancer a homme du monde en la qualité que je porte sans fard .... De Montfort, ce 24 Juin 1640. |
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