Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2289. Aan R. DescartesGa naar voetnoot4). (K.A.)Apres la remise de quelques jours, dont j'advoue que moy ou mes occupations sont coupables, j'ay envoyé querir StampioenGa naar voetnoot5), pour luy faire signer le compromisGa naar voetnoot6). Mais bien loin de là, il m'a dit qu'il contenoit des choses où il trouvoit à redire. De quoy m'estant formalizé, comme je ne debvois pas - car je confesse qu'un peu de cholere me le fit mener d'un air qui n'est pas de ma coustume - j'ay refusé de lire seulement ce qu'il dit avoir conceu, pour y adjouster sur les formes de l'arbitrage, et en somme luy ay promis de ne me mesler plus de son affaire, le voyant chicaneur impertinent et injuste, qui venoit se retracter quinze jours apres la ratification d'un acte qui se pouvoit concerter entre gens d'honneur en une heure, et sur la deliberation duquel il n'avoit esté pressé ni precipité. Confus de ceste honte, il s'est rendu à Leiden des le lendemain, ou ayant entretenu M. Golius sur lesdites formes d'arbitres, il m'est venu redire qu'il ne faisoit plus difficulté de signer le compromis, mais qu'enfin nous disposions des juges plus avant qu'ils ne se trouveroyent contents de s'entremettre en l'affaire. C'est ce qu'il m'a voulu specifier en beaucoup de circonstance[s], mais j'ay persisté en ce qu'il me semble que la cholere ne m'a pas faict resoudre mal à propos, et par conclusion l'ay envoyé vers sa partie, ou au moins encore vers Leiden, pour y accorder et arrester de bouche ce dont je voyois bien qu'on ne viendroit point à bout aveq luy par escrit. Pour moy, que depuis la frasque qu'il m'avoit faicte, je me tenois aussy destaché de luy que j'en estoy desgousté, etc. Vous voyez, Monsieur, où nous en sommes, et s'il vous plaist d'entendre mon advis dessus, je vous rediray qu'asseurement il sera necessaire que les parties, ou bien leurs amiz autorisez, s'entendent de bouche sur ces formes; en quoy, comme par les discours que St[ampioen] dit que Golius luy auroit tenuz, j'apperçois qu'apres beaucoup d'allées et venues on pourroit avoir compté sans l'hoste. J'estime que ceste concertation se pourroit faire en presence, ou aveq communication de Golius, et mesme de SchootenGa naar voetnoot7), le reste n'ayant à faire gueres de difficulté de | |
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se conformer à leurs sentiments. C'en sont, tant y a, les miens. Je les soubsmets aux vostres, et pour le reste, quelque renonciation que j'ay faicte à St[ampioen], si vous continuez à me recognoistre capable de vous servir en ceste brouïllerie, je vous prie de croire que quod dictum indictum erit, et que je suis tres-content de vous y tesmoigner, comme en tout autre chose plus digne de vous, que je suis sans reserve ..... A la Haye, ce 28e de Decembre 1639, au bout duquel Dieu vous donne l'entrée d'une annee tres heureuse. Monsieur, je me trouve extremement edifié de l'approbation que vous donnez à mes defences contre M. de SaumaiseGa naar voetnoot1), faisant le mesme fondement sur vostre probité que sur vostre jugement, apres lequel, et celuy de Mad.e conscience, je n'en considere point d'autres. Je vous renvoye sa lettre, où il continue de poser, contre la verité, que j'auroy prins parti. Mais le desplaisir que j'ay de ce costé la s'adoucit tout a faict par l'ingenuité de sa confession en vostre endroit, lorsque, submittendo fasces tibi, comme il debvoit, il advoue combien il y a à dire entre vostre philosophie et sa literature. Il est grand personage en son mestier, et pour tel je le reputeray tousjours; mais depuis ceste modestie si franche, je m'estime obligé de l'honorer encor plus que je n'ay tousjours faict. |
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