Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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2100. Aan R. DescartesGa naar voetnoot1). (K.A.)Je vous ay promis par ma derniereGa naar voetnoot2) de ne vous importuner plus sur le subject de vostre Monde, mais, comme je suis rarement sans y penser, un argument nouveau m'a faict veoir que je ne vous ay encor entretenu que du penultiesme. C'est [qu'] asseurement vous mourrez quelque jour, car, comme il a esté repliqué plaisamment par un Hollandois à un autre, ceste fascheuse coustume de mourir prendra fin un jour, maer gy noch ick en sullent niet beleven. Enfin vous mourrez, et apres ceste mort ce monde verra le Monde. Je souhaitte que ce soit d'icy à longues aunées; mais posons que ce fust demain; combien d'objections pensez vous que nostre envie ou nostre ignorance y fasse faire apresdemain? Quis non insultabit mortuo leoniGa naar voetnoot3)? Et si vous voulez de la S.te Escriture, si haec in viridi, quid in siccoGa naar voetnoot4)? Mais pour venir à mon argument, qui soudra les doubtes des bons et les sophismes des malicieux? Avez vous soin d'une des branches, et abandonnez vous l'arbre? Allez vous proteger voz pieces imprimées par des solutions publiques, et lairrez vous le chef d'oeuvre orphelin? Et quant à ce qui nous regarde, mettez vous peine à nous faire entendre la lumiere et les meteores, et souffrirez vous que, sans vous, nous aillons tastonnans dans vostre Monde, jusques à nous y fourvoyer, et enfin vous imputer trente opinions auxquelles vous n'aurez jamais songé? En un mot, voulez-vous que vostre Monde soit inutile au monde et prejudiciable à son auteur? Rendez moy raison, s'il vous plaist, de ceste, je ne sçay quelle resolution, car il me semble n'avoir rien dit hors de propos, ou bien, si vous n'estes de loisir, laissez moy causer, et vous taisez. Car dès à cett' heure je sçay que je ne seray pas exaucé, et si vous asseure que, quand ce ne seroit que pour la faveur que vous m'octrovez de vous entretenir de loin ou de près, quand il m'en prend fantaisie, comme il a faict presentement emmy Ie tintamarre de ces armées, je ne cesseray jamais d'estre, que je ne cesse d'estre ..... Au fort de Nassau, dans l'isle de Voorn, rendévous de l'armée, 28e de May 1639. |
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